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Chronique des matières premières

Thaïlande, violence et caoutchouc

Jean-Pierre Boris 

		(Photo RFI)
Jean-Pierre Boris
(Photo RFI)

Victime d’une flambée de violence qui a fait une centaine de morts avant-hier, le sud de la Thaïlande pourrait connaître quelques problèmes économiques. La région, à majorité musulmane, où ont eu lieu les affrontements, est en effet l’une des principales zones de production de caoutchouc du pays. Et la Thaïlande en est le principal producteur mondial. Déjà depuis le début de l’année, les paysans thaïlandais ont été obligés de modifier leurs habitudes de travail en raison de l’insécurité. Jusqu’alors, ils effectuaient la saignée des hévéas en pleine nuit, vers deux heures du matin. Dorénavant, ils le font à six heures du matin. Or la coulée du latex est plus abondante avant le lever du soleil. Depuis le début de l’année, la production de la région a donc un peu diminué. Pour l’instant, rien de très significatif. On sort de la période d’hivernage. La production n’est pas encore très importante. Mais, à Bangkok, les traders prévoient à terme une baisse de 10% de la production de la région. Pour l’instant, la demande internationale n’est pas des plus vigoureuses. Mais dès que la Chine sera sortie de la période de congés qu’elle connaît en ce moment, ses achats se feront de nouveau massivement. Ce qui pourrait accroître la tension sur les prix, dit-on à Bangkok. A Amsterdam, les négociants européens, eux, se montrent plus prudents sur les conséquences des troubles dans le sud de la Thaïlande. Ils savent que malgré les problèmes politiques, les matières premières sortent toujours. Ils en veulent pour preuve qu’en Indonésie, autre grand producteur de caoutchouc, au plus fort des troubles qui avaient suivi la chute du président Suharto, en 1998, le caoutchouc avait fini par se retrouver sur les marchés mondiaux.

L’Irak fait flamber le thé

Les prix du thé sont nettement en hausse. Principal facteur, la demande irakienne. Les Irakiens ont lancé un appel d’offre pour trente millions de kilos. Dans le thé, on parle en kilos et pas en tonnes. Ce sont les producteurs du sud de l’Inde qui emporté le gros du marché irakien. Mais la récolte dans ces Etats est insuffisante. Résultat, les Indiens sont obligés d’aller faire leurs emplettes ailleurs. Ils vont se fournir au Vietnam, en Indonésie et en Chine. Par ailleurs, la Russie continue à beaucoup acheter en ce moment car l’hiver se prolonge à Moscou. En Afrique de l’Est, les Européens sont très actifs grâce à la force de l’euro pour le plus grand bonheur des producteurs du Kenya ou du Malawi. Seule limite à l’envolée des prix, les récoltes sont importantes dans cette région en particuliers au Kenya.

Et puis en bref, l’Institut international du zinc et du plomb vient de publier ses estimations pour l’année 2004. Les deux métaux devraient être en déficit en raison en particulier de la force de la demande chinoise. Celle-ci augmentera de 6% pour ce qui est du plomb. Mais la Chine étant un des principaux producteurs mondiaux, elle répond elle-même à ses besoins et devrait même exporter 400 000 tonnes de plomb.

par Jean-Pierre  Boris

[29/04/2004]

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