par Dominique Raizon
Article publié le 10/11/2008 Dernière mise à jour le 11/12/2008 à 16:55 TU
Le Jura il y a 150 millions d’années
palaeojura.ch
Sur les quelque 4,6 milliards d’années que compte notre planète, l’histoire de l’Arc jurassien représente à peine 220 millions d’années. Gisements d’empreintes et fossiles témoignent de l’évolution de la vie dans ce massif jurassien.
Le sol a gardé en mémoire les empreintes de dinosaures laissés il y a quelque 150 millions d’années; les fossiles de crocodiles et de tortues datant de l’ère secondaire; et les ossements de mammouths, de boeufs musqués, de rennes et de rhinocéros laineux, qui se côtoyaient au pied des glaciers, il y a 20 000 ans.
Paléontologue à l'Office de la Culture de la République et canton du Jura (Suisse)
« La matière qui forme le Jura date de l’époque des dinosaures mais ce qui a modelé le relief du massif s’est passé plus tard et est essentiellement lié à la formation des Alpes (sud-est) ».
« Sous un climat chaud et relativement humide, la région jurassienne correspond, durant le Jurassique (- 199 à – 145 millions d’années), puis le crétacé (- 145 à – 65 Ma) à une vaste plateforme marine, plus ou moins profonde, sur laquelle la mer s’avance et se retire régulièrement », expliquent les chercheurs dans l’ouvrage Jurassique… Jura, métamorphoses d’un paysage(*), écrit sous la direction de Pierre Hantzpergue, directeur de l'UFR Sciences de la Terre à l'Université Lyon 1.
D’épaisses couches de marnes et de calcaires s’accumulent, renfermant, selon les localités, de nombreux restes fossiles des organismes qui peuplaient les différents environnements marins, parmi lesquels des crocodiles, des requins et des tortues.
« Au Jurassique, le Jura n’était certainement pas le plus vieil environnement continental de France ».
Sur le bord de la route départementale qui conduit à Coisia, un petit village qui abrite moins de deux cents habitants, il est loisible d’observer des empreintes de grands dinosaures sauropodes, à la verticale sur la paroi rocheuse. Pourtant, les dinosaures de quelque 35 tonnes, mesurant plusieurs mètres de haut et jusqu’à 30 mètres de long ne grimpaient certes pas à flanc de falaise ! C’est qu’entre le moment où les animaux ont poinçonné le sol au Tithonien supérieur (vers –148 millions d’années) et maintenant, les couches profondes des mers du Jurassique se sont plissées, au moment de la formation des Alpes.
Le chapeau de gendarme, près de Saint-Claude.
(Crédit : L'architecture Graphique/ Conservation départementale d'histoire naturelle archéologie et ethnologie du Jura)
La chaîne alpine s'est élevée sous l’effet de la collision des plaques africaine et eurasienne, repoussant le massif du Jura. Certains plis de ce dernier, plus larges, ont été davantage déformés voire « repliés », comme l’illustre le « Chapeau de gendarme », près de Saint-Claude.
« Ces pistes se sont formées à l’horizontale sur une plage et les mouvements tectoniques ont déformé les anciens sédiments ».
Puis le climat se réchauffe. Les plages tropicales laissent place aux glaciers et, au quaternaire, le relief se façonne. Les couches profondes des mers du Jurassique qui étaient remontées à la surface par la poussée alpine sont modelées par ces glaciers. L'érosion glaciaire (sous l'action conjuguée du gel, de la pluie et de l'acidité naturelle de l'eau) ainsi que le travail des eaux souterraines sculptent le paysage actuel et donnent au Jura des ressources exploitées par l’homme depuis la préhistoire.
Les marnes du Jurassique déterminent le territoire des vignobles.
(Crédit : Conservation départementale d'histoire naturelle archéologie et ethnologie du Jura)
« Quand on considère la morphologie montagneuse du Jura, on se rend compte qu'il existe, dans le fond des vallées, des dépôts récents rattachés au bassin molassique, une immense dépression, au nord des Alpes, qui a recueilli au fil du temps, tous les produits d'érosion des Alpes », explique Damien Becker.
Ces couches sédimentaires sont riches de gisements de mammifères du cénozoïque, il y a moins de 65 millions d'années : on y trouve notamment de nombreux fossiles de vertébrés parmi lesquels des ossements de rhinocéros.
« Dans l’histoire de l’évolution des espèces, les rhinocéros sont intéressants à étudier pour comprendre les ponts terrestres entre l’Europe, l’Eurasie et l’Afrique ».
Pour valoriser leurs découvertes scientifiques, la France et la Suisse se sont réunies autour d'un programme commun, Interreg IIIA.
Depuis 2000, la Paléontologie A16 a ouvert près de 40 sites le long du futur tracé de la Transjurane. La carte de situation interactive vous permet de choisir un site et d’obtenir la fiche signalétique correspondante.
*** Consulter les sites suivants :
- Le site du CNRS images
- Le site des Géosciences Lyon 1 et celui consacré au cours de géologie en ligne
- Un site consacré au Jurassique (cliquez ici)
- Celui mis en place par la République et Canton du Jura suisse (cliquez ici)
- Le Bureau de recherche et géologie minière (BRGM)
- Le site de L'Ifremer consacré aux géosciences marines
*** Lire l'ouvrage Jurassique… Jura, métamorphoses d’un paysage, sous la direction de Pierre Hantzpergue et Vincent Bichet (édité par le Centre jurassien du Patrimoine et la Société jurassienne d'émulation, 2007).
Il est assorti d'un DVD intitulé Sur la piste des dinosaures jurassiens
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