L’indium au plus haut depuis 65 ans

Les marchés des matières premières envoient parfois de petits signaux qui aident à comprendre l’évolution sociale ou technologique de nos sociétés. En voilà un. Ce n’est certes pas un signal tonitruant, mais quand même. L’indium, un métal qu’on trouve en minuscules quantités dans les mines de zinc ou de plomb, en Chine, en Russie, au Pérou, est à son plus haut niveau historique. Le kilo d’indium vaut près de mille dollars. En un an, son prix a plus que triplé. En deux ans, il a été multiplié par quatorze. Début 2003, le kilo ne valait que 70 dollars. C’est intéressant parce que ce petit métal est un composant incontournable dans la fabrication des écrans plats qui se développent en matière de télévisions ou d’ordinateurs. La hausse du prix de l’indium donne une idée de l’envolée de la demande. Mais les prix ont également explosé parce que l’offre ne suit pas. « Il y a, dit un spécialiste, un déséquilibre substantiel entre offre et demande ». Parler de pénurie serait trop fort. Mais les problèmes de production que rencontre le principal producteur, la Chine, les accidents miniers, les coupures d’électricité, réduisent les volumes extraits.

Certes, tout cela ne porte pas sur des tonnages énormes. L’an dernier, les volumes vendus évoluaient entre vingt et vingt-cinq tonnes. Autant dire trois fois rien par rapport aux grands métaux industriels dont la production se chiffre en millions de tonnes. Rien non plus par rapport aux 2 à 3000 tonnes d’or produites par an. Cependant, l’indium est en train de devenir indispensable. Les constructeurs japonais d’électronique tentent de s’assurer un approvisionnement stable en passant des contrats à long terme avec les producteurs chinois ou péruviens. En Corée ou aux Etats-Unis, on a de plus en plus recours au recyclage. On récupère ce qui peut l’être dans les matériaux jetés au rebut. Et quand un industriel achète un peu d’indium, le contrat porte sur quelques dizaines de kilos, deux cent au grand maximum. Car au final, chaque écran de écran de télévision ou d’ordinateur ne contient que des quantités infimes d’indium. L’explosion de son cours n’a que des conséquences marginales sur la hausse du prix de l’électronique grand public. Et c’est bien là l’essentiel.

par Jean-Pierre  Boris

[24/01/2005]