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Littérature

Heureux qui comme Alain Mabanckou...

par  RFI

Article publié le 08/01/2009 Dernière mise à jour le 09/01/2009 à 10:07 TU

Alain Mabanckou© Hermance Triay

Alain Mabanckou
© Hermance Triay

Révélé par le succès populaire de son roman Verre cassé (Seuil, 2005), Alain Mabanckou s’est imposé comme l’un des écrivains africains majeurs de sa génération. Il a obtenu le Prix Renaudot pour Mémoires de porc-épic (Seuil, 2006). Après un essai consacré à James Baldwin (Lettre à Jimmy, Fayard 2007), Alain Mabanckou revient sur le devant de la scène littéraire avec un nouveau roman intitulé Black Bazar. Portrait d’un écrivain qui s’attache à dire à travers sa fiction le réel et ses exubérances.

Alain Mabanckou est un écrivain heureux. Heureux par tempérament, mais aussi à cause du succès grandissant que rencontre son oeuvre. En l’espace d’une quinzaine d’années, cet auteur franco-congolais, qui est entré en littérature par la poésie avant de passer à la fiction, s’est imposé comme l’une des voix importantes de la littérature africaine moderne. Ses talents de conteur, sa verve endiablée, ses récits où le burlesque alterne avec le pathétique et le politique avec le populaire, ont fait de lui un écrivain emblématique de sa génération.

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Les jurys littéraires ne s’y sont pas trompés et ont couronné les ouvrages de cet auteur quarantenaire de quelques-uns des prix les plus prestigieux du monde des lettres : Renaudot, prix Aliénor d’Aquitaine, prix des Cinq Continents de la Francophonie, prix Ouest-France/Etonnants Voyageurs, Grand prix littéraire de l’Afrique noire, prix Jean-Christophe de la Société des poètes français. Et chose assez exceptionnelle pour la littérature africaine, le public a été au rendez-vous, surtout pour ses derniers romans (Verre cassé et Mémoires de porc-épic) qui se sont vendus à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires. On peut imaginer que son nouveau roman Black Bazar, qui paraît ces jours-ci, connaîtra une fortune similaire. D’autant que cette chronique, haute en couleurs des jours et des nuits d’un dandy africain dans le Paris contemporain s’inscrit dans la veine parodico-subversive qui est devenue la marque de fabrique de Mabanckou.

Mi-autobiographique, mi-fictionnel, Black Bazar brasse les thèmes chers à son auteur : condition de l’homme noir en Europe, aliénation, multiculturalisme, sexualité, rapports entre l’art et le réel. Ces motifs sont illustrés par une galerie de personnages, les uns plus pittoresques que les autres: des voisins caustiques, des épiciers au coeur généreux, des habitués des bars et des cafés de la ville-lumière que le narrateur-protagoniste, délaissé par sa femme, écume avec assiduité. Ils sont Ivoiriens, Camerounais, Tchadiens, Congolais, Haïtiens, Antillais ou Nigérians. Ils existent réellement, car comme Mabanckou n’a cessé de le rappeler, il puise ses personnages dans le vif du réel. « Je n’invente rien. Je m’empare de la vie pour en faire de la fiction », aime-t-il le répéter.

Alain Mabanckou© Hermance Triay

Alain Mabanckou
© Hermance Triay

La vie des autres, mais aussi de la sienne propre. Exilé à Paris depuis quinze ans, le narrateur-personnage de Black Bazar se souvient des dernières paroles de sa mère, restée au pays : « Va en France, travaille et envoie-moi un peu d’argent pour que je loue un grand étal au marché Tié-Tié. Et puis, donne-moi un petit-fils ou une petite-fille avant que je quitte pour toujours cette terre... ». Alain Mabanckou, qui a quitté son Congo natal à l’âge de 23 ans, n’a, lui non plus, jamais oublié sa mère. Petite commerçante, analphabète, celle-ci nourrissait de grandes ambitions pour son fils unique qu’elle espérait voir un jour officier dans les tribunaux comme magistrat ou avocat. Elle vivait à Pointe-Noire. Elle est venue à Brazzaville lorsque son fils a obtenu une bourse en 1989 pour aller poursuivre ses études de Droit en France. « Comme elle n’a pas voulu m’accompagner jusqu’à l’aéroport, nous nous sommes dit au revoir dans un petit bar du quartier Poto Poto. Elle est partie, puis je suis parti à mon tour. C’est ma dernière image », se souvient l’écrivain. Pauline Kengué à qui Mabanckou a dédié son nouveau roman, comme d’ailleurs la plupart de ses ouvrages, est décédée en 1995 sans que son fils puisse la revoir.

Si sa mère a beaucoup compté pour l’auteur de Verre cassé, c’est à son père que ce dernier doit ses premières émotions littéraires. Réceptionniste dans un hôtel français, celui-ci ramenait à la maison les livres laissés par les coopérants français. C’est en lisant les Guy des Cars et les San-Antonio que le jeune Mabanckou s’est initié à la littérature. La véritable initiation se fera toutefois au contact des poètes, les Lamartine, Hugo dont le futur auteur appréciait les envolées mélancoliques et le romantisme. C’est sans doute parce qu’à l’âge de 15 ans il s’était identifié au poète des Contemplations, pleurant la mort de sa fille, qu’il choisira d’abord la poésie pour donner libre cours à son imagination. 

Entre 1993 et 2004, Alain Mabanckou publia six recueils de poésies, tout en s’attaquant à la fiction. Ses premiers romans - Bleu-Blanc-Rouge (Présence Africaine, 1998), Et Dieu seul sait comment je dors (Présence Africaine, 2001), Les Petits-fils nègres de Vercingétorix (Le Serpent à Plumes, 2002) et African psycho (Le Serpent à Plumes, 2003) - connaissent un succès d’estime, mais c’est avec son cinquième roman Verre cassé (Seuil, 2005) qu’il s’est vraiment imposé aux yeux du grand public. « J’ai très vite vu ce qui ne tournait pas rond dans ce que j’écrivais. Mes premiers romans étaient trop académiques, beaucoup trop respectueux de l’ordre formel de la langue : sujet, verbe, complément. Verre cassé est mon premier roman où j’ai pu réellement m’émanciper de la dictature de l’écriture classique. J’avais enfin compris que le véritable écrivain ne se laisse pas dominer par les règles. Au contraire, c’est lui qui impose à la langue ses règles ».

Alain Mabanckou est un écrivain heureux car il a trouvé sa voix. Une voix libérée des diktats de la langue académique, et riche des échos de l’Afrique dont l’écrivain est originaire, mais aussi de l’Amérique où il vit et enseigne depuis 2003.

Black Bazar est publié aux éditions du Seuil.

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