Chronique des matières premières
S’il y a une Algérie qui se porte bien, c’est celle de l’énergie. Le pays est producteur de pétrole, mais surtout de gaz. C’est le principal producteur du continent africain. L’an dernier, la Sonatrach, la compagnie algérienne d’hydrocarbures a produit 211 millions de tonnes équivalent pétrole. C’était 3% de plus qu’en 2002. Pour ce qui est du pétrole, Alger en produit environ un million quatre cent mille barils par jour. C’est le double du quota qui lui est affecté par l’OPEP depuis la baisse de production du 1er avril dernier. Mais les dirigeants algériens n’ont rien contre cette baisse de production de l’OPEP. Bien au contraire. Lors des négociations qui ont précédé la réunion de Vienne, la semaine dernière, où la baisse des quotas a été entérinée, le ministre algérien du pétrole militait pour une position très ferme. Il ne voulait pas entendre parler d’un maintien voire d’une augmentation des exportations des pays de l’OPEP. Alger comme la plupart des nations productrices de pétrole a tout intérêt à maintenir des prix élévés. D’autant plus intérêt que les prix du gaz suivent fidèlement ceux du pétrole, même si souvent les contrats d’exportation sont conclu pour de longues périodes. En tout cas, en prenant position pour une attitude rigoureuse, les Algériens comme la majorité des pays de l’OPEP ont résisté aux énormes pressions américaines. Washington militait évidemment pour une hausse de la production qui entraînerait une baisse des prix. On ne peut pas dire que cela en prenne vraiment le chemin.
Paradoxalement d’ailleurs, le gouvernement américain contribue à sa manière à la hausse des cours. D’abord, en se montrant incapable de maîtriser la situation en Irak. C’est peu dire que la situation quasi-insurrectionnelle ces derniers jours au sein de certains secteurs de la communauté chiite n’aide en rien à l’accalmie sur le front pétrolier. C’est bien connu, insécurité et investissements ne vont pas de pair. Or, pour relancer son industrie pétrolière au delà d’un simple rafistolage, l’Irak a besoin de milliards et de milliards de dollars. Et bien sûr, ce qui se passe en Irak ne peut qu’inquiéter quant à la stabilité de toute la région, principale productrice de pétrole au monde.
Il y a une deuxième facette de la politique du président Bush qui contribue à faire monter les prix du pétrole. C’est sa décision de remplir les stocks stratégiques. Certes, le gouvernement américain ne prélève que 150 000 barils jours sur une demande totale de 20 millions de barils. On pourra dire que c’est peu. Mais sur les marchés des matières premières, tout se joue souvent aux marges. Il suffit d’un petit pourcentage en plus ou en moins pour faire basculer un marché. C’est ce qui se passe en ce moment, à la hausse, pour le plus grand bénéfice des producteurs comme les Algériens.
par Jean-Pierre Boris
[08/04/2004]
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