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Union européenne

Une fructueuse présidence irlandaise

L'Irlandais Bertie Ahern pousse à un compromis sur la future constitution européenne. 

		(Photo: AFP)
L'Irlandais Bertie Ahern pousse à un compromis sur la future constitution européenne.
(Photo: AFP)
Bertie Ahern, président du Conseil de l’Union européenne n’a pas relâché son effort jusqu’à la dernière minute de son mandat qui s’achève le 30 juin. De fait, les six mois de présidence irlandaise resteront dans l’histoire pour avoir fait franchir à la communauté des étapes décisives.

La présidence irlandaise de l’Union européenne a été particulièrement riche en événements marquants : accord sur la constitution, désignation du futur président de la commission européenne, mais aussi élargissement le 1er mai à dix nouveaux membres et tenue des élections au parlement européen. Pour ce qui relève de lui, le savoir-faire diplomatique du Premier ministre Bertie Ahern est, de l’avis général, pour beaucoup dans ce succès.

Succédant à la présidence italienne assurée par Silvio Berlusconi, l’Irlande recevait le 1er janvier 2004 la charge de mener une Union européenne marquée par l’échec du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, à Bruxelles les 12 et 13 décembre, et l’impossibilité de s’entendre sur le projet de future constitution européenne. A cela s’ajoutaient les écarts de langage et les dérapages répétés du « Commandatore » qui n’avaient guère facilité les choses. A cette époque, personne n’aurait parié lourd sur les chances de l’Irlande de faire aboutir la conférence intergouvernementale sur la constitution dans les délais. On envisageait déjà que la « patate chaude » soit transmise aux Pays-Bas à partir de juillet 2004.

Bertie Ahern a alors pris son bâton de pèlerin pour, de capitale européenne en capitale européenne, renouer le dialogue interrompu. En février, le président de l’Union européenne ne croyait pas à un aboutissement avant la fin de son mandat et il restait encore une vingtaine de points à régler. Mais, au sommet de mi-parcours, les 25 et 26 mars, les membres de la communauté décidaient de relancer le processus d’approbation du texte constitutionnel. Les attentats de Madrid, moins de deux semaines auparavant, avaient en effet décidé les gouvernements à faire bloc. De plus, le changement de majorité en Espagne et l’arrivée du socialiste Zapatero modifiaient la donne, rompant le front Pologne-Espagne qui paralysait les discussions.

Désignation in extremis

Les efforts de Bertie Ahern ne sont donc pas restés vains et, le 18 juin à Bruxelles, le compromis historique donnant à l’Union européenne sa première constitution était adopté. Certes le texte clair et limpide voulu par le président de la convention pour l’avenir de l’Europe, Valery Giscard d’Estaing, est ressorti de la moulinette des débats plus compliqué que souhaitable. De même, on peut considérer  que le successeur de Romano Prodi  à la présidence de la commission européenne, le Portugais José Manuel Durao Barroso est le « plus petit commun dénominateur », proposé après que des candidatures plus connues ou plus prestigieuses aient été repoussées. Il n’en demeure pas moins que le Premier ministre irlandais a tenu à terminer le travail qu’il s’était assigné en organisant un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement pour le désigner formellement, à 48 heures de la fin de ses fonctions.

Durant la présidence irlandaise l’Union européenne s’est élargie à 25 membres ce qui rendait plus urgent encore l’adoption de règles constitutionnelles de fonctionnement. L’adhésion en 2007 de la Roumanie et de la Bulgarie est en bonne voie, celle de la Croatie est lancée avec l’acceptation de son statut de candidat au sommet du 17-18 juin. Reste au pays successeur, les Pays-Bas à gérer la question épineuse de l’ouverture des pourparlers avec la Turquie qui devrait recevoir le feu vert des chefs d’Etat et de gouvernement en décembre prochain.

Le pacte de stabilité européen a été sérieusement mis en cause pendant la présidence irlandaise mais il l’était déjà bien avant. La nécessité de le réformer est une idée qui a fait son chemin, en six mois, surtout depuis qu’en novembre 2003 le conseil européen a refusé de sanctionner la France et l’Allemagne qui ne respectaient plus les limites de déséquilibre budgétaire et d’endettement public. Le débat sur le financement de l’Union européenne à vingt-cinq pendant la période 2007-2013 n’a pu être qu’effleuré et il promet déjà des négociations difficiles.



par Francine  Quentin

Article publié le 30/06/2004 Dernière mise à jour le 01/07/2004 à 10:25 TU

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Philippe Moreau-Defarge

Spécialiste de l'Europe à l'IFRI, l'institut français des relations internationales

«La France peut être très contente du choix du portugais José Manuel Durao Barroso, à la présidence de la Commission européenne. Le Portugal est un pays extrêmement lié et proche de la France.»

[01/07/2004]

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