Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Afrique du Sud

La province de l’Etat libre

Bloemfontein, La «fontaine aux fleurs» voit naître, en 1912, le SANNC (<EM>South African Natives National Congress</EM>), transformé en ANC (<EM>African National Congress</EM>) quelques années plus tard.   

		(Photo: South African Tourism)
Bloemfontein, La «fontaine aux fleurs» voit naître, en 1912, le SANNC (South African Natives National Congress), transformé en ANC (African National Congress) quelques années plus tard.
(Photo: South African Tourism)
Au coeur de l’Afrique du Sud, c’est ici que se sont forgés des événements marquants de l’histoire du pays.
Paysage agricole dans la province du Vrystaat.  

		(Photo: South African Tourism)
Paysage agricole dans la province du Vrystaat.
(Photo: South African Tourism)

Voilà donc, au centre du pays, une région grande comme trois fois la Suisse (129 480 km2), délimitée par l’Orange au sud, la N12 à l’ouest, la Vaal au nord et le front gréseux des Maluti à l’est. En 1840, Johannes Brits, fermier bougon et solitaire, s’installa au lieu-dit Bloemfontein (la fontaine aux fleurs), une source entourée de trèfles que les Africains préféraient appeler Mangaung (l’endroit des léopards). Dans cette immense plaine où le lent travail de l’érosion laisse subsister les fameux koppies, ces petites collines de dolomie aux sommets aplatis, il ne passait à l’époque pas grand-monde. En 1846, Johannes vit arriver un bel attelage, celui du major Henry Douglas Warden venu prendre son poste de British Resident dans les plaines centrales d’Afrique du Sud. Warden, que la rumeur faisait enfant naturel d’un Stuart (famille royale écossaise) et d’une reine de beauté d’Edimbourg, construisit Fort Drury.

L’Orange River Sovereignty dura jusqu’en 1854. Après s’être bien amusés à chasser le lion dans les environs, les Britanniques durent rendre les clés aux fermiers boers qui créèrent l’Etat libre d’Orange. Bloemfontein devint alors la capitale d’un Etat souverain, un pays façonné par le quart de siècle de présidence de Johannes Brand. Le rêve prit fin avec la défaite des nationalistes au terme de la guerre anglo-boer en 1902. L’Etat libre fut remplacé par la Colonie de l’Orange, et l’on commença à cultiver l’anglophobie et le maïs. Dès 1910 pourtant, Bloemfontein devait retrouver un statut à la mesure de ses ambitions : la ville fut choisie pour accueillir, en tant que capitale judiciaire de l’Union, le siège de la Appellate Division of the Supreme Court, la plus haute institution du pays.

La «fontaine aux fleurs» voit également naître, en 1912, le SANNC (South African Natives National Congress), transformé en ANC (African National Congress) quelques années plus tard. Pixley Seme, président du Congrès, organise ici en 1935 l’All African Convention. C’est encore à Bloemfontein qu’à la fin de 1994 le premier président sud-africain issu de l’ANC, Nelson Mandela, s’adresse aux militants de son parti réunis en assemblée générale. Songeait-il alors au principe formulé par les rédacteurs de la Constitution de l’Etat libre d’Orange (1854): «Seuls les Blancs sont citoyens de la République ?».

L’agriculture (céréales, bétail) est la principale richesse de l'Etat libre où l’on trouve 31 % du total des terres arables du pays.  

		(Photo: South African Tourism)
L’agriculture (céréales, bétail) est la principale richesse de l'Etat libre où l’on trouve 31 % du total des terres arables du pays.
(Photo: South African Tourism)

Aujourd’hui le Vrystaat est une des neuf provinces de la nouvelle Afrique du Sud. Plus de trois millions de personnes y vivent; l’agriculture (céréales, bétail) est la principale richesse de cette région où l’on trouve 31 % du total des terres arables du pays. Des différences très importantes existent entre les communautés qui parlent majoritairement le sesotho et l’afrikaans. L’espérance de vie des Blancs dépasse de dix ans celle des Noirs. Grâce au secteur agricole très actif, le taux de chômage est moins élevé que dans les régions industrielles à forte population. Sur le plan économique, ne négligeons pas le secteur minier. L’Orange a son or. Au nord de la province, les Gold-Fields, (rebaptisés Lejweleputswa, plus politiquement correct bien qu’imprononçable) autour de Welkom et Virginia cachent des réserves estimées à 10 milliards de rands, fournissant dès aujourd’hui 30% de la production nationale de métal jaune. A l’est de la province, des relations étroites se sont développées avec le royaume indépendant du Lesotho, un Etat qui foit sa fondation aux missionnaires protestants français.

D’ailleurs, en approchant de Maseru, tournez le bouton de votre autoradio et suivez les émissions… de Radio France Internationale sur 96.5 Mhz en FM.

Contre l’Anglais

«Brève mais meurtrière, la guerre Anglo-Boer trouve son origine dans les efforts de l’Empire pour contrôler des républiques boers récalcitrantes, avec une visée particulière sur la région de Johannesburg, prometteuse depuis la découverte de l’or (1886). Après le stérile siège boer de villes (Ladysmith, Mafikeng), la guerre tourna rapidement à l' avantage des Anglais, renforcés et mieux équipés, jusqu’à la capitulation boer en 1900. Mais s’engagea alors une longue guérilla, menée par des commandos boers, meurtrière et coûteuse pour la Couronne. Seule une terrible politique de ‘terre brûlée’ (destruction de fermes boers, camps de concentration) eut raison des Boers et aboutit au Traité de Vereeniging (mai 1902) par lequel les républiques boers devinrent des colonies britanniques», écrit Philippe Bernes-Lasserre, témoin pour l’AFP des cérémonies marquant le centième anniversaire de la guerre. Un conflit considéré par beaucoup, à l’époque et encore aujourd’hui, comme une guerre de libération. La défaite fut très durement ressentie. Les 27 000 suppliciés des camps anglais hantaient les consciences et semblaient appeler le peuple afrikaner à la revanche.

Exclus du monde économique, considérés comme des «sauvages blancs», les Boers allaient s’attaquer à miner la citadelle coloniale afin de récupérer un jour leur droit à l’autodétermination. Le pouvoir allait en effet leur revenir, et pendant longtemps ils ne voudraient pas le partager. Ainsi, le dessein original de l’apartheid politique fait suite à une dramatique humiliation et correspond à un souci d’enracinement, d’identification à la terre, poussé jusqu’à la confiscation.


par Vincent  Garrigues

Article publié le 12/04/2004 Dernière mise à jour le 14/04/2004 à 13:11 TU


Cet article a été initialement publié dans le guide le Petit futé: Afrique du Sud

Réalisation multimédia : Marc Verney/RFI