Grippe aviaire
Propagation du H5N1 en Europe
(Photo : AFP)
Le virus H5N1 de la grippe aviaire poursuit sa lente progression autour du globe. Après la Roumanie et la Bulgarie -qui viennent d’enregistrer de nouveaux cas d’infection par le virus-, pour la première fois, deux pays de l’Union européenne (UE), la Grèce et l’Italie sont touchés. De nombreux cygnes sauvages sont venus, ces derniers temps, chercher refuge sur le delta du fleuve Evros en Grèce (frontière greco-turque, au nord-est) pour échapper à la vague de froid qui a frappé l’Europe. Trois d’entre eux, retrouvés morts, étaient porteurs du virus H5N1 de la grippe aviaire. En Italie du Sud, dans trois régions différentes (les Pouilles, la Calabre et la Sicile ), le même virus a été décelé sur dix-sept autres cadavres de cygnes. La Commission européenne à Bruxelles a annoncé que le laboratoire britannique pour l'UE de Weybridge avait détecté le virus H5N1 sous sa forme « hautement pathogène » sur tous ces cadavres d’oiseaux sauvages.
L'épizootie, qui a entraîné la mort de dizaines de millions de volatiles depuis 2003, a été provoquée par la souche asiatique du H5N1. De toute évidence, le virus, dans sa forme hautement pathogène, progresse sur le territoire de l’UE. Le fait d’avoir recensé ces cas de décès chez des oiseaux migrateurs montre que « le système de surveillance qui est en Europe fonctionne » , a souligné Karim Ben Jebara, responsable du service de l'information sanitaire de l'OIE. « Mais cela ne veut pas dire que toute la population d'oiseaux migrateurs est porteuse du virus », a-t-il ajouté. « C'est pour cela que je pense qu'il est important de ne pas faire d'amalgame entre le fait de trouver un oiseau migrateur positif et la propagation, l'introduction de la maladie au sein du pays », a-t-il poursuivi.
Les cas si tôt désignés, l’Organisation mondiale de la santé animale a immédiatement réagi en demandant une vigilance accrue, et tout en jugé utile de lancer une alerte à la pandémie. Une réunion extraordinaire a été convoquée samedi après-midi par les autorités vétérinaires et locales de Salonique, dans le nord de la Grèce et les mesures spéciales recommandées par l’Union européenne sont appliquées depuis que le pays a été placé en état d’alerte jeudi. Une zone de surveillance a été créée dans un rayon de 10 km autour du lieu où ont été découverts les cygnes, ainsi qu’une zone de sécurité, à 3 kilomètres. Par ailleurs, le vice-ministre de l'Agriculture, Alexandros Kontos, a déclaré : « Nous avons interdit le transport de viande et d'oeufs et procédons à des désinfections ». L’UE assure que : « Les autorités italiennes se sont engagées à appliquer immédiatement des mesures de précaution identiques à celles adoptées pour la Grèce. ». Ainsi, par exemple, « le transport d'animaux susceptibles de contracter le virus sera interdit dans les trois régions », a assuré Francesco Storace, ajoutant que, actuellement, « aucun cas de grippe aviaire n'a été détecté chez des oiseaux de ferme ou domestiques ».
Rester vigilants, mais « ne pas s’inquiéter »
Après avoir frappé l’Asie et la Turquie, la souche asiatique H5N1 frappe aujourd'hui aux portes de l'Europe. « Pour autant, les virus de la grippe ne sont pas identiques à 100% d'une région à l'autre, car ils connaissent une évolution génétique constante », précise Sylvie van der Werf, de l'Institut Pasteur. Vigilance et surveillance doivent être de rigueur. En ce qui concerne la protection des personnes qui avaient été en contact avec les cygnes, Alexandros Kontos a fait savoir qu’elles avaient subi des analyses dont on attendait les résultats, mais a-t-il ajouté : « Il n'y a pas de raisons de s'inquiéter. Aucun cas de grippe aviaire n'a été observé dans les élevages de notre pays ». En Italie, le ministre de la Santé, Francesco Storace, se veut également rassurant en affirmant qu’il n’y a pour l’instant « aucun risque pour la santé humaine » car « il n’y a pas d’exemple de transmission directe d’un oiseau sauvage à l’homme ».
Par ailleurs, « la plupart des pays d’Europe occidentale disposent de services vétérinaires très efficaces et l'industrie de la volaille est de type avancé, (...) aussi les risques auxquels peuvent être exposés les populations humaines sont-ils très inférieurs à ce qu'ils sont par exemple en Afrique », souligne un représentant de l'Organisation de l'Onu pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Enfin, même si l’inquiétude est fondée -avec le retour imminent des oiseaux migrateurs de retour d’Afrique dans les prochaines semaines en France- les ornithologues rappellent que nul n’a encore vu de grue cendrée ou de cigogne visiter les basse-cours.
par Dominique Raizon
Article publié le 12/02/2006 Dernière mise à jour le 12/02/2006 à 16:39 TU