Géorgie
Crise à la frontière adjare
La tension monte entre la Géorgie et la république autonome d’Adjarie depuis que le président Mikhaïl Saakachvili s’est vu refuser, deux fois de suite, le passage de la frontière par des hommes en armes, le 14 mars. Le chef de l’Etat géorgien a décidé de lancer un ultimatum au dirigeant adjar, Aslan Abachidzé, pour l’inciter à accepter de le laisser se déplacer librement dans la république dans la perspective des élections législatives du 28 mars prochain. Mais Aslan Abachidzé a rejeté les conditions posées par Tbilissi qu’il accuse de vouloir renverser son pouvoir par la force.
Mikhaïl Saakachvili, le président géorgien, n’a pas apprécié d’avoir été bloqué à la frontière avec l’Adjarie, une petite république autonome située à l’ouest de la Géorgie au bord de la mer Noire. Au lieu de rebrousser chemin vers Tbilissi, il a décidé de rester à proximité, dans le port de Poti, situé à l’ouest de la Géorgie, et de tenir le 15 mars un conseil des ministres extraordinaire pour décider de la conduite à tenir dans cette crise. Il a aussi lancé immédiatement un ultimatum au pouvoir adjar qu’il a qualifié de «féodal», en lui laissant jusqu’au lundi 15 mars au soir pour assurer sa libre de circulation mais aussi «désarmer les formations illégales» [la garde d’Aslan Abachidzé composée d’environ 1 000 hommes] présentes sur le territoire et garantir la liberté de la campagne électorale dans le cadre des législatives prévues pour le 28 mars. En cas de refus, le président géorgien a menacé de mettre en place un blocus économique de la république. Des mesures ont d’ailleurs été immédiatement prises pour interdire le survol du territoire, le trafic routier et empêcher l’accès au port stratégique de Batoumi, capitale de la république, par lequel transite le pétrole en provenance du Kazakhstan et du Turkménistan.
Face à ces menaces, le chef de la république d’Adjarie, Aslan Abachidzé, qui se trouvait en Russie mais a réussi à rentrer dimanche, malgré la fermeture de l’espace aérien, n’a pas fait mine de céder. Il a refusé en bloc les conditions du président Saakachvili et a accusé la Géorgie de tenter de renverser son pouvoir par la force sous couvert d’organiser une campagne électorale. Il a même demandé aux Russes, dont il est très proche, d’intervenir pour défendre l’Adjarie. Moscou n’a pas accédé à cette demande mais le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Alexander Iakovenko, a tout de même indiqué qu’en cas de crise ou d’affrontements «toute la responsabilité» incomberait aux dirigeants géorgiens.
Jouer la carte de l’asphyxie économique et financière
Les positions se sont radicalisées depuis quelques jours mais la crise couve depuis l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Saakachvili, qui a été élu président de Géorgie en janvier 2004, après le renversement d’Edouard Chevarnadzé, et a affiché d’entrée son orientation pro-occidentale. L’animosité avec le chef de la république d’Adjarie, Aslan Abachidzé, lui-même ancien apparatchik toujours très proche de Moscou, a été immédiate. D’autant que l’un des thèmes de campagne de Saakachvili a été de rétablir l’intégrité territoriale de la Géorgie en renforçant l’autorité de Tbilissi sur l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, qui ont fait sécession, mais aussi sur l’Adjarie, qui bénéficie d’un statut d’autonomie.
Dans ce contexte, Aslan Abachidzé, qui ne revendique pas l’indépendance mais veut continuer à gérer la république sans avoir à rendre de comptes à Tbilissi, a dénoncé les rapprochements entre le pouvoir géorgien et l’opposition adjare dans le cadre de la campagne électorale pour les législatives du 28 mars. Il a donc décidé de décréter l’état d’urgence, le couvre-feu et d’interdire les manifestations, en affirmant qu’elles étaient propice à des actions menées par des unités d’élite géorgiennes infiltrées.
Du point de vue de Mikhaïl Saakachvili, par contre, la responsabilité de la crise actuelle incombe entièrement à Aslan Abachidzé. Il estime, en effet, que l’intervention de ses soldats pour l’empêcher de pénétrer en Adjarie représente ni plus, ni moins qu’une «tentative de déclencher une révolte armée contre la Géorgie» à la veille d’un scrutin important, à l’occasion duquel Aslan Abachidzé redoute de perdre sa suprématie. C’est pour cette raison que le président géorgien a annoncé que son premier objectif dans cette crise était d’empêcher le sabotage du scrutin du 28 mars pour «défendre la démocratie et les droits de l’homme en Adjarie». Mais Mikhaïl Saakachvili a démenti envisager une intervention militaire, pourtant évoquée par Moscou, pour atteindre le but qu’il s’est fixé, même si les troupes géorgiennes ont été placées en état d’urgence. En l’absence d’un véritable dialogue entre les protagonistes, le président géorgien affirme vouloir jouer la carte de l’asphyxie économique et financière grâce au blocus de la petite république pour contraindre son adversaire à accepter ses conditions.
Face à ces menaces, le chef de la république d’Adjarie, Aslan Abachidzé, qui se trouvait en Russie mais a réussi à rentrer dimanche, malgré la fermeture de l’espace aérien, n’a pas fait mine de céder. Il a refusé en bloc les conditions du président Saakachvili et a accusé la Géorgie de tenter de renverser son pouvoir par la force sous couvert d’organiser une campagne électorale. Il a même demandé aux Russes, dont il est très proche, d’intervenir pour défendre l’Adjarie. Moscou n’a pas accédé à cette demande mais le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Alexander Iakovenko, a tout de même indiqué qu’en cas de crise ou d’affrontements «toute la responsabilité» incomberait aux dirigeants géorgiens.
Jouer la carte de l’asphyxie économique et financière
Les positions se sont radicalisées depuis quelques jours mais la crise couve depuis l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Saakachvili, qui a été élu président de Géorgie en janvier 2004, après le renversement d’Edouard Chevarnadzé, et a affiché d’entrée son orientation pro-occidentale. L’animosité avec le chef de la république d’Adjarie, Aslan Abachidzé, lui-même ancien apparatchik toujours très proche de Moscou, a été immédiate. D’autant que l’un des thèmes de campagne de Saakachvili a été de rétablir l’intégrité territoriale de la Géorgie en renforçant l’autorité de Tbilissi sur l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, qui ont fait sécession, mais aussi sur l’Adjarie, qui bénéficie d’un statut d’autonomie.
Dans ce contexte, Aslan Abachidzé, qui ne revendique pas l’indépendance mais veut continuer à gérer la république sans avoir à rendre de comptes à Tbilissi, a dénoncé les rapprochements entre le pouvoir géorgien et l’opposition adjare dans le cadre de la campagne électorale pour les législatives du 28 mars. Il a donc décidé de décréter l’état d’urgence, le couvre-feu et d’interdire les manifestations, en affirmant qu’elles étaient propice à des actions menées par des unités d’élite géorgiennes infiltrées.
Du point de vue de Mikhaïl Saakachvili, par contre, la responsabilité de la crise actuelle incombe entièrement à Aslan Abachidzé. Il estime, en effet, que l’intervention de ses soldats pour l’empêcher de pénétrer en Adjarie représente ni plus, ni moins qu’une «tentative de déclencher une révolte armée contre la Géorgie» à la veille d’un scrutin important, à l’occasion duquel Aslan Abachidzé redoute de perdre sa suprématie. C’est pour cette raison que le président géorgien a annoncé que son premier objectif dans cette crise était d’empêcher le sabotage du scrutin du 28 mars pour «défendre la démocratie et les droits de l’homme en Adjarie». Mais Mikhaïl Saakachvili a démenti envisager une intervention militaire, pourtant évoquée par Moscou, pour atteindre le but qu’il s’est fixé, même si les troupes géorgiennes ont été placées en état d’urgence. En l’absence d’un véritable dialogue entre les protagonistes, le président géorgien affirme vouloir jouer la carte de l’asphyxie économique et financière grâce au blocus de la petite république pour contraindre son adversaire à accepter ses conditions.
par Valérie Gas
Article publié le 15/03/2004 Dernière mise à jour le 05/05/2004 à 08:40 TU