Exposition

Pays'âges, au début il y avait la forêt

par Marion Urban

Article publié le 02/01/2008 Dernière mise à jour le 03/01/2008 à 11:47 TU

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L'exposition Pays'âges, au musée d'Histoire naturelle de Lille, propose de revisiter l'histoire de la région du Nord de la France à travers des paysages millénaires. Des forêts marécageuses aux arbres géants qui constituèrent le socle de l'exploitation industrielle minière à la transformation des puits en musées et des terrils en pistes de ski. Jusqu'au 3 août 2008.

« C’est à partir de deux mots, paysage et énergie, qu’a été conçue l’exposition Pays’âges », prévient Sophie Beckary du musée d’Histoire naturelle de Lille.

Quand le Nord de la France se trouvait au sud...
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Forêt tropicale

Le paysage des campagnes du Nord-Pas-de-Calais a évolué sur une terre riche en charbon, que les hommes sont allés chercher « au fond », en creusant puits et galeries. Les terrils, montagnes des déblais des galeries, ont révélé d’année en année des trésors pour les paléobotanistes.

Écorces, feuilles, insectes, coquillages fossilisés ont raconté des forêts gigantesques, dont les arbres atteignaient 54 mètres de hauteur et des eaux douces dans lesquelles ils baignaient, il y a plus de 300 millions d'années alors que les continents ne s'étaient pas encore disloqués.

À cette époque, la région du Nord-Pas-de-Calais se situe quelque part sous les tropiques.
Ses forêts sont habitées par des Lepidodendron, les « arbres à écailles » qui constitueront la base du futur charbon. Mais, pour que les végétaux se transforment en houille, il faut un changement de climat (glaciation et réchauffement)

(Photo : Marion Urban/ RFI)

L'épopée minière

C'est au début du XVIIIème siècle que les premiers coups de pioche sont donnés dans le sous-sol du Nord de la France. Les ingénieurs sont à la recherche du prolongement d'un filon, exploité de l'autre côté de la frontière. Le jour où les prospecteurs tombent sur du beau charbon bien gras, ils nomment la mine « Maugrétout » (malgré tout).

La véritable exploitation de la houille ne s'organisera cependant à grande échelle qu'un siècle plus tard.

 « En moins de 300 ans, l'homo sapiens aura épuisé le charbon » constate Sophie Beckary, commissaire de l'exposition Pays'âges. « L'épopée minière est à l'origine de profondes mutations sociales, urbaines, techniques, économiques et écologiques ».

Le musée d'Histoire naturelle de Lille a illustré ce bouleversement en présentant maquettes, tableaux, affiches, cartes postales et objets divers de la mine et des hauts-fourneaux, issus des collections de l'ancien musée industrielle de la ville.

Le pays'âge de demain

Après avoir évalué les transformations que l'homme est capable d'imposer à son environnement en si peu de temps comparativement à l'histoire de notre planète, l'exposition Pays'âges s'interroge sur le paysage du futur. Le charbon épuisé, la région est restée avec ses blessures : déchirements sociaux et paysage « déshumanisé » par l'industrie du charbon et les hauts-fourneaux. Sols pollués au nom de la rentabilité.

600 cités minières et leurs équipements collectifs, 200 terrils, 50 carreaux de fosse. La mission Bassin Minier Nord-Pas-de-Calais veille à leur reconversion sous diverses formes. Peu à peu, les hommes se reconstruisent un « pays'âge ».