La récolte brésilienne de sucre atteinte par El Nino

Jean-Pierre Boris
(Photo RFI)
Au large des ports brésiliens, dans l’océan atlantique, les cargos doivent attendre deux semaines avant d’accoster pour prendre livraison des chargements de sucre du premier producteur mondial. Cet embouteillage maritime provoque des maux de tête pour les traders et les importateurs qui doivent aussi prendre en compte les problèmes logistiques à terre. Parce que une fois à quai, le cargo doit attendre le sucre qui vient parfois des usines à l’intérieur des terres. Ces tracas expliquent en partie la hausse qui s’est produite ces jours-ci sur le marché mondial du sucre. A New York, on est passé de cinq à six cents la livre ce qui reste malgré tout très peu. Mais ce qui explique surtout la hausse des cours, ce sont les questions qui commencent à se poser un peu partout autour de la taille de la récolte brésilienne. Officiellement, tout le monde l’attend à vingt deux millions de tonnes, sept pour cent de plus que l’an dernier.
En réalité, elle devrait être un peu inférieure. La faute à El Nino et à la sécheresse qui frappe depuis quelques semaines les grandes régions productrices du Brésil. Selon tous les experts, cette sécheresse devrait réduire le taux de sucre contenu dans la canne qui est ensuite raffinée. Les évaluations varient autour de dix pour cent de sucre en moins, sans qu’on puisse encore calculer l’impact réel sur la production totale. On en saura plus au mois d’octobre quand le gros de la récolte sera engrangé. Mais il y a une autre raison qui pourrait réduire l’importance de la récolte brésilienne. C’est que le gouvernement a décidé de constituer un très gros stock d’alcool dérivé du sucre. Un produit ensuite utilisé comme combustible automobile. En trois ans, un milliard de litres seront stockés. Cela fera un peu de sucre en moins. Mais ce sera quand même très insuffisant pour faire basculer le marché du sucre de la pléthore à la pénurie.
Léger repli du cacao
Sur le marché du cacao, à Londres, la tonne de fèves a faibli un peu la semaine dernière. Pour une livraison décembre, la tonne valait vendredi dernier mille deux cent cinquante huit livres sterling, en baisse de vingt livres par rapport au début de la semaine. Cela fait environ mille neuf cent cinquante euros la tonne, légèrement moins de deux euros le kilo. A Abidjan, le prix minimum indicatif aux planteurs a été fixé par la Bourse du café et du cacao à six cent francs CFA, soit un peu moins d’un euro. Selon un trader britannique, la hausse des cours du cacao ces derniers mois s’explique par la tendance à la baisse des récoltes en Cote d’Ivoire et au Ghana. Ces deux pays sont les principaux producteurs mondiaux. Selon cet interlocuteur londonien, la baisse des récoltes est la conséquence directe des plantations intensives effectuées ces dernières années dans les deux pays. Les arbres ont bénéficié de très peu d’ombre. Leur rendement a très vite été important. Mais il décline aussi très rapidement.
Et puis en bref, notez que le ministre indonésien de l’agriculture a piqué une grosse colère la semaine dernière. Il a accusé les négociants en produits agricoles d’exagérer l’importance de la sécheresse qui frappe le pays pour obliger le gouvernement à importer des denrées, en passant évidemment par leur intermédiaire.
par Jean-Pierre
Boris
[22/07/2002]