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Afrique du Sud

La province de Limpopo

La Limpopo Province apparaît comme la région la plus pauvre du pays. 

		(Photo: South African Tourism)
La Limpopo Province apparaît comme la région la plus pauvre du pays.
(Photo: South African Tourism)
Tout au nord du pays, cette région recèle des terres sauvages en lisière du Zimbabwe.

Direction le grand nord, le Limpopo, fleuve au nom si beau qu’il accompagne désormais la destinée officielle de l’ancien Transvaal du nord. Une terre rebelle, brûlée, sanguine, la plus africaine qui soit. Loin des villes où se concentrent les tensions sociales, découvrez vers l’ouest, par delà le Waterberg, des brousses éclatantes, des ranchs isolés, des réserves de chasse ou de safari-photo tenues par de solides gaillards. Car il faut être solide ! Le Zimbabwe n’est pas loin, qui a versé le poison du racisme anti-blanc dans la soupe quotidienne.

Devant l’effondrement de leur économie, des milliers de clandestins ont débarqué à la nage puis à travers les barbelés de la frontière. Depuis la réintégration en 1994 des populations des Etats noirs indépendants ou autonomes, la Limpopo Province apparaît comme la région la plus pauvre du pays. Les hôpitaux, les écoles, les administrations, doivent maintenant être partagés par tous, c’est-à-dire par près de 550 000 personnes. Une mortalité infantile de 57/1000, un taux d’occupation des salles de classe de 139%, plus de 60% des citoyens de plus de quinze ans sans source de revenus, la fièvre typhoïde galopante, un revenu par habitant - le plus bas du pays - d’environ 720 rands, voilà en quelques chiffres le portrait d’une province pauvre et magnifique. L’assemblée régionale est dominée à une écrasante majorité par l’ANC, comme d’ailleurs le gouvernement local.


Une terre rebelle, brûlée, sanguine, la plus africaine qui soit. 

		(Photo: South African Tourism)
Une terre rebelle, brûlée, sanguine, la plus africaine qui soit.
(Photo: South African Tourism)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Polokwane

Située dans une dépression naturelle, le Polokwane des Sotho, la capitale régionale cultive le souvenir de Pieter Joubert, le héros de la bataille de Majuba, qui n’est autre que le lointain descendant de Pierre Joubert, huguenot de Provence arrivé au Cap en 1688. C’est un groupe de Voortrekkers, chassé de Schoemansdal par les Venda, qui fonda la ville le 11 novembre 1884. Quasiment encerclée jusqu’en 1994 par l’Etat noir autonome du Lebowa, Pietersburg (200 000 habitants) doit aujourd’hui faire face à un afflux de populations déshéritées. Les tensions sociales y sont de plus en plus fortes.

Chez « French Bob ».

En 1888, la rumeur de l’or tourna la tête des aventuriers de tout poil. Un nouveau gisement aurait été découvert par le géologue Roderick Murchison… Une moisson de carats à portée de pelles. Cela devait durer une bonne dizaine d’années, suffisamment pour créer dans le coin une petite vie sociale, avec ses bars, son hôtel, ses commerces et son journal (The Leydsdorp Leader). Au temps de la ruée, les camps s’appelaient Great Bonanza, Dirty Dick ou encore French Bob. On visite aujourd’hui Leydsdorp, ex-French Bob Camp, le petit bourg organisé autour de la personnalité étonnante du Français Auguste Robert, qui en fut la vedette locale. Il est difficile d’imaginer que le Leydsdorp Leader, publié pour la première fois sur huit pages en 1891, touchait près de 5 000 lecteurs. Une vieille pompe à essence trône devant les bâtiments : c’est une Total, ce qui confirme que le pétrolier français est allé planter ses tuyaux absolument partout.

En marchant dans ce village, peut-être aurez-vous comme moi un petit frisson le long de la colonne vertébrale, le sentiment étrange qu’on vous observe. La poussière rouge de la piste teinte les bâtiments. Un lecteur enchanté m'écrit pour me donner des compléments d'info et dire son bonheur d'avoir été là. Nico et Leitte Pieterse s’occupent de l’hôtel de Leydsdorp (082 728 1020). L’établissement est absolument charmant avec son petit bar aux bières fraîches et une salle à manger assez grande pour dîner en compagnie d’une centaine de fantômes. Le piano dans un coin, le parquet qui grince… Non, vraiment, tout y est !


par Vincent  Garrigues

Article publié le 12/04/2004 Dernière mise à jour le 14/04/2004 à 13:11 TU


Cet article a été initialement publié dans le guide le Petit futé: Afrique du Sud

Réalisation multimédia : Thomas Bourdeau