Grandes manoeuvres autour du futur régime européen d'importation de bananes

Anne-Marie Mouradian
(Photo RFI)

En 2001, l'Organisation mondiale du commerce mettait fin à la guerre de la banane. Après avoir perdu son contentieux face aux Etats-Unis, l'Union européenne s'est engagée à modifier son système d'importation, jugé discriminatoire envers les producteurs de bananes dollars d'Amérique centrale. A partir du 1er janvier 2006, les quotas d'importation de bananes disparaîtront et l'Europe ne pourra plus protéger son marché que par des droits de douane. Il lui faut maintenant donner mandat à la Commission européenne pour négocier le nouveau système au sein de l'OMC. Les grandes manoeuvres ont commencé cette semaine avec la volonté exprimée par Bruxelles de concilier les obligations de l'UE envers l'OMC, d'une part, et le maintien d'avantages spécifiques aux producteurs de bananes d'Afrique et des Caraïbes et aux producteurs européens de Martinique, Guadeloupe, des Canaries, de l'autre. Reste à trouver la formule miracle.

Le système actuel permet de protéger l'accès des bananes ACP à hauteur de 20% du marché européen et autant pour les bananes communautaires. A partir de janvier 2006, ces parts de marchés seront menacées par la suppression des quotas réservés et chacun vendra ce qu'il pourra. D'où l'inquiétude des producteurs ACP moins compétitifs que ceux d'Amérique centrale. Pour assurer la survie de leur filière banane, les ACP demandent à l'Europe d'imposer des droits d'entrée suffisamment élevés -d'au moins 150 euros la tonne- sur les seules bananes-dollars. A l'inverse, les producteurs d'Amérique centrale exigent le maintien du tarif à son niveau actuel de 75 euros la tonne. Faute de quoi, ils risquent, à nouveau, de crier à la discrimination. Au sein même de l'Union européenne, ils peuvent compter sur la compréhension de l'Allemagne et, depuis l'élargissement, de la Pologne et d'autres pays de l'Est grands consommateurs de bananes-dollars, notamment de la marque Chiquita. Bref, tous les ingrédients semblent en place pour une nouvelle bataille de la banane.

par Anne-Marie  Mouradian

[22/05/2004]