Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Editorial politique

La liberté et l’éthique

On en parle. Un peu. Pas trop, mais on en parle. La génération 1905. Celle qui avait un cerveau. La capacité de réfléchir. Celle qui nous a donné des intellectuels hors pair. Les Sartre, Aron, Nizan, Georges Camguilhem qui ont su imprégner notre vie et nos idées, parfois sans qu'on le sache, et animer une époque dont beaucoup gardent la nostalgie. Aujourd'hui en effet, alors que sont commémorées les naissances de Jean-Paul Sartre et de Raymond Aron en particulier, on ne peut que le constater: la philosophie reste confinée dans les livres et les salles de classe. Elle ne vient plus guère s'afficher aux terrasses des bistrots parisiens comme elle le faisait après guerre. Les leaders d'opinion ont d'autres noms. Ils sont issus du monde politico-médiatique et, c'est vrai, qu'ils n'ont pas cette capacité de travail, de débat et cette énergie qui animait ceux dont nous parlons.

Il y a 100 ans, donc, naissaient Jean Paul-Sartre et Raymond Aron. Elèves brillants de Normale Sup qui ont su, très tôt qu'ils avaient un destin, un rôle à jouer, une influence à exercer, quitte à changer, jeunes, de pensée ensemble pour ne pas se séparer. Quitte ensuite à devenir des frères ennemis parce que justement, la vision du monde se modifie avec l'age et que Sartre et Aron, très amis du temps de leur passage rue d'Ulm, du temps de leurs années normaliennes, se sont ensuite affrontés publiquement au nom de quelques combats qui ne pouvaient que les diviser : la guerre froide et la décolonisation, qui ont fait de ces deux hommes, les symboles des grands débats qui ont agité cette époque. Sartre-Aron. Aron-Sartre. Longtemps Sartre fera de l'ombre à Aron, longtemps Aron supportera que l'on dise qu'il vaut mieux avoir tord avec Sartre que raison avec Aron. Cruauté du temps qui voulait que le marxisme soit la grille d'analyse en vogue et les intellectuels de gauche des leaders d'opinions alors que ceux qui le dénonçaient déjà, ce marxisme, comme Aron le faisait, jouissaient de bien peu de considération.

Sartre allait avec son temps, il était même son temps, mais il se trompait en couvrant les crimes du communisme. Raymond Aron évoquait ses doutes, se méfiait des grandes affirmations et cherchait à faire corps avec l'histoire parce qu'il était soucieux de vérité: il était DANS la vérité. Sartre, «un veilleur de nuit sur tous les fronts de l'intelligence» a t-on pu lire récemment. Aron une éthique intellectuelle, une volonté de comprendre avant de juger, éthique distillée avec générosité, sans grande démonstration et sans effets de manche.

Je me souviens que ces deux hommes ont tenté de nous apprendre la liberté. Je me souviens notamment de Raymond Aron, alors que j'étais jeune journaliste à L'Express et qu'il occupait encore le bureau de l'éditorialiste. C'était au tout début des années 80. Chaque matin, j'allais à la rencontre de celui qui commençait à comprendre que l'histoire lui donnerait raison pour enregistrer sa pensée du jour. Raymond Aron ne triomphait pas. Il était toujours courtois, toujours érudit, toujours aimable, toujours curieux de ce que pensaient les jeunes gens qui le regardaient avec trop de respect, un peu comme une pièce de musée, riait-il. Il était alors lumineux. Il montrait sans en rajouter tout ce que pouvait apporter une culture classique. Sans doute ce qui nous manque le plus aujourd'hui.

par Patrice  Biancone

[18/03/2005]

Les précédents Editorial politique








Les derniers éditos et chroniques (texte)

Stéphane Lagarde

Journaliste à RFI

«Il y a une hausse de près de 10 % des violences contre les forces de l'ordre malgré le plan d'urgence lancé par le gouvernement.»

[27/10/2006]


Eric Chaurin

Journaliste au service des sports de RFI

«D'ici 2008, les nageurs et les gymnastes vont devoir changer leurs habitudes de vie, puisqu'il leur faudra se lever à cinq heures du matin au plus tard pour commencer leur entraînement.»

[27/10/2006]


Danse : «Sweet Mambo», le nouveau spectacle de Pina Bausch

«La vie est là sur le plateau : baiser furtif d'un homme sur le dos dénudé d'une femme, soudaine confrontation entre deux interprètes, une danseuse qui s'adresse directement au public.»

[20/01/2009]


Au revoir

[29/12/2007]




Les investissements en hausse en Ouganda

«Les milieux financiers internationaux s'inquiètent du manque de transparence du monde des affaires à Kampala.»

[17/07/2009]



Cesare Battisti

Romancier, ancien activiste italien d'extrême-gauche

«C'était un jeune révolté qui n'acceptait pas les conditions sociales qui faisaient entrave à la vie, aux désirs et aux libertés.»

[17/01/2009]


L’Asie au cœur

[23/03/2007]


Obama à la Maison Blanche

«Barack Obama : Je ne tolère pas les gens qui font passer leur ego ou leur désir de promotion personnelle avant l'équipe. »

[18/01/2009]



Amerrissage d'un Airbus à New York

«Tout s'est passé conformément à la procédure à New York, les passagers ont pu se réfugier sur les ailes de l'avion avant d'être secourus.»

[17/01/2009]