par Danielle Birck
Article publié le 29/05/2009 Dernière mise à jour le 30/06/2009 à 17:04 TU
Tout d’abord, « je suis botaniste, tient à préciser Patrick Blanc, ce qui veut dire que j’effectue des recherches sur les plantes … on confond souvent les amateurs de plantes et les botanistes. Je travaille sur les plantes du sous-bois des forêts tropicales et tout mon travail porte sur l’adaptation des plantes aux faibles lumières ». On ajoutera qu’il est chercheur au CNRS, docteur es sciences et lauréat de l’Académie des sciences. Il est aussi l’inventeur des murs végétaux, une manière d’introduire la biodiversité sur les murs des villes.
Ethique protestante et philodendron
Si la première expérience de mur végétal a eu lieu en 1988 à la Cité des sciences et de l’industrie à Paris, c’est bien plus tôt, dès l’enfance, que l’idée en était venue à Patrick Blanc. Il raconte : « Chez mes parents j’avais des aquariums et, vers 10/12 ans, j’avais lu dans une revue allemande que pour purifier l’eau de l’aquarium, il fallait y faire tremper des racines de philodendron. J’ai vu les racines blanches se développer dans l’eau et le gosse que j’étais trouvait ça magique : moi qui suis protestant et allais à l’école religieuse où l’on nous apprenait qu’une fois chassés du jardin d’Eden on allait devoir cultiver la terre à la sueur de notre front et se battre contre les ronces, etc., tout d’un coup, je m’aperçois que mon philodendron pousse merveilleusement avec ses racines dans l’eau, sans avoir à me fatiguer ».
Une révélation, en quelque sorte, d’où va naître à la fois une éthique et une vocation : « J’ai donc voulu avoir de plus en plus de plantes qui se développent sans qu’on se fatigue pour elles. Très tôt en effet, il m’a semblé que les plantes étaient trop respectables pour être méritées par notre travail ! Elles sont bien au-delà de ça, elles sont des merveilles en elles-mêmes » …
De l’aquarium à la flore tropicale
L’aventure ne faisait que commencer. « Donc, j’aimais bien cette idée de plantes ‘libres’ et j’ai cherché à mettre de plus en plus de plantes au-dessus de l’aquarium, puis j’ai voulu sortir l’eau de l’aquarium, et tout a évolué comme cela, bien avant que j’aille sous les tropiques ». Les tropiques, cela viendra plus tard, à 19 ans, alors que Patrick Blanc est étudiant : « J’ai voulu aller en Malaisie, en Thaïlande pour voir des plantes poussant en forêt, libres, et plus j’ai été sous les tropiques plus j’ai vu de nouvelles choses ». De découvertes en découvertes, « ma connaissance qui était au départ artistique, affective et empirique est progressivement devenue plus scientifique et j’ai pu être plus ‘juste’ dans ma façon d’installer les plantes de les choisir… Ça a été un cheminement : j’ai maintenant 55 ans et ça a commencé quand j’avais une dizaine d’années »…
"C'était quand j'étais chez mes parents...bien avant d'aller dans les forêts tropicales"
Un cheminement jalonné de murs. Après la première expérience de 1988, et le premier mur pérenne de Chaumont, beaucoup d’autres ont suivi : à Paris, avec la Fondation Cartier (1998), l’hôtel Pershing (2001), le musée du quai Branly (2004) ou encore la façade du magasin BHV Homme (2007), mais aussi en province et à l’étranger, à Madrid, Londres, Gênes et New Delhi (façade de l’ambassade de France).
Pour son retour à Chaumont-sur-Loire, pour la 18ème édition du Festival international des jardins, Patrick Blanc a voulu réaliser un projet déjà ancien, qu’il avait proposé au précédent directeur du Domaine, Jean-Paul Pigeat. Il s’agit d’un mur d’une seule pièce mais orienté vers les quatre points cardinaux, avec une luminosité très variable, comme l'exposition à la pluie, et par conséquent une grande variété d’espèces végétales. Une expérience inédite, « le premier mur aussi simple et offrant autant de diversité de biotopes », souligne-t-il.
Finalisation de l'installation du mur dans la cour des écuries- vues intérieur et extérieur
(Photo : Danielle Birck/ RFI)
Plus d’une centaine d’espèces, en effet, vont prospérer entre les deux couches de feutre du mur, dont beaucoup présentées pour la première fois, comme ces « plantes de la famille des orties mais qui ont le bon goût de ne pas piquer », précise Patrick Blanc. Et d’énumérer une liste de plantes aux noms latins, « des noms qui ne vous disent sans doute rien et pour cause, car ce sont des plantes qui, hélas, ne sont pas cultivées dans les jardins. Des plantes qui pourtant se développent extrêmement facilement et qui en plus ont des architectures foliaires très belles ».
Des plantes « qui aiment l’ombre et l’humidité » et seraient « parfaites pour les patios et les cours intérieures parisiennes ». Il est vrai qu’ « on n’a pas mal travaillé sur les balcons, mais il y a encore un travail énorme à faire sur ces endroits sombres, oubliés et tristes que sont les cours parisiennes. Et j’espère, que cette spirale à Chaumont va donner des idées pour faire de ces cours des petits paradis », conclut Patrick Blanc.
Du mur au plafond …
Les murs, c’est bien, mais l’observation des sous bois des zones tempérées chaudes, notamment en Thaïlande et en Malaisie - ses lieux de prédilection – a prouvé au botaniste qu’on peut faire encore mieux, un plafond végétal par exemple. C’est l’expérience que Patrick Blanc réalise à l’Espace EDF Electra en 2006/2007, avec l’exposition Folies végétales qui connaîtra un record d’affluence. Un plafond qui est maintenant dans la grande serre du Muséum d’histoire naturelle, toujours à Paris. Et un autre est en projet pour un musée à New York.
« Les choses évoluent. C’est le monde vivant, conclut Patrick Blanc, et l’avantage d’être scientifique, c’est de voir comment les choses évoluent, comment s’y adapter, car la vie c’est l’art de s’adapter ». Il a donc de nouveaux projets, « très excitants »…
A suivre…
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