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Afrique du Sud

La province du Kwazulu Natal

Les Sud-Africains sont fiers de leur Golden Mile où ils viennent par milliers passer des vacances entre béton et néon. 

		(Photo: South African Tourism)
Les Sud-Africains sont fiers de leur Golden Mile où ils viennent par milliers passer des vacances entre béton et néon.
(Photo: South African Tourism)
Dans cette province bordée par l'Océan indien, toutes les Afrique du Sud se cotoient.

Extraordinaire diversité des paysages, étonnante complexité de la mosaïque humaine… Il y a bien plusieurs “Natal” qui se côtoient, s’aiment ou se détestent, réunis en fin de compte dans l’adversité. Cette petite province de 91 481km2, peuplée de dix millions d’habitants, tourne le dos au reste du pays pour mieux regarder vers la mer des Indes et se flatter d’être tout à la fois, ou plutôt consécutivement, zoulou, indienne et anglaise. Donc différente. Laissons parler la géographie et concluons: c’est la terre qui fait l’identité. A l’ouest, côté continental, le massif du Drakensberg et les monts du Swaziland barrent l’horizon ; au sud, on bute contre les hauts plateaux du pays xhosa ; au nord, il faut compter avec les bourbiers et les marécages du Maputaland. Il reste alors l’océan, comme seule fenêtre sur le monde, d’où vinrent les Anglais qui, à leur tour, firent venir les Indiens.


Ici le mémorial d'une bataille entre Boers et Anglais à Spioenkop. 

		(Photo: South African Tourism)
Ici le mémorial d'une bataille entre Boers et Anglais à Spioenkop.
(Photo: South African Tourism)

Beaucoup de sang fut versé pour que chacun trouve sa place. Voortrekkers contre Zoulous, Zoulous contre Anglais, Anglais contre Boers : finalement, ces derniers choisirent le repli vers l’hinterland, laissant aux commerçants leur comptoir… et le soin de régler le problème de la cohabitation avec les “ fils du ciel ”, ces Zoulous si pugnaces.

Ainsi, à l’heure où les Voortrekkers bâtissaient leurs fermes dans les plaines vides du haut veld, les administrateurs britanniques de la colonie du Natal inventaient l’apartheid avant tout le monde en créant les premières réserves indigènes pour Zoulous. On sait malheureusement que le principe devait faire école. La création de l’Union puis de la République sud-africaine, le départ puis le retour au sein du Commonwealth, l’avènement de la démocratie n’ont que très peu changé ce Natal provocateur. Plus de 80% de la population utilise le zoulou comme première langue, l’anglais n’étant employé que par 15% des Nataliens et l’afrikaans par seulement 2% d’entre eux.

Paysage de montagnes au Kwazulu Natal. 

		(Photo: South African Tourism)
Paysage de montagnes au Kwazulu Natal.
(Photo: South African Tourism)

La montagne et la mer

Le vert Natal se fait appeler la “Garden Province”… et ce n’est pas pour rien : vertes les dunes du Maputaland, vertes les collines autour de Tugela Ferry, vertes les cannes de la côte des Dauphins, verte l’herbe grasse des Midlands, verte la piste de Himeville. On se lancera donc sur les chemins à la découverte d’une Afrique aux goûts de samoussas, de maïs bouilli, de sucre brûlé, de gelée mentholée, en allant caresser du regard les mille mamelons de Botha’s Hill avant de s’offrir une expérience de “_haute montagne_” au Sani Pass, en traversant les prairies pelées des “_battlefields_” de l’intérieur, pour mieux apprécier ensuite la luxuriance caraïbe de la côte à San Lameer ou la nature majestueuse du lac Saint Lucia. Le jour de Noël 1497, le Portugais Vasco de Gama aperçut la côte et la baptisa “Natal” (Noël). En 1823, des commerçants du Cap qui souhaitaient acheter de l’ivoire aux Zoulous s’établirent à Port-Natal, rebaptisé en 1835 Durban, en l’honneur de Sir Benjamin d’Urban, gouverneur de la colonie du Cap.
Durban est un grand port qui cache bien son jeu. 

		(Photo: South African Tourism)
Durban est un grand port qui cache bien son jeu.
(Photo: South African Tourism)

Durban

Durban est un grand port qui cache bien son jeu. S’il ne s’éloigne pas du centre et du front de mer touristique, le voyageur n’en verra rien ou presque. Cette ville de quatre millions et demi d’habitants ne livre pas ses clés trop vite, préférant se donner du temps pour gagner le visiteur à ses charmes orientaux. Quelques heures, ou quelques jours… cela dépend de son humeur. L’Office du tourisme promet 320 jours de soleil par an, avec un bon 30°C de janvier à mars, un hiver à 20°C de juin à août et quelques pluies terrifiantes de septembre à novembre. On s’y baigne toute l’année. En simplifiant, on dira qu’il y a deux villes : le Durban de l’intérieur, avec ses vieux bâtiments, son quartier indien, ses centres commerciaux rutilants et ses tours de verre, puis le Durban côté mer, son esplanade et ses toboggans, ses hôtels poussés comme des champignons après la pluie, chacun semblant vouloir grignoter quelques mètres carrés à l’autre, histoire d’impressionner un peu plus les Sud-Africains, si fiers de leur Golden Mile où ils viennent par milliers passer des vacances entre béton et néon.

Les débuts de la canne à sucre

La « iMpha » (canne sucrée) des Zoulous était connue depuis longtemps lorsqu’en 1847 les frères Milner importèrent 40 000 pieds de canne à sucre de la Réunion et de Maurice… pour voir ! Résultat spectaculaire. La Mauritius Red Cane apparut vite beaucoup plus rentable que la variété traditionnelle des Zoulous. Encouragé par un ami mauricien, Edmund Morewood se lança alors dans l’aventure du sucre. A partir de cannes réunionnaises plantées à « Compensation », sa propriété, l’ancien directeur du port de Durban produisit le premier sucre d’Afrique du Sud en 1851 ; le moulin était alors actionné par quatre Zoulous.

Après les inondations de 1856, on replanta très rapidement, et bientôt la main-d’œuvre vint à manquer. Les Noirs étaient visiblement dépourvus de la fibre sucrière. Le 16 novembre 1860, quelque 340 ouvriers arrivèrent de Madras à bord du Truro, bientôt suivis de 6 000 autres compatriotes au fil des mois. Les planteurs payaient les Indiens 10 shillings par mois la première année. Ce salaire augmentait progressivement jusqu’à atteindre la somme de 15 shillings après la cinquième année de travail ! Ensuite, l’ouvrier était libre de rentrer au pays ou de faire sa vie en Afrique. La plupart décidèrent de rester sur leur terre d’adoption.

Aujourd’hui, les Indiens d’Afrique du Sud forment une communauté riche et cohérente, religieusement stable, qui s’honore d’avoir accueilli pendant plusieurs années le Mahatma Gandhi. Edmund Morewood, lui, fit faillite en Afrique du Sud. On retrouve sa trace au Brésil, où il fut conseiller dans une exploitation sucrière jusqu’à sa mort. L’Afrique du Sud produit aujourd’hui plus de deux millions de tonnes de sucre, principalement au Natal mais aussi à Komatipoort dans le Mpumalanga. Quelques grandes familles ont fondé leur puissance sur la canne ; elles sont presque toutes d’origine anglaise, à l’exception notable des Bodasing. Parthab Bodasing vit comme un prince à New Guelderland sur la côte Nord, entouré de sa famille et des domestiques, sans oublier que son grand-père était arrivé par le bateau des Indes, un beau jour de 1874, sans une roupie en poche.


par Vincent  Garrigues

Article publié le 12/04/2004 Dernière mise à jour le 14/04/2004 à 13:10 TU


Cet article a été initialement publié dans le guide le Petit futé: Afrique du Sud

Réalisation multimédia : Thomas Bourdeau