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Kitsch

Les terres cuites de l’Isle-Adam

par Danielle Birck

Article publié le 07/08/2008 Dernière mise à jour le 19/08/2008 à 15:39 TU

"Du pain… maman !…"© Henri Delage/ Collection particulière.

"Du pain… maman !…"
© Henri Delage/ Collection particulière.

« Mon paradis terrestre » c’est ainsi que dans une lettre à sa sœur Balzac évoquait l’Isle-Adam, une bourgade blottie entre l’Oise et la forêt qui l’inspirera pour quelques décors dans ses romans. A la même époque la ville commençait à devenir un centre important de production de céramiques qui connaîtra son apogée à la charnière des XIXe et XXe siècles avant de disparaître complètement sous les bombardements de la seconde guerre mondiale. Un patrimoine qu’une exposition au musée d’art et d’histoire Louis Senlecq de l’Isle-Adam permet de redécouvrir jusqu’au 21 septembre 2008, au travers de l’œuvre de Le Guluche, un des artistes emblématiques de ces créations en terre cuite.

« Son nom est ridicule, son talent ne l’est pas » ! En commençant la visite, Thierry Dufresne, le conservateur du Musée d’art et d’histoire Louis Senlecq prévient les sourires qui s’ébauchent au seul énoncé du nom de l’artiste que l’exposition invite à découvrir : Joseph Le Guluche, né en 1849 et mort en 1915. En fait plus que l’artiste, c’est tout l’univers de la sculpture d’édition à la fin du XIXe siècle qui s’offre au visiteur.

Il s'agit d'oeuvres produites en série à partir d’une matrice réalisée par un artiste : « La terre  était estampée, coulée à l’intérieur des moules et une fois assemblée, chaque pièce était systématiquement retouchée et peinte de façon différente, explique Anne-Laure Sol, commissaire scientifique de l’exposition. Ce qui fait que ces pièces produites en petites séries sont toutes différentes : une personne qui achetait une terre cuite de l’Isle-Adam ou de Villenauxe pouvait légitimement avoir le sentiment d’acheter une œuvre d’art… et tout était fait, d’ailleurs, pour que la clientèle ait ce sentiment là ». L’originalité, par le biais des détails qui font la différence, constituait un argument de vente auprès d’une clientèle populaire qui n’avait pas les moyens de s’acheter des œuvres en marbre ou en bronze, à l’instar des aristocrates et bourgeois. De plus, le même sujet étant souvent décliné en plusieurs tailles, l’acheteur pouvait moduler son achat en fonction de ses moyens.  

Marketing

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

 "Entre 1890 et 1925, à l’Isle-Adam et à Villenauxe-la-Grande, dans l’Aube, précise Anne-laure Sol, deux manufactures de terres cuites décoratives ont prospéré et fait vivre des dizaines, voire des centaines, d’ouvriers pendant les années les plus florissantes », c'est-à-dire entre 1890 et 1908. Des années qui correspondent à la mise en place d’une véritable  stratégie commerciale, avec notamment l’édition de catalogues et de cartes postales  – du marketing avant l’heure - par un entrepreneur ambitieux, Alphonse Hanne. Lequel fait beaucoup travailler Le Guluche. « Un binôme où le premier fera fortune avec les créations du second qui inonderont pendant 15 ans le marché », souligne Anne-Laure Sol. On s’en doute : « Le Guluche, ‘l’ouvrier’, lui ne fera pas fortune »…

« Oui tout cela était vendu, renchérit Thierry Dufresne, le conservateur du musée,dans toutes les boutiques de souvenirs du littoral français, de la mer du Nord jusqu’à Hendaye et sur tout le littoral méditerranéen. Non pas bien sûr à la population locale mais à ces touristes qui ont fait leur apparition à partir des années 1870/1880 et, dans le sillage de l’impératrice Eugénie, commencent à redécouvrir la mer, pas seulement comme un lieu où l’on pêche et où meurt, mais où l'on peut aussi se délasser. Ces sujets, comme ceux des paysans, sont vendus aussi dans tous les bazars de France. On pouvait acheter une casserole en étain  ou en cuivre, à côté d’un sujet paysan ou marin »…  

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

Une vision édulcorée

Des paysans et des pêcheurs idéalisés, qu’on ne représente pas dans la pénibilité de leur travail et les difficultés de leur condition. La vie rurale est magnifiée et les scènes de naufrage, sont là plus pour souligner le combat inégal de l’homme face aux forces de la nature  - sans négliger les ressources d’intensité dramatique que le sujet fournit à l’artiste -  que la dure condition des pêcheurs.  « C’est une vision édulcorée de la France, il n’y a pas de regard socialisant », souligne Thierry Dufresne. Rien d’étonnant donc si le mineur est remarquablement absent, lequel pourtant, à l’époque, figure aux côtés du paysan et du pêcheur dans « la trilogie de la noblesse du travailleur français ». « Zola est passé par là avec Germinal … et le caractère très misérable, misérabiliste même, de la condition ouvrière des mineurs fait que le sujet a sans doute été jugé peu susceptible d’être commercialisé par des marchands ou des boutiques de souvenirs. On  ne représente pas la misère, on n’achète pas la misère », conclut Thierry Dufresne.

Peut-être les mineurs sont ils aussi absents  parce que leur  monde est également celui de la révolte et des luttes, comme le décrit Zola dans Germinal, et que cela n’est pas très vendeur non plus…

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

Quoiqu’il en soit, ces sculptures exposées au Musée de l’Isle-Adam,  suscitent depuis les années 1980 l’engouement des collectionneurs. Certains possèdent des dizaines de terres cuites de Le Guluche, qu’ils ont d’ailleurs aimablement prêtées au musée de l’Isle-Adam, qui avec celui de Grenoble est le seul à en posséder une collection. Les raisons de cet engouement ? Ces pièces  « représentent un moment de l’histoire du goût, complètement démodé, mais qui témoigne d’un savoir-faire, d’une technique. De beaux objets un peu kitsch, mais porteurs d’une certaine émotion », conclut Anne-Laure Sol qui leur a consacré  trois ans de recherches pour réaliser cette exposition.

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

 

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