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Chronique de Jean-Baptiste Placca

Du champagne au vin de palme

Jean-Baptiste Placca 

		(Photo : S.Bonijol/RFI)
Jean-Baptiste Placca
(Photo : S.Bonijol/RFI)

En finir avec le franc CFA ! C’est ce que propose Mamadou Koulibaly, le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Lors d’un meeting de son parti, samedi dernier, quelque part dans la savane ivoirienne, cet agrégé d’économie a dressé un sévère réquisitoire contre la monnaie que son pays partage avec sept autres Etats de la sous-région. Et contre la France, qui s’en servirait pour assujettir toujours et sans cesse ses anciennes colonies d’Afrique. Sur la nécessité de mener une réflexion approfondie sur l’avenir du franc CFA, il y a unanimité.

Près d’un demi-siècle après les indépendances, il y a comme une anomalie à toujours recourir à la tutelle de l’ancienne métropole pour assumer cette part de souveraineté qu’est la monnaie. Mais dans ce meeting où il était plutôt question de transfuges et de débauchage, de défection, de trahison et de ralliement au président Gbagbo, Mamadou Koulibaly a dû se livrer à une gymnastique intellectuelle pour ne pas paraître hors sujet. Il s’est d’abord plaint de ce qu’on leur oppose sans cesse ce que la Fance ne veut pas. « Il faut que l’on arrête de nous dire ce que la France veut qu’on fasse», a-t-il martelé, avant de dénoncer une stratégie mise en place, par la France, selon lui, pour, entre autres, piller les ressources des pays africains, avec la complicité de certains partis politiques locaux. « Il faut sortir de tous ces partis politiques qui n’ont d’autres programmes que de céder notre destinée à la France », a-t-il conclu. On peut juste regretter que Mamadou Koulibaly, le partisan de la mondialisation, opte pour l’enfermement dans une monnaie nationale, plutôt que de proposer des solutions pour soustraire le F CFA à cette tutelle française qu’il ne supporte plus.

A Dakar, siège de la Banque centrale, comme dans les autres capitales de la Zone Franc, beaucoup s’interrogent sur les conséquences possibles de ce réquisitoire sur les investissements étrangers. A Abidjan aussi, l’on s’interroge, avec à la mémoire tout ce à quoi il a fallu renoncer à la suite de la dévaluation du franc CFA, en janvier 1994. Une monnaie nationale peut obliger beaucoup à passer directement du champagne au vin de palme, sans même transiter par la bière. Et cela ne plaira pas forcément aux propres camarades de Mamadou Koulibaly, tous ces enseignants et fonctionnaires devenus des personnalités importantes dans la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, et qui semblent si heureux d’avoir quitté les appartements exigus de Yopougon et des Deux Plateaux pour des villas cossues à la Riviera et à Cocody.


par Jean-Baptiste  Placca

[20/02/2008]

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