par Dominique Raizon
Article publié le 06/11/2008 Dernière mise à jour le 06/11/2008 à 15:02 TU
Un saumon atlantique de 7 kilos et 97cm a été pêché le 3 octobre dans la Seine, au barrage de Suresnes.
(Photo: FlickR)
Les poissons migrateurs amphihalins se répartissent en deux groupes : - Les thalassotoques naissent en milieu océanique et migrent vers les fleuves pour grandir avant de regagner la mer pour s’y reproduire, comme l’anguille par exemple. - Les potamotoques naissent en eau douce et vivent dans des eaux fluviales et/ou des estuaires pour s’acclimater à la salinité avant de grandir en mer. Adultes, ils remontent à nouveau les fleuves pour se reproduire en eau douce. C’est le cas du saumon, de l’esturgeon, de la lamproie et de l’alose. |
Année 1990, un tournant préoccupant
Selon les données livrées par l’Institut français de l’Environnement (Ifen), au XIXe siècle, il a été estimé qu’environ 50 000 à 100 000 saumons remontaient chaque année la Loire. Un ordre de grandeur similaire était observé dans le Rhin. Plusieurs dizaines de milliers de poissons étaient également observées dans la Seine, la Dordogne et la Garonne. Les effectifs ont ensuite décliné rapidement, surtout à partir des années 1950, période durant laquelle le saumon s’est éteint sur le Rhin. Dans les années 1990, le niveau est devenu très préoccupant sur la Loire. Les enjeux sont pourtant importants car il s’agit de la dernière population de saumon d’Europe de l’Ouest adaptée à de longues migrations (800 km sur l’axe Loire-Allier).
L’étude du Cemagref a établi un modèle de distribution géographique pour chaque espèce à une époque où l’homme exerçait peu de pressions sur les milieux : l’année 1900 a été choisie comme époque de référence. Une cartographie de 196 bassins a été dressée et les chercheurs se sont appuyés sur les prévisions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) pour modéliser l’évolution de ces populations de poissons d’ici la fin du siècle, en fonction des différents impacts du changement climatique sur le milieu aquatique.
D'ici 2100, près de 90% de bassins favorables vont disparaître
Sur la base d’une élévation de la température de 1 à 7°C, la réponse des espèces peut être classée en trois catégories : celle contractant leur aire de distribution, celle étendant leur aire de distribution et celle montrant peu ou pas de changements de distribution.
Il s’avère que pour la plupart des espèces, la situation va se dégrader. Certaines espèces, comme l’éperlan, le saumon et et l'alose de la mer Noire, l'omble arctique ou la lamproie de rivière perdront entre la moitié et 100% de leurs bassins de vie actuels, pour des gains réduits ou nuls ; d'autres espèces, comme la truite brune, la truite de mer ou l'esturgeon de l'Adriatique seront moins pénalisées mais leurs pertes seront malgré tout significatives. Seules deux espèces, le mulet porc et l’alose feinte pourront s’étendre vers le nord, au-delà de leur aire de répartition initiale.Cinq espèces de poissons migrateurs sur la liste UICN
« La majorité de ces migrateurs figurent parmi les espèces protégées, au titre de la directive européenne "habitats, faune, flore", de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (Cites), ou de la convention de Berne sur la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe. Cinq d'entre elles - les esturgeons russe, de l'Adriatique, étoilé et européen, ainsi que le béluga - sont classées sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) », complète le Monde.
« L’urgence passe par la restauration des milieux et des populations », plaide le Cemagref car les bassins versants du sud risquent de perdre la plupart de leurs espèces. Alors … Ces poissons remonteront-ils vers le nord et assistera-t-on à une migration de poissons exotiques en Europe ? Les chercheurs sont très réservés, voire pessimistes car peu d’espèces amphihalines longent les côtes de l’ouest africain faute de cours d’eau permanents pour les héberger !
Pour en saoir plus :
- Etude de l'Institut national de recherche agronomique (Inra) sur l’Ecologie et la gestion des habitats aquatiques.
- Institut français de l’Environnement (Ifen)
- Projet de loi sur l’eau et les milieux aquatiques :
- Indicateur poisson mis en place en appui à la directive européenne sur l’eau
- Stratégie nationale pour la création d'Aires marines protégées
- Site du Ministère de l’Ecologie
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