Les arachides sénégalaises victimes de la globalisation

L’Afrique est-elle condamnée au sous-développement ? On peut se poser la question à la lecture d’une volumineuse étude publiée hier par la Banque mondiale. Intitulé «Commerce agricole international et pays en développements», ce document souligne que la hausse des prix sur les marchés des matières premières agricoles passe par l’abandon général des protections douanières et des subventions. Mais, en règle générale, les économies d’échelle et la hausse du rendement à l’hectare réduisent les coûts et les marges. Traduction, il sera de plus en plus difficile de gagner sa vie dans l’agriculture. Exemple emblématique, celui des arachides, les cacahuètes, dont la récolte et la transformation occupe 70% de la main d’œuvre agricole au Sénégal. Les arachides à l’état brut ou sous forme d’huile, c’est 9% des exportations sénégalaises et 2% de la richesse produite dans le pays. La production dans les pays de la région sub-saharienne a décollé dans les années 90 après avoir subit un net déclin dans les décennies précédentes. Le Sénégal contrôle ainsi le tiers du commerce mondial de l’huile d’arachide. Pourtant, malgré cela, les pays africains producteurs d’arachides ont globalement perdu beaucoup de terrain sur le marché international. Trois pays, la Chine, les Etats-Unis et l’Argentine contrôlent plus de 60% des échanges mondiaux d’arachides. Ce qui a dramatiquement réduit le poids de cette production dans les économies sub-sahariennes. Les experts de la Banque Mondiale attribuent l’échec des pays africains à une libéralisation très incomplète des politiques mises en place. Les gouvernements en sont souvent restés à se retirer de la distribution des engrais, ce qui a compliqué la vie des producteurs. Mais ils ont continué à fixer les prix pour préserver la viabilité des usines de transformation qui appartiennent au secteur public. Tout le monde y a perdu, les paysans, les usiniers et le pays. Conclusion de la Banque Mondiale : pas de salut hors de la libéralisation complète de ces filières.

Le cacao en baisse

Hier à Londres, les cours du cacao étaient à leur plus bas niveau depuis six mois. Pour une livraison au mois de mars, la tonne de fèves évoluait autour 820 livres sterling, soit 1 170 euros. On en revient aux niveaux de prix antérieurs à la dernière en date des crises politiques en Côte d’Ivoire, au mois de novembre dernier. La Côte d’Ivoire est le principal producteur mondial de cacao. Quand le calme y règne, les fonds d’investissement considèrent que le marché du cacao n’est pas porteur et réduisent leur présence.

Et puis en bref, selon l’hebdomadaire britannique The Public Ledger, au Sri Lanka, la production de noix de coco et les exportations de thé devraient souffrir des conséquences du Tsunami. De nombreuses plantations de cocotiers ont été endommagées. Par ailleurs, beaucoup d’employés des usines de conditionnement du thé, originaires de la côte sud du pays, ont disparu.

par Jean-Pierre  Boris

[11/01/2005]