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Editorial politique

Lionel Jospin : question de style

Patrice Biancone 

		(Photo RFI)
Patrice Biancone
(Photo RFI)

C'est agaçant à la fin. Il y a plus de quatre ans, il a dit qu'il se retirait de la vie politique et, depuis, pas une semaine ne se passe sans que l'on commente son retour. C'est même tellement répétitif que l'on dirait un scénario de série B joué par un acteur qui aurait été un acteur de premier plan et qui tenterait son come back parce qu'il ne se résignerait pas à laisser la génération suivante éclore, ou parce qu'il aurait l'intime conviction qu'en dehors de lui point de salut ; qu'il n'y a personne de sa trempe et de son talent pour endosser des habits qui ont été assez mal portés par Jacques Chirac.

Battu, Lionel Jospin, puisque c'est de lui qu'il s'agit, s'est donc retiré pour mieux revenir, c'est devenu un fait incontestable. Or, pour revenir, il faut ne pas avoir l'air de renier une parole donnée, ce qui a conduit l'ancien Premier ministre socialiste à auto-décliner sa présence, ces dernières années, en essayant de faire preuve d'originalité, ce qui n'a pas toujours été le cas.

Nous avons donc eu droit à Lionel Jospin au théâtre : c'était au début. Puis, très vite, à Lionel Jospin à la section de la Goutte-d'Or, la section où il milite en simple militant socialiste, si j'ose dire. Nous avons eu également Lionel Jospin à la Rochelle, une affaire de tentative de meurtre symbolique. Puis Lionel Jospin en vacances à Venise. Puis Lionel Jospin et le mystère de l'île de Ré. Bref Lionel Jospin partout ou presque. Lionel Jospin ubiquiste et finalement assez successfull, ou assez « bancable » comme disent les nababs d'Hollywood, puisque la presse, unanime, actualité ou pas, continue à parler de ce retraité qui fait tout pour devenir le plus célèbre de France.

Une situation qui aurait tendance à prouver que le renouvellement, la rupture, tout comme le retrait dont on parle beaucoup en politique, sont avant tout des mots. Un vrai commerce des lèvres destiné à cacher des vérités qui ne sont pas toujours bonnes à dire, comme par exemple, que le temps a passé et qu'il ne s'arrêtera pas. Que finalement l'âge idéal de la retraite n'existe pas et que l'on peut toujours repousser les limites, même si savoir partir avant qu'il ne soit trop tard, à 34 ans pourquoi pas - regardez Zidane et admirez -, peut transformer une vie en destin ! Mais le Zidane de la politique n'est pas né. Dans tous les cas, question style, ce n'est pas Lionel Jospin.

Hier soir, à la télé, l'ancien Premier ministre s'est montré, en effet, égal à lui-même. Sérieux. Réfléchi et pourvoyeur d'arguments indiscutables pour beaucoup d'entre eux, mais incapable de fendre l'armure, de se départir de cette gêne provoquée par le désir de revenir sur une décision prise au lendemain d'une défaite. Lionel Jospin a tenté de dribbler pour faire admettre qu'il ne se posait pas la question de la candidature mais qu'il était prêt à servir la France qui en a bien besoin. C'était dit sans arrogance car « l'arrogance n'est jamais bonne », a ajouté le Premier ministre. Hum, hum, n'était-ce pas là le conseil donné aux socialistes en 2002 ?


par Patrice  Biancone

[29/06/2006]

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