Editorial politique
Ils ont été formidables contre le Brésil. Et ils sont finalement ce que nous espérions qu'ils soient : une équipe solide, une équipe dynamique. Une équipe technique et si affûtée que rien ne semble pouvoir l'empêcher d'avancer, que rien ni personne ne semble en mesure de lui couper la route maintenant qu'elle est lancée. Zinedine Zidane au sommet de son art. C'est, en effet, un peu de folie qui s'est emparée du pays. Inespéré pour le pouvoir, qui voit là une belle occasion de souffler, de reprendre pied, alors que toutes les attentions sont fixées sur mercredi prochain, jour de la demi-finale qui se jouera contre le Portugal, un autre adversaire que l'équipe de France connaît bien pour l'avoir déjà rencontré à plusieurs reprises et qui devrait donner aux Bleus l'envie de briller et de gagner une nouvelle fois.
C'est important. C'est essentiel, croient savoir nos élus, à l'exception, peut-être, je dis bien peut-être, du ministre de l'Intérieur qui voit ainsi triompher les joueurs qui l'ont critiqué pour ses prises de position sur les banlieues et sur l'immigration, joueurs qui manifestement ne le soutiendront pas, lui qui pourtant avoue un amour immodéré pour le ballon rond qu'il pratique, comme la bicyclette d'ailleurs, en amateur.
Mais peu importe, une place en finale, cela redonnerait un coup d'optimisme à ce peuple un peu grognon, généralement insatisfait et plus souvent qu'à son tour contestataire. Car disputer une finale, c'est le rêve de tout un chacun même si tout un chacun ne se donne pas toujours les moyens de le faire. Il en va du football comme de la politique. C'est la raison pour laquelle les candidats à l'élection présidentielle se chamaillent si âprement. C'est la raison pour laquelle, les joueurs contestent quelquefois le choix du sélectionneur.
Or en politique, le sélectionneur est un collectif. Il s'agit tout simplement des militants. A droite comme à gauche, ce sont eux qui auront la lourde tâche de choisir les candidats... Janvier pour l'UMP, où règne sans partage Nicolas Sarkozy qui a fait place net, Dominique de Villepin ayant été mis sur la touche après quelques tacles sévères. Et novembre pour les socialistes qui viennent d'adopter leur projet et qui ont pu constater que malgré le retour de Lionel Jospin, c'est Ségolène Royal qui domine toujours dans le sondages. Ségolène Royal qui a évoqué, pour cet été, un possible mariage avec son compagnon François Hollande qui lui-même, non sans goujaterie, s'est déclaré « très, très surpris », ce qui prouve bien que Ségolène n'est pas prête à renoncer à l'élection présidentielle, comme certains le lui demandent, et qu'elle poursuit même sa préparation, tous azimuts, sans en avertir le principal intéressé, ce qui fait désordre.
Mais encore une fois, qu'importe. Chacun sait que la désignation sera douloureuse et qu'il y aura des blessés, des grands blessés et peut-être même des morts. D'où la volonté de François Hollande de se poser en rassembleur : c'est sa responsabilité de premier secrétaire d'empêcher l'éclatement. D'où sa défense du projet socialiste qui ne devrait être ni un socle, comme l'a suggéré Ségolène Royal, ni un cadre, version Dominique Strauss-Khan, mais bien un « contrat avec le pays » que chacun devra respecter car, à l'image de l'équipe de France, quand le collectif va, tout va.
par Patrice Biancone
[03/07/2006]
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