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Arabie saoudite

Al Qaïda revendique l’attaque du consulat américain

L'attaque du lundi 6 décembre contre le consulat américain a été revendiquée par la branche saoudienne du réseau terroriste al Qaïda. 

		(Photo : AFP)
L'attaque du lundi 6 décembre contre le consulat américain a été revendiquée par la branche saoudienne du réseau terroriste al Qaïda.
(Photo : AFP)
L’attaque menée, lundi 6 décembre, par un groupe de terroristes contre le consulat américain de Djeddah, en Arabie saoudite, a été revendiquée par la branche saoudienne de l’organisation al Qaïda. Cet attentat, qui a semble-t-il fait l’objet d’une préparation très minutieuse, s’inscrit dans une longue liste d’attaques contre les Occidentaux perpétrées en Arabie saoudite depuis l’année dernière. Pour le président américain, George W. Bush, il montre que «les terroristes restent mobilisés» en Arabie saoudite et ailleurs.

Aucun ressortissant américain n’a été tué dans l’attaque du consulat des Etats-Unis de Djeddah. Selon le bilan diffusé par les autorités saoudiennes, les cinq membres du personnel du consulat retrouvés morts sont Yéménite, Soudanais, Philippin, Pakistanais et Sri-Lankais. Quatre terroristes ont aussi été tués. Les identités de trois d’entre eux ont été divulguées, celle du quatrième n’est pas encore connue. Concernant le dernier assaillant qui est simplement blessé et en garde à vue, la police saoudienne n’a pas communiqué son nom. Les trois terroristes identifiés, qui sont tous Saoudiens, ne font pas partie de la liste des activistes d’Al Qaïda les plus recherchés du royaume établie par les autorités. Des interrogations subsistent, d’autre part, concernant les éventuels décès de membres de la Garde nationale qui ont mené l’assaut pour libérer le consulat. La mort de quatre d’entre eux, annoncée dans un premier temps, a ensuite été démentie par Ryad.

L’attaque a eu lieu dans la matinée de lundi. Elle a été très rapide et violente. D’après les témoignages, deux voitures, dont l’une disposait d’une plaque diplomatique, se sont présentées devant l’entrée secondaire de la représentation diplomatique, celle qui fait l’objet du dispositif de sécurité le moins important. La porte a été ouverte et à ce moment-là un autre véhicule portant des inscriptions religieuses à la gloire d’Allah est arrivé. Des hommes en armes en sont sortis et ont commencé à tirer en entrant dans le consulat. Ils ont lancé des grenades, brûlé un drapeau américain et se sont retranchés dans le bâtiment. Ils auraient ensuite téléphoné sur une ligne d’urgence en déclarant détenir 17 otages et en menaçant de les tuer si une action était entreprise pour les libérer. Malgré cette menace, les forces de sécurité saoudiennes ont décidé d’intervenir en accord avec les Marines américains. L’assaut a été donné et après plusieurs heures de fusillades, le bâtiment a été libéré.

«Chasser les infidèles de la péninsule des Arabes»

Les cinq terroristes ont affirmé, lors de leur appel téléphonique aux autorités, appartenir à «La Brigade de Falloujah», du nom de la ville d’Irak dans laquelle l’armée américaine a mené une grande offensive contre les rebelles au mois de novembre. L’attaque a ensuite été revendiquée sur un site islamiste par «l’Escadron du martyr Abou Annas al-Shami». Ce dernier, dont le véritable nom est Omar Youssef Joumah, a été tué en septembre en Irak, lors d’un bombardement américain. Il était lié au terroriste d’origine jordanienne Abou Moussab al-Zarqaoui, l’homme le plus recherché d’Irak, dont le groupe terroriste fait partie de la nébuleuse Al Qaïda et est vraisemblablement responsable de l’enlèvement et de l’exécution de plusieurs otages occidentaux. Le texte de revendication, dont l’authenticité n’a pas encore été confirmée, précise d’ailleurs que l’objectif de l’attaque est large : «Cette opération entre dans le cadre de la série des opérations menées par l’organisation Al Qaïda dans la  guerre contre les croisés et les juifs, pour chasser les infidèles de la péninsule des Arabes». Il prévient aussi qu’il ne s’agit là que d’un début en affirmant que «les Moujahidines sont déterminés à poursuivre leur lutte».

George W. Bush a remercié les Saoudiens de leur intervention rapide pour libérer le consulat de Djeddah. Il a aussi fait part de sa confiance concernant une bonne collaboration et un «partage des informations» entre les services saoudiens et américains dans le but de trouver les responsables de cette attaque. Les relations entre les Etats-Unis et l’Arabie saoudite ne sont pourtant pas au beau fixe depuis les attentats du 11 septembre dans lesquels la plupart des terroristes impliqués étaient d’origine saoudienne. La participation du régime saoudien au financement du terrorisme international a été souvent dénoncée depuis et a engendré un climat de suspicion vis-à-vis de ce pays, qui a été inscrit par Washington sur la liste noire des Etats les plus préoccupants en matière de violation des libertés religieuses.

Pourtant, officiellement Ryad a mis en oeuvre une campagne de lutte contre ce qu’elle appelle «la minorité des égarés» [les terroristes islamistes] jugés responsables de la vague de violence contre les Occidentaux qui a fait environ 170 morts depuis le mois de mai 2003. Cet engagement dans la lutte contre le terrorisme va dans le sens de ce qu’attendent les Américains. Il a permis d’obtenir quelques succès, notamment l’élimination, en juin, d’Abdel Aziz al-Mouqrin, un activiste très recherché qui dirigeait un groupe terroriste saoudien lié à Al Qaïda. Reste que cela est loin d’avoir permis de limiter efficacement la capacité d’action du réseau terroriste en Arabie saoudite.

Pour preuve, l’attentat de lundi contre le consulat américain qui est la première action de grande envergure menée depuis l’attaque contre les installations pétrolières d’al Khobar, en mai 2004, qui avait fait 22 morts parmi les expatriés et 7 parmi les locaux. Cette action montre qu’Al Qaïda dispose encore, dans ce pays, de ressources importantes en hommes et en logistique et a réussi à se réorganiser malgré la pression. Les terroristes ont vraisemblablement observé pendant longtemps le dispositif de sécurité et rien n’a été laissé au hasard dans la préparation de l’action contre un bâtiment diplomatique pourtant extrêmement bien protégé. Les autorités américaines ont d’ailleurs demandé une enquête pour établir les circonstances dans lesquelles les assaillants ont réussi à franchir les barrières de sécurité.

par Valérie  Gas

Article publié le 07/12/2004 Dernière mise à jour le 07/12/2004 à 17:49 TU