Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Chronique de Jean-Baptiste Placca

L’obsession du devoir

Jean-Baptiste Placca 

		(Photo : S.Bonijol/RFI)
Jean-Baptiste Placca
(Photo : S.Bonijol/RFI)
Il faut bien convenir que nous n’étions pas habitués à entendre autant d’éloges, même post-mortem, sur un chef d’Etat africain. Levy Mwanawasa s’en est allé, ce mardi 19 août, et depuis, les hommages ne cessent de pleuvoir, de toutes parts, dithyrambiques à souhait.

Même en amputant ces louanges des superlatifs dont on a tendance à abuser, lorsqu’il s’agit de rendre hommage à des personnalités publiques disparues, il en resterait suffisamment pour faire pâlir de jalousie bien des homologues du défunt président.

Depuis 2002, cet avocat de 60 ans avait en main la destinée de la Zambie. Ce pays, situé à l’orée de l’Afrique australe, n’est certes pas devenu un eldorado, sous sa houlette, mais il était une démocratie franche et sincère, gérée avec rigueur, sans aucune pitié pour les corrupteurs et les corrompus.

Avec les Zambiens, c’est donc le continent tout entier qui est en deuil. Car Levy Mwanawasa faisait partie de ce que l’on peut considérer comme le meilleur de l’Afrique. Il était de cette génération nouvelle de chefs d’Etat africains vivant dans l’obsession du devoir, dans le dévouement et la droiture. Aussi, lorsqu’il a pu avoir le sentiment d’avoir échoué – ou de n’avoir pas assez bien réussi –, Mwanawasa savait non seulement le reconnaître, mais aussi s’en repentir et redoubler d’ardeur au travail.

Dans une Afrique si souvent déshonorée par ses propres dirigeants, il est réconfortant de savoir qu’il reste encore quelques chefs d’Etat de qualité, dont la valeur est reconnue, y  compris par leurs adversaires les plus farouches. Au fond, au-delà de ce qu’il est désormais convenu d’appeler la bonne gouvernance, quelles devraient être les qualités d’un bon chef d’Etat, aujourd’hui, en Afrique ?

A cette question-piège, on pourrait répondre, en s’inspirant de ce qu’étaient les exigences de son peuple vis-à-vis de l’Almamy Samory Touré, dans l’Empire du Wassoulou, dans la seconde moitié du XIXe siècle. C’est tout simplement l’hymne de l’Empire. On ne se lasse pas de l’entendre. Appréciez donc !

« Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le pays de tes pères, fais appel aux hommes plus valeureux.

Si tu ne peux dire la vérité, en tout lieu et en tout temps, fais appel aux hommes plus courageux.

Si tu ne peux exprimer courageusement tes pensées, donne la parole aux griots.

Si tu ne peux être impartial, cède le trône aux hommes justes.

Si tu ne peux protéger le peuple et braver l’ennemi, donne ton sabre de guerre aux femmes, qui t’indiqueront le chemin de l’honneur ».

Voilà des exigences qui ne seraient pas de trop, gravées, en lettres d’or, dans les bureaux de bien des chefs d’Etat actuels.


par Jean-Baptiste  Placca

[23/08/2008]

Chronique de Jean-Baptiste Placca : les précédent(e)s








Les derniers éditos et chroniques (texte)

Chronique des matières premières


Chronique des médias


Chronique ACP


Chronique armée-défense