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Editorial politique

Sarkozy superstar

C'était mardi après-midi, dans l'hémicycle. Nicolas Sarkozy venait de répondre à une question sur les violences urbaines à Strasbourg. Et tout à coup, ce regard de Jean-Pierre Raffarin posé sur sur lui. Un mélange de satisfaction et d'admiration pour l'un des ministres les plus professionnels de son gouvernement. Nicolas Sarkozy sait se mettre en scène. A l'Assemblée, il dispose d'une kyrielle d'amis bien disposés à son égard. Ils en font souvent trop. Des questions tellement valorisantes qu'elles frôlent parfois le ridicule.
Qu'importe, le résultat est là. Le ministre de l'Intérieur occupe le terrain, magistral. L'opposition ne sait pas trop comment le prendre. Alors, les critiques fleurent parfois bon la caricature. Qui pourrait par exemple sérieusement croire que Nicolas Sarkozy aurait la tentation de menacer les libertés publiques ? En privé, les députés socialistes saluent l'artiste. Daniel Vaillant, son prédécesseur, envie cette carte blanche qui lui est donnée. La contrepartie est claire: l'obligation de résultats. Et là, certains se permettent de douter. «Cela ne peut pas réussir, confie par exemple un élu socialiste parisien pourtant bluffé par le phénomème, car Nicolas Sarkozy a une conception très second empire de la sécurité... On pacifie le centre des villes et on multiplie les opérations coups de poing dans les banlieues, avec le risque de lasser, sans aucune chance de succès».
L'échec, ce n'est pas si sûr. Car l'enjeu est lourd. Place Beauvau, Nicolas Sarkozy sait jouer son destin. Son avenir politique passe par la réduction de la courbe de la délinquance, celle aussi du sentiment global d'insécurité, la double thématique sur laquelle le gouvernement est attendu au tournant. Le ministre de l'Intérieur a certes hérité du domaine de prédilection des Français.

Mais le terrain miné. On sort rarement populaire de ce poste gouvernemental. Pour en faire un tremplin, il a choisi de rester lui-même. Totalement décomplexé sur le terrain des idées mais très attentif à ne pas sombrer dans une outrance qui lui serait fatale. C'est bien pour ne pas être affublé dans l'avenir d'une image de censeur qui lui aurait longtemps collé à la peau qu'il a ainsi renoncé à interdire la vente du roman Rose bonbon aux mineurs.
Un mélange de pragmatisme et d'énergie qui rappellent curieusement la personnalité de Jacques Chirac. Une volonté acharnée aussi de démontrer à ses amis qu'il est le meilleur, dans sa fonction aujourd'hui de numéro deux du gouvernement. En attendant de disputer cette place «du meilleur d'entre nous»,
et donc la légitimité aussi du combat suprême à un certain Alain Juppé.

par Geneviève  Goetzinger

[24/10/2002]

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