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Editorial politique

Hollande n'est plus une fraise des bois

François Hollande élu hier soir premier secrétaire du Parti socialiste. Il était le seul candidat. Sa reconduction était donc assurée. Elle ne fait pas automatiquement de lui le candidat incontesté du PS à la présidentielle.

Pas encore le candidat d'évidence, mais déjà plus tout à fait cette fraise des bois derrière laquelle se cacheraient les éléphants, selon la formule mordante et cruelle à la fois de Laurent Fabius. François Hollande revient de loin. Il le doit à lui-même, pour avoir su brusquer sa nature bonhomme et consensuelle, pour s'être montré tenace. Tenace pour imposer son calendrier, sa stratégie de conquête du parti. La victoire de sa motion, c'est sa victoire.

En le reconduisant hier à la tête du Parti socialiste, les militants ont d'abord choisi un homme très populaire à la base, pour sa convivialité et sa disponibilité. François Hollande a l'art et la manière de s'adresser aux autres dans une relation chaleureuse et directe. Ils ont aussi applaudi la volonté d'offensive, ce «retour du PS», selon la formule consacrée, retour consacré à Dijon. La réussite du congrès a donné à François Hollande une nouvelle dimension, la légitimité du vainqueur bien sûr. Personne ne saurait la lui contester, ni la revendiquer à sa place. Il a gagné aussi une certaine crédibilité. Samedi, il démontrera à travers la nomination d'une nouvelle équipe dirigeante qu'il est bien le patron. Rajeunie et renouvellée, l'équipe sera le fruit de tractations avec les anciens courants. Mais elle portera surtout la griffe du Premier secrétaire.

C'est beaucoup, ce n'est pas suffisant pour se forger un destin. C'est en tout cas la conviction des amis de Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, voire Bertrand Delanoë, ces éléphants bien décidés à arpenter les fédérations, labourer le terrain, ne pas se faire oublier. Ils ont soutenu François Hollande, conscients qu'un parti en état de marche est le préalable à la reconquête du pouvoir. Ils sont désormais obligés de compter avec lui, de reconnaître qu'en l'espace d'une année, il est passé du statut de premier ministrable à celui de présidentiable. Ils espèrent qu'il en restera là, animateur habile du PS au service des ambitions présidentielle d'un autre.

Un temps encore, ils resteront dans l'ombre, tapis et attentifs. François Hollande devra lui conforter son image. A Dijon, le PS est apparu certes renaissant mais surtout à la remorque du mouvement social. Les ténors ont rivalisé d'ardeur pour gauchir leur discours au moment même où le parti se revendiquait réformiste. Alors, le défi reste entier, d'un vrai virage assumé et tout se jouera finalement au prochain congrès. Si François Hollande démontre son aptitude à faire évoluer le PS sur le plan programmatique, il peut espèrer concurrencer Laurent Fabius, son rival le plus sérieux. Sinon, selon le pronostic de l'un de ses adversaires actuellement ministre «il portera les valises de Laurent Fabius». Il redeviendrait le second de son actuel numéro deux.

par Geneviève  Goetzinger

[23/05/2003]

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