par Danielle Birck
Article publié le 09/06/2009 Dernière mise à jour le 12/06/2009 à 14:34 TU
Sous cet intitulé, la Galerie des Gobelins à Paris présente une sélection de sièges, paravents, écrans de cheminée ou même de sacs à mains réalisés dans la première moitié du XXe siècle. Issues des trois manufactures nationales de Beauvais, des Gobelins et de la Savonnerie, ces pièces témoignent de la collaboration réussie de celles-ci pour allier savoir-faire traditionnel et modernité de l’art du XXe siècle.
A voir jusqu’au 26 juillet 2009.
Tout d’abord on ne peut que se féliciter de la réouverture en 2007, de cette Galerie des Gobelins qui permet, au fil des expositions qui y sont présentées, de renouer avec un patrimoine et un savoir faire, et d’en renouveler notre perception.
On connaît l’expression, « faire tapisserie », qu’on associe aux jeunes filles qui ne sont pas invitées à danser, mais qui plus généralement, « se dit des personnes qui assistent à un bal ou à quelque autre grande réunion, sans y prendre part, et qui sont ordinairement rangées contre les murs de la salle ». Comme ces grandes tapisseries qui décoraient (et réchauffaient) les murs des demeures anciennes…
La tapisserie on peut aussi s’asseoir dessus … au sens propre, comme en témoigne cette nouvelle exposition consacrée à la tapisserie de mobilier de 1908 à 1958. Celle-ci n’est pas un genre nouveau à l’aube du XXe siècle, elle s’inscrit dans une longue tradition remontant au XVIIe siècle particulièrement illustrée par la Manufacture de Beauvais.
Mais le « renouveau » du début du XXe siècle « se situe au niveau de la politique artistique menée dans les manufactures, qui se traduit par la recherche de nouvelles formes, de nouvelles couleurs, de nouveaux artistes », nous dit Marie-Hélène Massé-Bersani, Directrice du département de la production au Mobilier national, elle est co-commissaire de l’exposition avec Yves Badetz, ancien inspecteur au Mobilier national, avant d’être nommé récemment conservateur au Musée d’Orsay. Deux spécialistes passionnés pour nous faire apprécier tel détail d’un motif de tapisserie ou de la forme d’un siège, ou encore de la qualité d’un bois…
Un vent nouveau
Mais pourquoi ces deux dates, extrêmement précises, de 1908 et 1958 ? La première correspond à l’arrivée de Gustave Geffroy à la tête de la manufacture des Gobelins. Nommé par Aristide Briand, ce journaliste et critique d’art, ami de Toulouse Lautrec, défenseur de Monet et Cézanne, très introduit, donc dans le milieu artistique, avec « beaucoup de perspicacité », souligne Yves Badetz, va faire appel à des créateurs contemporains, pour mettre en valeur le savoir faire de la manufacture, qui, de créatif dans la première moitié du XIXe siècle, était devenu un peu répétitif dans la seconde moitié.
C’est ainsi que pendant près de vingt ans Gustave Geffroy fait tisser des artistes aussi différents que Jules Chéret, affichiste, Odilon Redon, peintre symboliste, mais aussi graveur et passionné de botanique, ou Félix Bracquemond, peintre et aquafortiste et « grand diffuseur du japonisme ». « Une démarche très nouvelle » qui va faire « souffler un vent de modernité » sur la manufacture des Gobelins. La première salle de l’exposition montre comment « l’esprit du XVIIIe est relu avec cette volonté novatrice », souligne Yves Badetz, avec notamment l’ensemble de Jules Chéret, Les Saisons. Les tapisseries prennent place sur des bois de siège commandés à Laurent Roustan, sculpteur et décorateur.
Convergence des talents
Car cet esprit novateur se traduit aussi dans ce que Marie-Hélène Massé-Bersani appelle « la remarquable convergence de talents » entre d’une part les manufactures et d’autres part entre artistes, tapissiers et créateurs de mobilier, instaurant un « double langage de la tapisserie et du bois », souligne Yves Badetz. Et là il faut mentionner le travail effectué par Jean Ajalbert qui, à la tête la Manufacture de Beauvais de 1917à 1934, va poursuivre celui entrepris par Geffroy à celle des Gobelins , en en faisant un « véritable laboratoire de modèles nouveaux ». Sous sa direction, en effet, les ensemble tissés d’après les cartons d’artistes modernes sont commandés avec des bois de sièges en accord avec les courants de l’époque de manière à ce que, disait-il, « le sentiment du décor corresponde au sentiment du temps ».
Des « duos à succès » vont ainsi naître. Citons, entre autres, Jean Weber (tapisserie) et Lucien Michon (bois) pour notamment l’ensemble Les Animaux dans la forêt, ou Raoul Dufy et André Groult. Ce dernier étant le beau-frère de Paul Poiret, le couturier, pour qui Dufy avait composé des tissus imprimés. On peut voir dans la Galerie des Gobelins l’ensemble Paris, réalisé pour le Mobilier national avec Groult (hêtre laqué et nuagé d’or) et qui avait fait scandale lors de son exposition en 1932 dans la capitale.
Parallèlement, on a vu apparaître une notion que Marie-Hélène Massé-Bersani qualifie de « révolutionnaire, celle d’unique qui donne alors à l’objet mobilier un statut inhabituel, celui d’œuvre d’art ». Chaque meuble en tapisserie est fabriqué en un seul exemplaire, « alors que la tradition voulait, jusque-là, que le succès d’un modèle détermine le nombre de retissages ». De son côté, Yves Badetz fait remarquer que "Dès 1908, la manufacture des Gobelins appose son sceau sur le bois du mobilier, comme une marque de haute-couture".
L'air du temps
Esprit nouveau, goût du luxe, raffinement sont en rendez-vous de toutes ces réalisations qui se font aussi l’écho du temps. Si la période 1908-1958 est celle de deux guerres, elle est aussi celle de l’accès d’un grand nombre aux loisirs, tandis que les classes aisées poursuivent leur pratique de sports plus élitistes. La modernité artistique est aussi celle des techniques : aviation et automobile sont parmi les sources les plus importantes de l’esthétique nouvelle. Comme en témoignent les feuilles de paravent, Les Avions, de Jean Camille Bellaigue (1928).
"Les avions" (feuilles de paravent), Jean-Camille Bellaigue (1928).
© Isabelle Bideau/ Mobilier national.
Bien sûr, le côté somptuaire et officiel est toujours présent, on le trouve par exemple dans les 18 fauteuils prévus pour la salle du Conseil de l’Elysée, réalisés en 1933 par Emile Gaudissart et André Fréchet, autre « duo à succès ». Emile Gaudissart, « l’artiste qui a le plus travaillé pour les manufactures », souligne Yves Badetz, « renoue pour l’occasion avec la tradition de l’empire ». L’arrivée du Front Populaire, rendra inadéquate cette série de fauteuils « impériaux »…
Et 1958 ? C’est d’abord « une date historique », indique Yves Badetz, et aussi « la fin de la tapisserie de siège ». Une tradition avec laquelle les manufactures renoueront en 1999 avec Aki Kuroda. Une première initiative qui sera suivie en 2004 par les commandes passées à trois artistes, dont Jean-Michel Othoniel.
label france
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