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Promesse

La Cité internationale de la dentelle et de la mode de Calais

par Danielle Birck

Article publié le 18/06/2009 Dernière mise à jour le 01/07/2009 à 18:24 TU

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

Inaugurée en grande pompe le 11 juin 2009, la Cité internationale de la dentelle et de la mode de Calais se veut à la fois vitrine d’un savoir faire de plus de deux siècles et lieu de création contemporaine, mais aussi pôle d’attraction touristique pour une ville désireuse de promouvoir son image. L'ancienne « capitale mondiale » d’une industrie dentellière aujourd’hui sinistrée, ambitionne de devenir une destination touristique à part entière et pas seulement ville de passage pour les quelque 30 millions de voyageurs qui traversent la Manche chaque année.

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on a pris soin de faire à la ministre de la Culture et de la Communication, venue de Paris ce 11 juin, les honneurs d’un circuit touristique et d’une arrivée par bateau, sur le canal, à hauteur du quai où est édifiée Cité internationale de la dentelle et de la mode. Avant de couper le ruban symbolique – de dentelle bleu blanc rouge – Christine Albanel aura donc pu apercevoir entre autres, le beffroi (classé au patrimoine mondial de l’Unesco) et  l’Eglise Notre-Dame.

L’éloge de la caresse

« Fabuleuse Cité de la dentelle », titrait un journal local en ce jour inaugural. Il est vrai que le bâtiment, imaginé par les architectes Moatti et Rivière et édifié sur l’emplacement d’une ancienne usine dentellière, a de l’allure. La partie nouvelle s’avance en une longue façade de verre sérigraphié, reproduisant les motifs des cartons jacquards des fameux métiers Leavers qui ont fait la réputation de la dentelle mécanique calaisienne, dès le début du XIXe siècle. Un verre travaillé en double courbure, pleine et creuse, censée évoquer la douceur de la dentelle en opposition  avec le caractère massif et « brutal » de l’usine et de ses imposants métiers. D’ailleurs, Henri Moatti aime à souligner que le projet architectural a pour nom « l’éloge de la caresse », celle du tulle tissé sur la peau ou celle qu’appellerait la nudité aperçue au travers de la dentelle…

Cette « grande forme à caresser », trouve son avers dans la brique de l’ancienne usine Boulard laissée en l’état, ou presque, car on n’a pas voulu faire de « rénovation du patrimoine » et conserver le témoignage de ce « lieu de connaissance et de mémoire » où il y a encore une dizaine d’années on pouvait encore voir des tullistes travailler. Encore qu’apparemment il n’ait pas été simple de réhabiliter une usine centenaire qui avait mal vieillie, sans doute en raison de la qualité médiocre des matériaux de construction. Des fissures dans près d’une centaine de trumeaux ont jeté le trouble sur la viabilité structurelle du site et retardé les travaux qui en principe auraient dû être terminés avant les élections municipales de 2008 …

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

(Photo : Danielle Birck/ RFI)


Résultat, après avoir battu le maire sortant, Jacky Hénin (PCF), c’est Natacha Bouchard, la nouvelle élue UMP à la tête de la mairie de Calais, qui a inauguré  la Cité internationale de la dentelle et de la mode. D’où, lors des discours officiels de l’inauguration, l’insistance que mettra  le président du conseil régional du Pas de Calais, Daniel Percheron (élu en 2004 sur la liste « Rassemblement des forces de gauche »), à faire de la Cité le fruit d’une « intelligence territoriale collective »…  Après quoi on pourra commencer la visite.

Un bel édifice pour une réalité amère

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

De l’intérieur, la façade de verre sérigraphié laisse filtrer une belle lumière. On s’en rendra compte lors du défilé de mode organisé pour l’inauguration de la Cité. En revanche, on ne pourra que ressentir une certaine déception lorsqu’on apprendra que ce beau travail de double courbure du verre a été réalisé … en Chine. Bien sûr, on l’aura compris, parce que « c’est moins cher ». Tout comme la dentelle délocalisée en Chine, en Inde ou au Sri Lanka…

Car sous l’éloge de la caresse se dissimule une réalité amère, celle de l’inexorable déclin de cette industrie dentellière qui avait fait la réputation et la fortune de Calais. Qu’on en juge : une industrie qui, il y a une génération et demi, générait 170 000 emplois n’en n’occupe plus aujourd’hui que 1 500, tandis qu’en un siècle, les fabricants sont passés de plus de 500 à 6 grandes entreprises de fabrication et 8 entreprises de finition, et les métiers Leavers de 2700 à 300, et que 70% des 1 420 000 mètres de dentelle produits annuellement sont aujourd’hui réalisés à l’étranger… Un déclin dû aux tribulations de la mode, mais aussi à celles des fabricants, à quoi il faut ajouter la crise actuelle.  [1]

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

La partie muséale de la Cité  raconte cette histoire industrielle, de l’importation des premiers métiers Leavers en 1816  à la déclinaison de la dentelle aujourd’hui dans de nouvelles fibres ou de nouveaux domaines, comme le design, en passant par l’utilisation de la dentelle dans l’habillement au fil de l’histoire et de la mode, sans oublier le renouveau donné dans la lingerie, dans les années 1970 par la styliste Chantal Thomass, marraine de la Cité. Un département mode  qui comprend plus de 3 000 pièces.

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

Cinq métiers Leavers, ces machines de fonte impressionnante d’une vingtaine de mètres de long, ont été installés sur place, pour fonctionner. C’est d’ailleurs sur l’une d’elles qu’est tissé le ruban de l’inauguration. Le projet est de produire et de vendre notamment à la boutique du musée. Et pourquoi pas convier des artistes à venir créer des modèles ? La scénographie, elle aussi joue sur l’opposition, le rapport surprenant  entre la puissance des machines et la finesse du produit. Un produit devenu une marque : « Dentelles de Calais » est une marque déposée par la Fédération française de Dentelles et Broderies.

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

(Photo : Danielle Birck/ RFI)


La visite se termine sur une « robe de mariée modulable », réalisée en dentelle de Calais par des élèves du lycée professionnel du Détroit, en classe terminale pour le baccalauréat artisanat et métiers d’art. Le proviseur du lycée est aussi le directeur de l’Institut Jacquard, centre de formation dentellière aux métiers Leavers qui prépare sur trois ans au nouveau bac professionnel « Dentelle » …

Une petite note d’espoir ?


 
[1] Voir à ce sujet l’ouvrage Qui veut tuer la dentelle de Calais ? de Thierry Butzbach et Morgan Railane, publié par Les Lumières de Lille. Un livre qui retrace l’histoire de l’industrie dentellière calaisienne et les aléas de son évolution économique et financière.

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