par Caroline Lachowsky
Article publié le 12/09/2007 Dernière mise à jour le 12/09/2007 à 10:04 TU
Sous la Grande Halle de la Villette de grandes huttes abritent à la fois des vautours, et des iguanes bien vivants, des photographies de Cartier Bresson, une sculpture géante d’Alain Séchas et des loutres d’eau dans leur bassin, des vases de la Grèce antique et des vidéos de cochons qui respirent la joie de vivre… Car l’ambition de Vinciane Despret, commissaire de cette exposition, c'est de nous inviter à changer de regard sur le vivant et à découvrir comment les hommes et les animaux n’ont cessé de se transformer mutuellement.
Philosophe, psychologue, éthologue et commissaire de l' exposition «Bêtes et Hommes»
« Les rapports entre l'homme et l'animal sont en train de changer. »
Les récentes découvertes de l’éthologie démontrent que nos amis « les bêtes » ont des compétences bien plus élaborées qu’on ne le pensait. Les animaux ont bien changé. Nous, aussi. Peut être est-ce, également, le regard que nous portons sur eux qui a changé et qui, en retour, a fait changer les animaux. Une question que l’on peut se poser à la vue de ces corbeaux et de ces corneilles exposées à la Villette : dans les pays scandinaves où ils sont appréciés, les corbeaux sont gais, curieux et malins, et ce beaucoup plus que dans nos pays européens où ils ont tendance à afficher de moindres capacités et où ils sont considérés comme des oiseaux de mauvais augure.
Vautours, mainates, outardes et iguanes nous interrogent, quant à eux, sur une autre question fondamentale de notre rapport à l’animal : leur rapport à la captivité. Les animaux exposés pour illustrer le propos de l’exposition sont tous nés en captivité, certains comme les vautours vont bientôt être réintroduits dans leur milieu naturel, en Bulgarie.
Directeur du zoo de Doué-la-Fontaine
« Les iguanes ont tous été récupéré dans la ville d'Angers. »
L’écologie, l’environnement et la protection de l’habitat naturel sont sans cesse présents dans cette exposition qui nous fait aussi découvrir comment, à Paris comme dans toutes les grandes villes du monde, la faune est bien plus importante qu’on ne le croit. Nous cohabitons avec les animaux, nous interagissons avec eux bien plus que nous le croyons et ce sont paradoxalement bien souvent les éleveurs qui nous le font comprendre. Des éleveurs qui savent qu’en rendant un cochon, une chèvre ou une vache heureuse, on aura tous quelque chose à y gagner.
Le dernier mot reste aux artistes omniprésents dans cette exposition, laquelle secoue toutes les idées reçues sur les petites et grosses bêtes qui entourent les non moins grosses bêtes que nous sommes. Notre destin semblant définitivement et indissolublement lié, la question qui reste donc en suspens au sortir de l’exposition Bêtes et Hommes semble bien être : « comment faire pour vivre ensemble, bêtes et hommes ? ».
Grande Halle de la Villette, à Paris, jusqu’au 20 janvier 2008.
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