En Hausse

Le musée de Roubaix plébiscité

par Marie Grézard

Article publié le 10/06/2008 Dernière mise à jour le 18/07/2008 à 14:17 TU

Piscine de Roubaix (Arch.Albert Baer, 1927-1932), ancien bassin.
(Photo : Musée d'art et d'industrie de Roubaix)

Le Journal des Arts vient de publier son désormais classique palmarès des musées de France. Parmi les 400 établissements passés au crible, ce monument art déco dédié aux arts appliqués se distingue en devenant cette année le meilleur musée de province. Le couronnement d'une belle histoire d'amour entre roubaisiens et culture.

C’est un impeccable parcours, un sans faute sur toute la ligne. Depuis son ouverture en 2001, le Musée Piscine de Roubaix n’a cessé d’étonner ses visiteurs, de les séduire, de les  faire rêver, au gré de sa collection permanente d’arts appliqués et de ses nombreuses expositions temporaires consacrées notamment à la mode et au design. C’est ce dynamisme vivifiant que le Journal des Arts consacre aujourd’hui dans son exhaustif palmarès des musées 2008  publié vendredi 6 juin. Le somptueux établissement de bains Art déco, remanié avec respect par l’architecte Jean-Paul Philippon arrive désormais en tête du classement des musées de province et se hisse à la 5^ème place des musées de France, derrière des institutions comme le Louvre, Orsay, le centre Georges Pompidou et le musée des arts asiatiques Guimet. Grignotant encore 5 places par rapport au précédent classement, il vole donc la vedette au nouveau musée des Arts premiers, quai Branly, à Paris ou à une autre institution des arts appliqués, le musée des Arts Décoratifs, situé dans une aile du Louvre.

Un ferment culturel et économique local

Ce palmarès, l’on s’en doute, ne repose pas sur le fondement des seules collections permanentes de quelques 400 établissements –du reste, celle du musée de Roubaix ne cherche pas à faire émerger particulièrement des vedettes, hormis  deux sculptures de Camille Claudel, "la petite châtelaine" et le "torse de femme accroupie" récemment acquises.  Sur ce terrain, les grandes institutions seraient évidemment imbattables et un classement annuel n’aurait donc strictement aucun sens. Il s’appuie sur un questionnaire complet renseigné par les musées eux-mêmes. 4 pages énumérant 69 critères classés en trois rubriques : l’accueil, la conservation et l’intérêt. C’est dans ce dernier volet que les musées peuvent mettre en avant leur politique tout au long de l’année : conférences, ateliers, expositions temporaires, flux des visiteurs…autant de paramètres permettant de mesurer le dynamisme muséographique et son rayonnement culturel. A cet égard, le musée –piscine de Roubaix est exemplaire puisqu’il a enregistré l’an dernier plus de 36 % de visiteurs supplémentaires par rapport à 2006 et qu'il bénéficie d'un excellent ancrage local. Plus de 60 % de ses visiteurs sont des gens de la région. Déjà fiers de leur piscine quand elle délassait les corps dans un hygiénisme de bon ton,  les roubaisiens vouent une véritable affection à « leur » musée : avec un personnel recruté en majorité sur les ruines de l’industrie textile, ce lieu de vie et d'échanges a été conçu dans un esprit d’ouverture pour accueillir le plus grand nombre, quel que soit le niveau d’instruction de chacun et son âge, grâce, aussi, à des animations en direction des plus jeunes. C'est aussi dans cet esprit que l'Association des Amis du musée, forte de 1200 membres (c'est la plus importante société de ce type en région Nord-Pas-de-Calais) organise des visites guidées à l'intention d'associations d'insertion, de centres sociaux ou de comités de quartiers. Enfin, la scénographie fluide et poétique participe grandement au succès de ce musée : l'univers sonore restitue  l’ambiance d’une piscine où les bruits de l’eau le disputent aux rires des baigneurs et il conduit doucement le visiteur, euphorique, vers les plaisirs de l’art. Un pari gagné avec brio.

Des expositions temporaires très courues

Entre 2007 et le début de l'année 2008, l'exposition des céramiques de Chagall a réuni plus de 80 000 visiteurs, un record. Dans la même lignée très qualitative, un partenariat avec le musée d'Orsay a débouché sur une autre thématique, le Zoo d'Orsay, un bestiaire merveilleux dont les créateurs s'appellent Bonnard, Delacroix, Lalique, Manet, Barye ou Pompon. Cette exposition pouvait d'ailleurs donner aux visiteurs un avant-goût de ce que sera le futur département d'art animalier du musée parisien dont l'aménagement devrait être finalisé à la fin de ce mois.  En parallèle, des bijoux signés Picasso, César, Rauschenberg ou Calder dépassaient de loin le cadre de la frivolité pour atteindre le rang de déroutantes et précieuses sculptures "à porter". A partir du mois de juin, les expositions reprennent leur rythme avec, à partir du 21 juin et ce, jusqu'au 20 septembre, un bel hommage à Carlo Sarrabezolles, sculpteur à qui l'on doit des ornements du palais de Chaillot ou du beffroi de l'hôtel de Ville de Lille. Ses oeuvres complètent ici son fameux "Génie de la mer", conçu pour orner le pont arrière du paquebot Normandie et qui a naturellement trouvé sa place depuis 2001 dans le bassin de la piscine. En parallèle, une autre exposition porte aussi à la connaissance du public l'oeuvre du New-Yorkais Jedd Novak et inaugure par la même occasion la volonté du musée d'ouvrir son espace à la sculpture contemporaine.

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