par Dominique Raizon (avec AFP)
Article publié le 24/07/2009 Dernière mise à jour le 10/08/2009 à 09:18 TU
Sur « plus de 50 000 espèces végétales identifiées ‘en voie de disparition dans le monde’ », selon les chercheurs du CNB, quelque 1 700 espèces sont choyées par les botanistes qui ont mis en place une sorte d'aide médicale d'urgence pour les plus menacées, « qu'elles soient originaires des îles océaniques ou du grand ouest français », explique Dominique Dhervé, directeur actuel du CNB.
Des graines précieusement stockées dans un congélateur
Le CNB gère et entretient en culture une des collections botaniques les plus importantes au monde –« dont une vingtaine de spécimens ne doivent leur survie qu'à l'action des chercheurs », est-il fier de souligner.
A ce titre, le Cylindrocline lorencei, originaire de l'île Maurice, fait la fierté du centre. Cette plante « était au bord de l'extinction en 1977 », explique Stéphane Buord, le responsable des actions internationales du Conservatoire ; « Il ne restait plus que deux individus à partir desquels des graines ont été obtenues », poursuit-il et les botanistes l'ont cultivé au conservatoire depuis 1992, à partir de graines précieusement stockées dans un congélateur.
La star du CNB, Cylindrocline lorencei
« Nous avons mis en culture in vitro un amas de cellules viables et obtenu une plante à partir de cette base génétique faible », précise le botaniste rappelant le concours du laboratoire finistérien Bretagne biotechnologie végétale (BBV), implanté à Saint-Pol de Léon. Depuis, le Cylindrocline -qui peut atteindre 1,50 mètre de haut- s'est multiplié et des semences ont été données notamment aux jardins botaniques royaux de Kew à Londres ou au CNB de Nancy, où la plante est désormais également cultivée. Parmi les autres pensionnaires du conservatoire, l'Eryngium viviparium, une petite plante rampante encore très commune dans l'Ouest il y a cent ans, qui pourrait bien refleurir sur le site d'alignement mégalithique de Carnac (Morbihan) d'où ce petit chardon bleu avait disparu sous la pression touristique.« On ne ré-impose pas une plante à la nature » ...
La plante la plus rare reste la Normania triphylla. Découverte voici une centaine d'années dans les forêts de lauriers de basse altitude à Madère, la plante « fait penser à un pied de tomates-cerises », décrit Stéphane Buord. « On a longtemps cru cette variété définitivement disparue avant d'en redécouvrir quelques spécimens en 1993 à Funchal », la capitale de Madère, poursuit-il.
Une tentative de réimplantation a débuté il y a quelques semaines grâce aux quelque 35 000 graines récoltées à Brest. « Mais on ne ré-impose pas une plante à la nature », déclare Stéphane Buord, lequel explique qu'un programme de près de deux ans comme celui-ci nécessite la création d'une pépinière avant que le végétal ne reprenne définitivement racine dans son milieu d'origine.
Orienter, recenser, et dynamiser les programmes scientifiques
Lorsque des menaces trop fortes pèsent sur une plante dans un environnement donné, la plante est en effet conservée ex-situ, c’est-à-dire en serres ou dans le jardin. Elle est abondamment multipliée afin d’être diffusée auprès d’autres Conservatoires et Jardins Botaniques. Quelquefois, des tentatives de réimplantation sont envisagées dans le milieu d’origine mais au préalable, par sécurité, des lots de graines sont conservés en chambres froides.Par ailleurs, le Conservatoire botanique oriente, recense et dynamise les différents programmes scientifiques qui ont pour vocation de protéger le patrimoine naturel de l’humanité.
Autour du sujet
18/11/2008 à 09:44 TU
01/09/2008 à 12:46 TU
03/07/2008 à 14:24 TU