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Chronique de Jean-Baptiste Placca

L’humiliation !

Jean-Baptiste Placca 

		(Photo : S.Bonijol/RFI)
Jean-Baptiste Placca
(Photo : S.Bonijol/RFI)

Que cela provienne d’un dénuement chronique ou d’une carence coupable, il n’y a jamais rien de très glorieux à recevoir ses visiteurs dans le salon ou sur la pelouse du voisin. C’est pourtant ce qui risque d’arriver au Congolais, Joseph Kabila, ainsi qu’au Guinéen, Lansana Conté et au Sierra-Léonais, Ernest Bai Koroma. Enfin, pas à eux-mêmes, personnellement, mais à leurs équipes nationales de football.

Parce que ces pays se sont révélés incapables de présenter des infrastructures dignes de ce nom, leurs stades ont été disqualifiés par la Fifa. Et, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde 2010, leur « onze » national va devoir disputer à l’étranger les matchs qu’il aurait dû accueillir à domicile.

Ce type de défaillance n’est pas anodin : dans la plupart des pays du continent, lorsque le désarroi a tout envahi, il ne reste généralement que le football pour offrir, de temps à autre, un peu de joie, un peu de détente. Et les matchs de l’équipe nationale sont souvent le dernier rempart contre le délitement du sentiment d’appartenance à une seule et même nation. Alors, quand l’Etat n’est même pas capable de préserver cela, on se dit : quelle humiliation !

A la Sierra Leone, qui n’a jamais été un grand pays de football, on peut concéder l’excuse d’une guerre civile qui a tout détruit, y compris les bras et les jambes des plus vigoureux. Mais quelle justification pour la Guinée de Chérif Souleymane et de Petit Sory ? Même aux heures les plus sombres de la dictature de Sékou Touré, le football guinéen était rayonnant. Et ce Stade du 28-Septembre manifestement dépassé aujourd’hui était, dans les années soixante et soixante-dix, un des hauts lieux du football africain. Aucune excuse, donc, pour cette Guinée qui dispose, dans son sous-sol, d’une multitude de richesses, dont un tiers des réserves mondiales de bauxite.

Quant à la RDC, elle a certes connu la guerre, elle aussi, mais elle en est théoriquement sortie et ne peut invoquer le prétexte des moyens. Dans l’ex-Zaïre, le football était porté par des noms prestigieux : Kalala, Kazadi, et bien d’autres. Aujourd’hui encore, les rares images qui font honneur à ce pays sont celles que projettent ses footballeurs et ses musiciens. Même Mobutu, au firmament de son despotisme, prenait garde à préserver le football.

Le mythique Stade Tata Raphaël, entré dans l’histoire avec le fameux gala de boxe Ali - Foreman, en 1974, a été remplacé, vingt ans plus tard, par le Stade des Martyrs, immense mais mal entretenu et déjà dépassé.

Devant une telle démission, face à autant d’incurie, on se surprend, certains jours, sur le point de regretter… Sékou Touré et Mobutu Sese Seko !


par Jean-Baptiste  Placca

[12/04/2008]

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