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OMC

Lamy seul en lice

L'ancien commissaire européen au Commerce, le Français Pascal Lamy, 58 ans, devrait prendre la tête de l’Organisation mondiale du commerce.(Photo : AFP)
L'ancien commissaire européen au Commerce, le Français Pascal Lamy, 58 ans, devrait prendre la tête de l’Organisation mondiale du commerce.
(Photo : AFP)
Le dernier tour des consultations des Etats membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a permis de trancher entre les deux candidats au poste de directeur général : le Français Pascal Lamy a devancé l’Uruguayen Carlos Perez del Castillo. C’est donc l’ancien commissaire européen au Commerce qui devrait prendre la tête de l’Organisation après l’approbation formelle des Etats membres d’ici la fin du mois de mai. Il lui reviendra de mener à bien le cycle de négociations sur la libéralisation des échanges mondiaux lancé à Doha, au Qatar, en 2001, qui n’a toujours pas abouti à un accord, faute de compromis entre les pays du Nord et ceux du Sud.

Fin du suspense à l’OMC. Le Français Pascal Lamy devrait être le successeur du Thaïlandais Supachaï Panitchpakdi à la tête de l’Organisation mondiale du commerce. Après quatre mois de négociations au cours desquelles les divers candidats au poste de directeur général de l’OMC ont été éliminés successivement, seul Pascal Lamy reste en lice. Son dernier rival, l’Uruguayen Carlos Perez del Castillo a jeté l’éponge et son pays doit retirer sa candidature. Il ne reste donc plus au Français qu’à obtenir l’approbation formelle des Etats membres, le 26 mai. Cela ne devrait être qu’une formalité.

Aucun vote n’est prévu pour désigner le directeur général de l’OMC, sauf s’il s’avère totalement impossible de trouver un accord grâce à l’organisation de consultations au cours desquelles les représentants des Etats font part de leur préférence à un comité de trois membres chargé de trouver le candidat le plus consensuel. L’objectif est de procéder à l’élimination successive des prétendants au poste pour ne retenir que celui qui réussit à rassembler le plus grand nombre de soutiens sur son nom. Ce système est donc basé sur la bonne volonté puisqu’il revient à l’Etat qui présente un candidat reconnu comme insuffisamment consensuel de retirer son postulant de la course. Au bout du compte, le comité de sélection propose le dernier candidat à l’approbation des ambassadeurs réunis en conseil général.

Concernant la désignation du successeur de Supachaï Panitchpakdi, quatre candidats s’étaient faits connaître. Deux d’entre eux ont été éliminés lors des premières consultations : le Brésilien Luiz-Felipe Seixas-Correa et le Mauricien Jayen Cuttaree. Ne restait plus alors face à Pascal Lamy que Carlos Perez del Castillo. La candidature de ce dernier, qui a présenté comme principal argument de campagne la nécessité de laisser la direction de l’OMC à un représentant d’un pays en développement, était soutenue par une vingtaine d’Etats d’Amérique latine parmi lesquels le Brésil, par les pays arabes mais aussi la Chine, l’Australie ou la Nouvelle-Zélande. Ces alliés de poids n’ont pas suffi pour lui permettre de devancer le candidat français qui pouvait compter sur les voix des Etats européens, d’un grand nombre de ceux du groupe Afrique-Caraïbes-Pacifique mais aussi de l’Inde, qui annoncé la veille de la dernière consultation son intention de choisir Pascal Lamy.

Conclure Doha

Le prochain directeur général de l’OMC n’est pas un inconnu des circuits internationaux. A 58 ans, ce socialiste proche de l’ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors, représente l’archétype du haut fonctionnaire brillant sorti de l’ENA (Ecole d’administration publique) et de l’Institut d’Etudes politiques de Paris (Sciences Po) mais aussi de la célèbre école de commerce HEC, entré en politique par le biais des cabinets ministériels. Mais c’est surtout son passage à la Commission européenne, où il a été directeur de cabinet de Jacques Delors avant de prendre le portefeuille du commerce entre 1999 et 2004, qui l’a fait connaître à la fois des responsables internationaux et du grand public en France. Partisan d’une mondialisation «maîtrisée», il prône «l’ouverture des échanges et la réduction des obstacles au commerce» en tant que meilleur moyen de «promouvoir la croissance et le développement».

Si tout se passe comme prévu, Pascal Lamy devrait entrer en fonction en septembre 2005. Sa tâche principale sera alors de préparer la prochaine conférence ministérielle qui doit se dérouler à Hong Kong en décembre. Avec un objectif prioritaire : permettre l’aboutissement des négociations sur la libéralisation des échanges engagées en novembre 2001 à Doha et qui n’ont pu être conclues par un accord depuis cette date. Lors de la conférence ministérielle de Cancun en septembre 2003, il avait ainsi été impossible d’obtenir un compromis. Le problème des subventions versées par les pays riches à leurs agriculteurs dénoncé par les pays en développement avait constitué un obstacle insurmontable. Depuis cette réunion, des progrès ont été enregistrés mais il reste à finaliser les termes d’un accord acceptable par les 148 membres de l’organisation et à déterminer les conditions de son application. Pascal Lamy est conscient de l’enjeu de cette négociation et de la nécessité de prendre en compte les attentes des Etats les plus pauvres. Il a ainsi déclaré qu’il ne serait pas possible de conclure le cycle de Doha «sans que les pays en développement, qui représentent les deux tiers des membres de l’OMC, soient satisfaits de son résultat».


par Valérie  Gas

Article publié le 13/05/2005 Dernière mise à jour le 13/05/2005 à 16:37 TU