Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Anniversaire

Oscar Niemeyer, un siècle en béton

par Annie Gasnier

Article publié le 12/12/2007 Dernière mise à jour le 31/12/2007 à 14:45 TU

L'axe monumental de Brasilia.(Photo : Danielle Birck/ RFI)

L'axe monumental de Brasilia.
(Photo : Danielle Birck/ RFI)

Oscar Niemeyer reçoit dans son bureau, à Rio de Janeiro, sa ville natale. C'est là que l'architecte brésilien passe encore le plus clair de son temps. Avoir 100 ans et quelque 200 constructions derrière soi n'y change rien. Pour l'homme de Brasilia, le secret de sa longévité tiendrait dans le travail. Celui que l'on a surnommé « le poète du béton armé » n'a d'ailleurs pas l'intention de prendre sa retraite. Des chantiers, des projets, Oscar Niemeyer en a aux quatre coins du monde. Bâtisseur infatigable, militant communiste non moins irréductible, Oscar Niemeyer n'a qu'un souhait à l'heure d'embrasser un siècle d'existence, « Vivre pleinement sa vie jusqu'au dernier instant ». Rencontre.

Oscar Niemeyer, architecte brésilien né en 1907.(Photo : AFP)

Oscar Niemeyer, architecte brésilien né en 1907.
(Photo : AFP)

Le pas est encore fragile et il avance appuyé sur le bras de sa femme Vera Lucia. Elegant, Oscar Niemeyer arbore une veste bleu marine à col (presque) Mao, dans la salle de réception où l´attendent les autorités françaises. « Au nom du président de la République française, nous vous faisons Commandeur de la Légion d´honneur, la plus haute distinction civile et militaire française, créée en 1802 par Napoléon Bonaparte », déclame l´ambassadeur de France au Brésil, Antoine Pouillieute, avant de nouer autour de son cou, le cordon rouge qui porte la brillante décoration. Oscar Niemeyer parait ému. « Un hommage venant de la France où j´ai reçu tant de faveurs, où j´ai pu travailler en exil, ne peut que m´honorer. Si je quittais un jour le Brésil, je retournerais habiter Paris, pour m´assoir aux Champs Elysées, regarder passer les jeunes femmes si jolies... Les Français ont toujours été solidaires avec moi, De Gaulle, Sartre, Malraux, Simone de Beauvoir », confie, à voix très basse, le récipiendaire, dans un français qu´il n´a pas oublié.

Le poète du béton armé

Le bâtiment des Nations unies à New York.© GNU Free Documentation License

Le bâtiment des Nations unies à New York.
© GNU Free Documentation License

Oscar Niemeyer a eu un sourire amusé quand il a entendu l´ambassadeur parler « du Maître, qui est une légende » et de « son siècle de travail, de création et de génie », lui qui, ces derniers mois, aimait à dénigrer (ou feignait de dénigrer ?) les honneurs qui ont jalonné l´année de son centenaire. « Tous ces hommages, c´est ridicule, l´important c´est la vie, le passé et surtout le présent » répétait-il en ajoutant avec malice : « Avoir 100 ans, c´est vraiment une m... ». Pendant plusieurs mois, après une grave chute fin 2006 où il s´était cassé la jambe, cet homme qui n´a jamais eu de grave maladie, appelait sa chaise roulante « mon ennemie ».

Le nom d´Oscar Niemeyer a depuis longtemps traversé les frontières, car 200 bâtiments portent sa signature, plusieurs hors du Brésil, comme le siège des Nations Unies à New York. Son talent est tel que certains projets, pourtant restés au stade de maquette, ne sont pas moins célèbres. A l'instar de la mosquée d´Alger, dessinée en 1960 et que l´architecte aimerait encore, il le dit, voir réalisée. Né le 15 décembre 1907 à Rio de Janeiro, alors capitale du Brésil, Oscar Niemeyer a étudié à l´Ecole des Beaux-Arts. Les nuages et les montagnes ont influencé ses traits, et puis les courbes des femmes l´ont incité à se jouer du béton, pour devenir « le poète du béton armé ».

Travailler, travailler, travailler

La cathédrale de Brasilia.(Photo : Danielle Birck)

La cathédrale de Brasilia.
(Photo : Danielle Birck)

Dans la longue liste de ses travaux les plus fameux, il y a évidemment Brasilia, la capitale futuriste bâtie en quatre ans. Une période où « tout ne fût que travail dans un cadre hostile » se souvient l´architecte. Mais il y a aussi d´autres édifices, plus ou moins connus, souvent convertis en oeuvres d´art. Ainsi de l´église Saint-François d´Assises de Pampulha, à la périphérie de Belo Horizonte. L´évêque a mis des années à consacrer ce bâtiment aux formes surprenantes, avec ces azulejos signés de l´artiste Candido Portinari. Et cette liste est loin d'être close. Chaque jour, en effet, Oscar Niemeyer s´assoit à sa table de travail. Des projets sont en cours, un musée en Espagne, un théâtre en Italie, et d´autres chantiers et commandes au Brésil. Son secret : il est simple, dit-il : « Travailler, travailer, travailler ».

Architecte et militant

Le bureau, au dernier étage d´un petit immeuble ondulé (en forme de seins, dit-on ici) qui possède une vue enchanteresse sur la baie de Copacabana, est son centre d´activités. Il reçoît les étudiants qui obtiennent des bourses d´études, contre l´obligation... de lire des livres ! « Vous comprenez, dit-il, maintenant on forme des spécialistes qui ne savent parler que de leur métier ». Pour comprendre le monde qui les entoure, sont donc organisés, chaque mardi soir, des cours de philosophie. Le cours s´achève en dîner-débat, où « Oscar » trône en bout de table. « Ce qui est important, c'est la quête d'un monde meilleur, de faire plaisir et de plaire », explique notre hôte. Le militant de toujours, entré au Parti communiste brésilien en 1945, architecte du siège du PC français et du journal L´Humanité, à Paris, est un vieil ami de Fidel Castro et un admirateur déclaré du vénézuelien Hugo Chavez. Quant au président Lula « qui n´est pas communiste », il a, selon lui, rendu aux pauvres leur dignité, en menant une croisade internationale contre la misère.

Oscar Niemeyer a le privilège d´assister, de son vivant, à son centenaire. Le genre d'anniversaire suffisamment rare pour faire cadeau à l'intéressé, du mot de la fin. « Il faut vivre pleinement sa vie, jusqu´au dernier instant. Ensuite, on prend son chapeau... et on s´en va... ». 

Le Musée d'Art Contemporain à Rio de Janeiro.(Photo : Reuters)

Le Musée d'Art Contemporain à Rio de Janeiro.
(Photo : Reuters)

portrait

Théâtre

(Photo : Cosimo Mirco Magliocca)

Catherine Hiegel : «J’apprivoise les planches»

La comédienne monte L’Avare à la Comédie-Française. Des retrouvailles avec Molière, un auteur qu’elle a joué et mis en scène à maintes reprises en quarante ans de maison. Doyen du Français, Catherine Hiegel se définit avant tout comme « une travailleuse acharnée ». Voire obstinée.

14/10/2009 à 08:41 TU

Rentrée littéraire

Marie NDiaye(Photo : C. Hélie/ Gallimard)

Marie Ndiaye, une écrivaine atypique

Quotidiens, magazines, critiques... Tous font du nouveau roman de la Française l'un des événements de la rentrée 2009. Trois femmes puissantes (Gallimard) est le titre de ce nouveau récit qui entrecroise trois destins de femmes entre l'Afrique et l'Europe. Rencontre avec une auteure à part.   

31/08/2009 à 08:38 TU

Cinéma

© Studio Canal

Sandrine Bonnaire, sans fard et sans reproches

Elle illumine ce début de mois d’août où on la retrouve à l’affiche de Joueuse, le premier long-métrage de Caroline Bottaro. Elle c’est Sandrine Bonnaire, la talentueuse actrice française révélé dans A nos amours de Maurice Pialat. Rencontre.

14/08/2009 à 13:22 TU

Photographie

Ferdinando Scianna.(Photo : E. Scianna)

Ferdinando Scianna : hommage à ses compagnons de voyage

Le photographe italien occupe le premier étage de la Maison européenne de la photographie, à Paris, où est présentée une rétrospective de son œuvre intitulée La géométrie et la passion. La première jamais montée en France. Quand l’image se fait histoire, rencontre avec un conteur aux accents siciliens.

31/07/2009 à 13:48 TU

Rencontres d'Arles

Robert Delpire© Sarah Moon

Robert Delpire, passeur d’images

Editeur, organisateur d’expositions, Robert Delpire est à l’honneur des 40e Rencontres photographiques d’Arles (7 juillet-30 septembre). A 83 ans, il est l’une des personnalités incontournables de l’histoire de la photographie. Retour sur soixante ans d’un album photos riche en découvertes.

13/07/2009 à 07:15 TU

Littérature

© Grasset

Michel Le Bris, l’homme aux semelles de vent

Du 30 mai au 1er juin, le festival Etonnants Voyageurs fête ses vingt ans d’existence. L’occasion de pousser sur le devant de la scène, son président et fondateur, Michel Le Bris, 65 ans, qui publie par ailleurs une autobiographie, Nous ne sommes pas d’ici. Aux éditions Grasset.

29/05/2009 à 13:17 TU

Littérature

(Photo : J. Sassier/ Gallimard)

Chamoiseau ou portrait de l’artiste en militant de la créolisation

L'écrivain martiniquais publie un nouveau roman, Les neuf consciences du Malfini. Si l'ancien Prix Goncourt - c'était en 1992 pour Texaco - poursuit son oeuvre littéraire, il n'en reste pas moins un ardent militant de la cause créole. Retour sur un parcours entre poétique et politique.  

11/05/2009 à 14:49 TU

Photographie

Marc Riboud© Martin Argyroglo

Marc Riboud : «Je n’ai pas arrêté de faire des photos»

Qu’on se le dise : Marc Riboud, 85 ans, est toujours aussi curieux. Cinquante ans à sillonner les routes du monde entier n’ont pas entamé son envie de photographier… et encore moins de parler. Le micro allumé, les anecdotes foisonnent.

01/04/2009 à 15:36 TU

Salon du livre

© Gallimard

Carlos Fuentes, romancier de la ville et du temps

Locomotive de la délégation mexicaine invitée, cette année, du salon du livre de Paris, Carlos Fuentes est l'une des principales vedettes de cette 29e édition. A 80 ans, il publie un recueil de nouvelles, Le Bonheur des famille. Portrait d'un patriarche. 

16/03/2009 à 08:33 TU

Cinéma

Miou-Miou(Photo : Elisabeth Bouvet/ RFI)

Miou-Miou : la vie devant soi

L’actrice française est à l’affiche d’un premier film, Pour un fils, sur les écrans à partir de ce 4 mars. Quarante ans après ses débuts sur les planches du Café de la Gare, Miou-Miou ne cultive pas la nostalgie. A 59 ans, elle préfère parler de ses projets plutôt que d’égrener ses souvenirs.  

13/03/2009 à 08:53 TU

A écouter

(Photo : Philippe Nadel/RFI)

Grand reportage

Oscar Niemeyer : une passion centenaire pour l'architecture

12/12/2007

A lire

Architecture

Oscar Niemeyer(Photo : AFP)

Un Brésilien en France

21/12/2007 à 16:46 TU