Exposition

Perles, histoire d’eau

par Dominique Raizon

Article publié le 14/01/2008 Dernière mise à jour le 18/02/2008 à 13:28 TU

Après New-York, Tokyo, Sydney, Abou Dhabi, le Muséum national d'Histoire naturelle à Paris présente l'exposition Perles, une histoire naturelle. Version enrichie par des scientifiques, l’exposition doit interpeller autant les amateurs de biologie, écologie, histoire, que les passionnés de design, de joaillerie et de mode. Jusqu’au 10 mars 2008.

Papillon Hana Karakusa
© Van Cleef et Arpels

Les plus anciennes perles connues datent de 200 millions d’années. Le Muséum expose une dizaine de ces perles fossiles. La plus ancienne perle récoltée par l’homme étant la perle Jomon, ainsi nommée car elle fut trouvée au Japon sur un site  de fouilles archéologiques de la civilisation Jomon, vieille d’environ 5 500 ans.

Selon de récentes découvertes archéologiques, les perles auraient été récoltées en Mésopotamie dès le troisième millénaire. Le plus ancien document écrit faisant état de cette pratique provient de l'historien grec Mégasthène (307 avant notre ère).

L’exposition, qui propose un voyage dans l’espace et le temps, permet au visiteur de parcourir l’histoire de l’humanité à travers l’utilisation de ces joyaux et de plonger dans les eaux des rivières, des lacs et des mers qui couvrent la planète bleue.

La perliculture, une activité aquacole

Greffe et récolte
© Mathieu Garçon

La perle, gemme organo-minéral, est traité dans tous ses états. De la formation de la perle et de ses caractéristiques (formes et couleurs), à la structure de la nacre, en passant par les mollusques perliers marins ou d’eau douce et leur écologie. On apprend ainsi que, dès le quinzième siècle, la pêche de perles fut règlementée, pour limiter l'épuisement des bancs d'huîtres. La section retrace aussi l'histoire de la perliculture, le mode de pêche ainsi que l'utilisation de la perle au fil des siècles, ou bien encore les légendes et croyances qui y sont liées.

Coffret allemand avec les perles de la Couronne de France
© Michel Viard/ MNHN

Précieuses et rares, elles ont toujours été un véritable signe d’apparat, d’élégance et de richesse: larmes pétrifiées des dieux pour les Romains, fragments d’éclair tombés dans la mer pour les Grecs ou formées dans le cerveau d’un dragon en Chine, les perles fascinent les hommes depuis plus de sept millénaires.

Molécules actives de la nacre  

A l'instar du corail utilisé dans les implants dentaires pour consolider les os des mâchoires, les aspects thérapeutiques de la nacre ne sont pas négligeables. La coquille cassée d’un mollusque nacrier s’auto-répare comme le font un os brisé ou une blessure cutanée. Les scientifiques se sont fixés comme objectif de découvrir les molécules actives de la nacre et leur trouver des applications en relation avec les expériences faites en implantant de la nacre utilisée comme biomatériau de régénération osseuse.

La plus récente des fermes perlières, Jewelmer, Philippines.
© Agnès Iatzoura/ MNHN

Mais, victimes de la surexploitation, les bancs nacriers naturels ont quasi disparu : le monde contemporain vit sur son stock acquis de perles fines. La production de perles relève désormais de la perliculture, une activité aquacole nécessitant un milieu écologique de qualité. Les huîtres, abritant les plus beaux specimens, exigent un environnement exempt de pollution et riche en plancton. Cette exigence justifie l'implantation des fermes perlières à distance des activités humaines polluantes. Remarquables exemples de gestion durable, ces fermes sont ainsi des havres de paix pour la biodiversité, mais des havres fragiles ...