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Chronique des matières premières

Pourquoi la noix de cajou ouest-africaine part en Inde

Jean-Pierre Boris 

		(Photo RFI)
Jean-Pierre Boris
(Photo RFI)
Bénin, Sénégal, Cote d'Ivoire, Mozambique, Tanzanie, tous ces pays africains ont la noix de cajou parmi leurs productions agricoles. Tous subissent des cours mondiaux excessivement bas. Par rapport à l'an dernier, la noix de cajou décortiquée a perdu la moitié de sa valeur. De plus de trois dollars la livre, elle est passée à moins de deux dollars. En conséquence, le prix payé aux paysans producteurs a aussi chuté drastiquement. La raison en est simple. C'est la surproduction mondiale. Inde, Brésil, Vietnam produisent bien au-dessus des niveaux de consommation en Europe et aux Etats-Unis.

Mais sur le marché de la cajou, tous ces pays africains ne partagent pas le même sort. Les pays d'Afrique de l'Est ont réussi à monter des usines de décorticage de ces noix. Depuis que l'Etat s'est désengagé du secteur, il est devenu viable. Ce n'est pas le cas en Afrique de l'Ouest où à quelques exceptions près, les projets industriels ont tourné au fiasco. «Décortiquer la noix de cajou est un travail d'une excessive difficulté et qui requiert une grande précision, explique un négociant. En Inde, le pays au monde où l'on produit le plus de noix de cajou, les femmes savent à la perfection briser la coque sans casser la noix et l'éplucher sans l'abîmer. La tradition est très ancienne poursuit ce négociant +et il y a quatre-vingt pour cent de noix intactes. Le pourcentage tombe à soixante pour cent en Afrique de l'Ouest, où ce sont la plupart du temps les hommes qui travaillent dans les rares usines qui survivent.» Or la valeur de la noix chute de moitié dès qu'elle est abîmée. Conclusion : produire en Afrique de l'Ouest est trop cher et les industriels qui s'y sont essayés n'y investissent plus. Il est nettement moins risqué pour eux d'acheter la marchandise brute dans les campagnes africaines et de l'expédier par containers entiers vers l'Inde où des ateliers de plusieurs centaines de femmes prépareront un produit dont le prix final, dans les commerces européens n'a pas, il faut le souligner, baissé d'un seul centime.

Le Soudan privatise la gomme arabique

Sur le marché de la gomme arabique, c'est la stabilité. La tonne au départ des pays producteurs, c'est à dire les pays de la bande sahélienne se maintient comme depuis le début de l'année autour des mille sept cent dollars. La production est stable à cinquante cinq mille tonnes. Selon une source industrielle, le Soudan qui reste l'un des principaux producteurs avec quarante cinq pour cent de la production a mis un terme au monopole étatique de la commercialisation de cette gomme. Depuis un décret du mois d'août, la commercialisation de la gomme arabique soudanaise est ouverte à la concurrence. La gomme arabique est utilisée en confiserie et dans l'industrie agroalimentaire. C'est une activité qui fait vivre des dizaines de millions de villageois africains dans la région du Sahel.

Et puis en bref, notez que la Russie devrait produire cette saison quarante deux millions de tonnes de blé, près de cinquante pour cent de plus que l'an dernier. Soixante pour cent de cette récolte est à destination humaine, ce qui devrait permettre à la Russie de faire face à ses besoins alimentaires. Au total, la production céréalière devrait légèrement dépasser les quatre-vingt deux millions de tonnes, un peu au-dessus des prévisions officielles.

par Jean-Pierre  Boris

[11/10/2001]

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