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Chronique des matières premières

Cuba, du sucre au nickel

Jean-Pierre Boris 

		(Photo RFI)
Jean-Pierre Boris
(Photo RFI)
A La Havane, au ministère de l’Economie, les dirigeants cubains consultent tous les jours l’évolution des cours mondiaux du nickel. Les collines de la région de Guantanamo, à proximité de la base américaine où sont détenus les prisonniers d’Al-Qaida, contiennent en effet d’énormes gisements de nickel. A vrai dire ce n’est pas une nouveauté. Les premières traces d’exploitation de ce nickel remontent aux toutes premières années du XXe siècle. La première usine fut construite en 1944 par les Américains. Il y a quinze ans, la production de nickel s’était effondrée au moment du départ des Soviétiques. Pendant près de trente ans ceux-ci avaient porté l’économie cubaine à bout de bras. Une fois les grands frères partis, il a presque fallu repartir de zéro. Aujourd’hui, Cuba a une capacité de production de 78 000 tonnes de nickel. «D’ici deux ans, affirme un spécialiste, l’île devrait atteindre les 100 000 tonnes». Avec le tourisme, le nickel est devenu la première source de devises étrangères pour Cuba. L’an dernier, les exportations de ce métal ont rapporté environ 800 millions de dollars. Le pays a profité à plein de l’envolée des cours mondiaux et ce n’est pas fini. C’est trois fois plus que ce qu’a rapporté le sucre. Car le temps est révolu où Cuba comptait avant tout sur sa production de sucre et où Castro mobilisait la population toute entière pour aller dans les champs, machette à la main. Une seule difficulté pour les exportations de nickel: l’embargo américain interdit l’utilisation de nickel cubain jusqu’au troisième stade de transformation. C’est à dire qu’une petite cuillère fabriquée en Europe avec de l’acier inoxydable contenant quelques grammes de nickel cubain ne pourra être importée aux Etats-Unis. Cela explique une certaine discrétion du côté des exportateurs cubains quant à leurs clients, une discrétion qui va parfois même jusqu’à l’absence de documents de vente écrits.

Baisse du cuivre et du soja

La remontée du dollar sur les marchés des changes a coincidé avec une vague de prises de bénéfices sur les marchés des matières premières. Hier on parlait ici de l’effritement de l’once d’or. Mais le cuivre et le soja, deux des produits qui avaient le plus progressé au cours des derniers mois ont eux aussi été frappés par le désengagement des fonds d’investissement. Hier à Londres, la tonne de métal rouge à trois mois ne valait plus que 2883 dollars. A Chicago, le soja perdait aussi un peu de terrain. Mais tout cela n’est que momentané. Ainsi, selon les spécialistes de la revue Oil World de Hambourg, la hausse devrait se poursuivre jusqu’en juin prochain car pour tous les oléagineux, le marché est très serré et les stocks baissent énormément.

Et puis en bref, selon l’Organisation internationale du sucre, la production devrait chuter cette année pour la première fois depuis quatre ans, à 146 millions de tonnes. Chinois, Indiens et Européens produisent moins. Production et consommation sont au même niveau.Mais les stocks mondiaux continuent à déborder.

par Jean-Pierre  Boris

[05/03/2004]

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