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Editorial politique

Le Bernadette's tour

Bernadette Chirac poursuit aujourd'hui à Avignon son tour de France tranquille de soutien à des candidats de l'opposition. A sa manière, sereine et efficace à la fois,
Non, elle n'a pas changé... Et pourtant nul ne se risquerait aujourd'hui à la croquer en dame patronesse accrochée à son petit sac à main, une image qui faisait au début du septennat les délices des caricaturistes. La vraie Bernadette Chirac, pour être discrète, n'a jamais été effacée... Elle sort de l'ombre avec cette redoutable efficacité que confère l'authenticité. Propulsée vedette de la campagne municipale de l'opposition, elle reçoit de nombreuses demandes de soutien auxquelles elle répond au gré de ses envies et de ses amitiés. Toujours dans des communes difficiles pour la droite, mais rarement pour des causes perdues d'avance. Toujours porteuse d'un message d'union, jamais polémique envers un gouvernement dont il ne lui appartient pas de commenter l'action. Sur le terrain, le succès populaire qu'elle rencontre démontre ce maintien d'un lien affectif entre le président et les Français. Il témoigne aussi de l'incurie des ténors nationaux de la droite bien absents de cette campagne.
«Bernadette Chirac, c'est un atout formidable», confie par exemple un élu local de l'opposition. «Apparemment elle ne parle pas politique, mais elle en maîtrise parfaitement les codes». «Son franc-parler fait un tabac en province et lorsqu'elle s'exprime, il est clair qu'elle n'est pas le simple porte-voix de l'Elysée».
De fait, la première dame de France semble prendre un plaisir jubilatoire à s'abstraire de cette tutelle. Jacques Chirac n'a pas de prise sur son agenda. Pas plus que sa fille, Claude, la grande prêtresse de la communication de l'Elysée. Pour Bernadette Chirac, c'est peut-être une sorte de revanche sur ce tandem si fusionnel dont elle a pu souffrir de se sentir exclue. A certains de ses visiteurs, il arrive au président de lancer joliment «qu'il n'entre pas dans ses prérogatives de mari d'empêcher son épouse de boire un verre avec des amis, ni même d'être consulté sur ses rendez-vous». Contraint de par sa fonction à une réserve, le chef de l'Etat apprécie manifestement l'efficacité de celle qui a fait, il est vrai, ses classes à ses côtés.
Elle est aujourd'hui un atout maitre dans son dispositif. Car nul ne s'y trompe. Si Bernadette Chirac n'est pas dans cette campagne municipale en service commandé par le président, c'est bel et bien au service de sa réélection qu'elle investit son énergie. Certains prédident qu'elle sera moins présente dans le casting de 2002, lorsqu'il s'agira d'incarner une forme de modernité. En attendant, elle aura, elle aussi semé sa petite graine.

par Geneviève  Goetzinger

[28/02/2001]

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