Etats-Unis
Premières comparutions à Guantanamo
(Photo: AFP)
C’est une juridiction qui n’avait pas siégée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale qui a entamé ces auditions préliminaires ce mardi sur la base navale américaine de Guantanamo sur l’île de Cuba. C’est par un décret du président George Bush daté du 13 novembre 2001 que cette commission militaire a été restaurée. Présidée par un juge militaire à la retraite et composée de cinq officiers, elle doit entendre les quatre premiers détenus officiellement inculpés par la justice militaire américaine. Parmi eux se trouvent deux Yéménites, un Soudanais et un Australien. C’est sur ce dernier, David Hicks, que pèsent les charges les moins lourdes. Arrêté fin 2001 en Afghanistan, il est soupçonné d’avoir participé à des camps d’entraînement mis en place par l’organisation d’Oussama Ben Laden.
Défendu par un avocat militaireLe Soudanais Ibrahim Ahmed Al Qosi est en revanche considéré par les Américains comme un proche collaborateur du chef présumé d’Al Qaïda. Selon l’accusation, il aurait servi de comptable et de financier à l’islamiste saoudien lorsque celui-ci a trouvé refuge au Soudan puis en Afghanistan.
Ce mardi, le Yéménite Salim Hamdan sera le premier a être entendu par la commission. Il a reconnu avoir servi de chauffeur à Oussama Ben Laden entre 1996 et 2001. C’est durant cette période que le chef présumé du réseau Al Qaïda est accusé d’avoir planifié les attentats les plus sanglants attribués à son organisation. Salim Hamdan n’est toutefois pas accusé de participation à des activités terroristes. L’avocat militaire désigné pour le défendre à d’ores et déjà fait savoir qu’il entendait plaider l’illégalité de la détention de son client devant un tribunal civil.
En juin dernier la cour suprême des Etats-Unis a reconnu que chaque prisonnier de Guantanamo était en droit de contester sa détention devant un tribunal civil. La plus haute juridiction américaine conforte ainsi les associations de défense des droits de l’homme qui présentent depuis plusieurs mois la base de Guantanamo comme une zone de non-droit.
Statut d’ennemis combattantsSur décision du président George Bush, les prisonniers se sont vu attribuer le statut d’ennemis combattants. Il les prive des droits reconnus par la convention de Genève aux prisonniers de guerre. Ce statut autorise également l’armée américaine à détenir ces prisonniers sans inculpation et ce depuis plus de deux ans et demi. En entamant ce mardi les audiences préliminaires pour les premiers inculpés, le gouvernement américain espère démontrer que le recours à cette juridiction d’exception était le seul moyen juridique de combattre le terrorisme international.
par Frank Weil-Rabaud
Article publié le 24/08/2004 Dernière mise à jour le 24/08/2004 à 12:59 TU