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Changement climatique

El Niño, est très surveillé !

par  RFI (avec AFP)

Article publié le 02/10/2009 Dernière mise à jour le 02/10/2009 à 14:57 TU

Le phénomène El Niño pourrait changer profondément de caractéristiques avec le réchauffement climatique. L'activité humaine a-t-elle un impact? Cette question est au coeur des préoccupations sociétales étant donné son large impact dans de nombreuses régions du monde. Selon les résultats récents basés sur l’analyse des simulations du Groupe d’Expert Intergouvernemental du Climat (GIEC), la dernière décennie à vue naître un nouveau type d’El Niño et c’est ce nouveau visage qui pourrait s’imposer à l’avenir.

(Photo : Bernard Ozès/ IRD)

(Photo : Bernard Ozès/ IRD)

es conditions actuelles dans le Pacifique tropical sont sous la surveillance des chercheurs. Les scientifiques de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), au sein du Legos (CNRS – Université de Toulouse 3 – IRD – CNES) travaillent en collaboration avec des partenaires du Sud comme le Pérou et le Chili pour comprendre et anticiper l’impact du phénomène El Niño sur le climat régional et les ressources.

Doit-on dire : « Un niño, des niños ? »

El Niño est la pulsation du climat la plus spectaculaire car il participe au déséquilibre du plus grand océan du monde, le Pacifique. C'est dans la partie tropicale qu'il naît et entraîne traditionnellement un déplacement des eaux chaudes du Pacifique tropical ouest vers le centre et l’est du Pacifique. Il mène donc à un basculement d’ouest en est du contenu thermique de l'océan, modifiant les échanges de chaleur entre océan etl’atmosphère et perturbant ainsi le climat de l'ensemble de la planète.

Alors que l'on pensait qu'El Niño se manifestait essentiellement par ce mouvement de la piscine d'eaux chaudes vers les côtes équatorienne et péruvienne, il vient d’être découvert qu'El Niño se manifeste aussi sous la forme d'un réchauffement localisé de la partie centrale du Pacifique équatorial. Ce type d'El Niño, nommé Warm Pool El Niño ou encore El Niño Modoki, se distingue de son cousin par son impact spécifique sur la circulation atmosphérique globale. Il provoque en particulier des sécheresses sévères sur l'Australie et en Inde en perturbant la Mousson.

« Identique mais différent », Modoki s’impose

Un travail récent, publié dans la revue Nature, et réalisé en collaboration entre le Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales (Legos) http://www.legos.obs-mip.fr/, l'Institut de recherche et développement océanographique de Corée du Sud (Kordi) http://www.kordi.re.kr/english/bin/main.aspet des instituts de recherche américains, montre que le réchauffement climatique conduirait à des événements El Niño de type Modoki plus fréquents. En effet, sur les dernières décennies, les observations indiquent que le rapport entre le nombre d’El Niño Modoki et d’El Niño «classique» a augmenté significativement.

En offrant l'opportunité de tester l'hypothèse selon laquelle cette tendance pourrait être reliée à l'activité humaine, l'analyse de onze modèles du Giec montre que le climat chaud favorisera l'occurrence plus fréquente d’El Niño de type Modoki. En particulier d’ici la fin du 21ème siècle, ce type d’événement pourrait survenir cinq fois plus souvent qu’actuellement. Cette prédominance est à relier aux changements profonds de la dynamique du Pacifique équatorial provoqués par une élévation de la thermocline (*) (http://www.ifremer.fr/microbio/labo-microbiologie/impact-activites-anthropiques.htm) sous l'effet du réchauffement climatique.

El Niño en région : effets globaux, effets locaux

Le phénomène El niño réapparaît avec les prémices de l’été. Son retour, prévu pour cet hiver avec une anomalie de température maximum en fin d’année, sera de toute évidence moins fort que le phénomène de 1997 et s’apparente de part son amplitude à un événement de type Modoki.

Les organismes internationaux ont pris l’habitude de surveiller et d’annoncer les tendances globales du temps à venir suite aux épisodes chauds du phénomène. Mais ces observations mondiales ne peuvent satisfaire pleinement les besoins de certaines régions de la planète. Le long des côtes sud-américaines, par exemple, le Pérou et l’Equateur ont besoin de données plus fines et localisées prés des côtes pour les communautés de pêcheurs, d’agriculteurs et d’investisseurs dont l’activité et les conditions de vie sont largement impactées par les conséquences de ce phénomène planétaire.

Optimiser les méthodes de prévisions

En misant sur une recherche partenariale avec ces pays, les chercheurs de l’IRD, travaillant au sein du Legos, contribuent à optimiser les méthodes de prévisions ; L’occurrence plus fréquente d’événements El Niño de type Modoki suggère que le réchauffement climatique pourrait provoquer des sécheresses plus répétitives en Australie et en Inde et modifier du même coup la façon dont la variabilité équatoriale influence l'écosystème d'upwelling de la côte ouest du continent Sud-Américain, le plus poissonneux du monde (système de courant de Humboldt). Les scientifiques travaillent sur ces deux régions d’influence (Pacifique Ouest et Est) afin, précisément, de mieux comprendre les effets régionaux du réchauffement global.

(*) thermocline : Couche d’eau marine entre l’eau chaude de surface et l’eau froide des fonds, de transition thermique rapide.

Pour en savoir plus :

Consulter les sites de

- la revue Nature

- les fiches de l'IRD :

http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/2009/fas314.pdf

http://www.ird.fr/fr/actualites/fiches/2009/fas310.pdf