par Dominique Raizon
Article publié le 20/06/2008 Dernière mise à jour le 17/07/2008 à 14:46 TU
Directeur de recherche et du site de Bibracte
« L'exposition est vivante, très fascinante, même si on connait peu l'Histoire. »
« Tout ce qui existait à l’âge du fer existe encore aujourd’hui », déclare en préambule Vincent Guichard directeur de la recherche et directeur général de Bibracte, les mains tendues vers des coupes, des vasques, des casques, des cuirasses et des poignards etc. Sobrement et précieusement présentée en vitrine, une cinquantaine d’objets -dont quatre figurent parmi les fleurons les plus prestigieux du genre-soutient le propos de l’exposition intitulée Situlae, images d'un monde disparu.
« On s'est amusé à mettre en scène la familiarité, en proposant une confrontation d'images du Vè et du XXè siècles. »
Vincent Guichard poursuit, non sans humour : « Les ‘situlae’ sont, au VIe et IVe siècles avant l’ère chrétienne, l’équivalent de magazines contemporains racontant la vie des ‘people’ de l’époque ! … En d’autres termes ils ne renseignent pas sur grand chose. De la même manière que les revues actuelles de type Vogue ou Point de vue et images du monde racontent en photo la vie des stars et des milliardaires, les situlae racontent en bandes dessinées, le quotidien des individus riches et oisifs de l’époque ».
Qu’ils soient d’origine étrusque, celte ou illyrienne, les récits figurent quasiment toujours sur les mêmes types de support, à savoir : des récipients décorés de plaques en métal repoussé -du bronze, essentiellement- ou bien encore sur des boucles de ceintures en cuivre, parfois sur des poignards ou des haches. Au-delà des clivages entre les peuples, ces témoignages du passé révèlent que les milieux favorisés partageaient tous les mêmes codes.
L'image que l’élite de l’Age du fer avait d'elle-même
« Le trait gravé qui souligne les motifs caractérise la stylistique. »
Situle de Kuffern. H 25 cm. Fin du Ve-début du IVe s. avant J.-C.
© Naturhistorisches Museum Wien (Autriche).
« Le style iconographique des situlae est homogène, souligne Vincent Guichard.. Ces situles ne sont pas l’expression ni d’une culture ni d’un peuple. On retrouve cet art à la fois à Bologne (Italie) -où, au Ve siècle avant notre ère, on parlait étrusque-, mais aussi en Slovénie où la population parlait une autre langue et au nord des Alpes où la population était celtophone ».
Décorées, par exemple, de chars à deux roues ou de scènes d’offrandes et de libations, de chasseurs et de gibier, etc : Les pièces exposées décrivent des parades militaires ou illustrent des actes glorieux. Elles mettent en scène des héros -toujours représentés de profil comme sur les hiéroglyphes égyptiens-, exhibant des trophées -de guerre, de joutes sportives ou de chasse. Les dessins dépeignent également des scènes de bombances et de plaisirs ...
« Bref, les situalae sont en quelque sorte comparables à des films muets où manque la syntaxe mais qui se comprennent sans commentaires », ponctue Vincent Guichard en un sourire, poursuivant : « Mais ce qui est intéressant dans le propos, c’est qu’au-delà du réalisme apparent des images, un répertoire rigoureusement codifié permet de comprendre comment l’élite de l’Age du fer se percevait elle-même. »
« Une manne pour notre musée »
Cruche en bronze à anse en forme d'animal. H 14 cm. Hallstatt, tombe 400.
© Naturhistorisches Museum Wien (Autriche).
Utilisés par l’aristocratie des régions situées entre le Pô (au sud de l’arc alpin) et le Danube, (au nord), ces objets réunis pour l’exposition, ont été découverts dans des tombes historiquement datées entre 550 et 350 avant l’ère chrétienne. Ils sont aujourd’hui réunis dans les plus riches collections des musées autrichiens.
Pour les besoins de l’exposition, à vocation itinérante, le musée de Bibracte a bénéficié du réseau européen de musées partenaires. « Une manne pour notre musée, estime Vincent Guichard, car les expositions temporaires nous permettent d’enrichir avantageusement nos collections », ajoutant avec modestie : « A Bibracte, il faut bien le reconnaître nous fouillons davantage les poubelles des ménagères que les tombes princières et les objets de nos collections permanentes sont moins prestigieux ».
« Poubelles des ménagères » ? ... mais vestiges au demeurant fort intéressants : les objets exhumés du passé sur le site de Bibracte offre une passionnante lecture de la civilisation celtique au travers des oppida (« villes fortifiées »), qui parsemaient l’Europe il y a un peu plus de 2000 ans !
Pour en savoir plus :
Musée de Bibracte - Mont-Beuvray
ST LEGER SOUS BEUVRAY 71990
Téléphone renseignement : 03 85 86 52 35
Télécopie : 03 85 82 58 00
Consulter le site du musée
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