Chronique des matières premières
Au Japon, des montagnes de riz dorment, depuis des années, dans des silos construits dans la banlieue de Tokyo. Une information choquante au moment où plusieurs pays d’Asie ou d’Afrique tentent désespérément d’importer une céréale vitale pour l’équilibre tant alimentaire que social de leur population.
Le Japon ne demande pas mieux que de mettre ses réserves à disposition, encore faut-il avoir l’accord des pays membres de l’Organisation mondiale du Commerce. Car l’existence de ces stocks est une conséquence d’un accord imposé par l’OMC, il y a une dizaine d'années. Soucieux de défendre leur riziculture, les Japonais ont longtemps fermé leur marché au riz importé jusqu’à ce que les gros exportateurs, Américains en tête, parviennent à leur imposer des quotas d’importation. Au nom du libre-échange, 770 000 tonnes de riz sont importées chaque année par l’archipel. La plupart du temps, ces grains repartent sous forme d’aide alimentaire car, sur le marché local, le riz importé ne trouve pas preneur, il ne correspond pas au goût des citoyens nippons, ils lui préfèrent le japonica cultivé sur place. Plusieurs experts se sont émus de cette aberration. Ils estiment qu’un million cinq cent mille tonnes seraient disponibles. Cela ne suffira pas à calmer les tensions mais, au regard des circonstances actuelles, toute cargaison est bonne à prendre. Américains et Japonais doivent prochainement en discuter pour définir les modalités de la remise en circulation des réserves invendues.
Tokyo ne manquera pas de faire part, à ses partenaires, de ses difficultés actuelles à remplir ses obligations, car il lui faut importer, à prix d'or, un riz qui sera au mieux réexpédié vers des pays dans le besoin. Sans attendre le résultat des négociations, les Philippines, toujours à la recherche de riz sur le marché mondial, ont fait savoir qu'elles étaient preneuses de 200 000 tonnes. Les autorités japonaises ont répondu positivement à cette demande, sans préciser pour l'instant si cette cargaison serait distribuée sous forme d'aide alimentaire ou bien vendue au prix fort.
par Dominique Baillard
[20/05/2008]
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