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Editorial politique

Sarkozy le démineur

Il a désormais ses terres, ce département des Hauts-de-Seine rebaptisé mardi soir le Sarkoland par le Premier Ministre décidément en veine d'inspiration. Quant à son champ d'action, il est infini, par la volonté une fois encore de Jean-Pierre Raffarin. Car c'est lui que l'on appelle à la rescousse, en cas de coup dur. Lui qui se fait faussement modeste lorsqu'imperturbablement, il aligne les succès. Le dernier en date, avoir écarté la menace qui pesait sur le baccalauréat, au prix de quelques concessions, en s'employant à désamorcer un mouvement enseignant dont la radicalisation s'annonçait lourde de conséquences pour le gouvernement tout entier. Bien sûr, il n'a pas tout réglé d'un coup de baguette magique, mais voilà confirmée une méthode bien rôdée, la sienne.
Car si nul ne saurait contester la prééminence du chef du gouvernement, son numéro deux s'impose au fil des jours comme un vrai Premier Ministre bis. Nicolas Sarkozy avait déjà depuis sa nomination place Beauvau, chamboulé l'art et la manière de faire de la politique en imposant la médiatisation à marche forcée au coeur de l'action publique. Il n'a désormais plus besoin de jouer des coudes puisque sa primauté est reconnue, acceptée, entérinée au plus haut niveau. Lorsqu'il s'est agi pour Jean-Pierre Raffarin, personnellement trop exposé sur la question de l'école de trouver un homme providentiel, c'est naturellement à lui qu'il a pensé. Confier au ministre en charge de la police de s'occuper de l'école, cela n'a rien de banal, même si c'est vrai, la décentralisation est de son ressort. Un hommage sans doute à son professionnalisme, un vrai risque politique aussi.

Pour le Premier Ministre bien sûr, car l'apaisement s'il se confirme, sera porté au crédit de son ministre de l'Intérieur. Lorsque l'on interroge Jean-Pierre Raffarin sur les succès de Nicolas Sarkozy, il a toujours à coeur de les re-situer dans une démarche collective. Dans le cas présent, le changement de ton des syndicats enseignants répond directement à la capacité personnelle du ministre de renouer les fils rompus du dialogue.
En faisant la démonstration que l'action se nourrit aussi de l'écoute des autres, Nicolas Sarkozy lance enfin une pierre dans le jardin de son principal concurrent, Alain Juppé. Le patron de l'UMP se garde bien de la moindre critique, mais ne force pas trop sur le compliment. On le comprend. Nicolas Sarkozy n'est pas seulement le Premier Ministre bis. Il se forge avec cette détermination décomplexée qui le caractérise une dimension de présidentiable. A petits pas pour commencer, mais ces derniers jours, il a fait un pas de géant.

par Geneviève  Goetzinger

[12/06/2003]

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