par Danielle Birck
Article publié le 13/12/2007 Dernière mise à jour le 21/12/2007 à 16:46 TU
Oscar Niemeyer a aimé Paris. « Si je ne pouvais plus vivre à Rio, c’est là que j’habiterai », confiait-il au début des années 1990 à un journaliste français. Il est vrai que durant les cinq années, de 1967 à 1972, où il a vécu exilé à Paris, capitale d’une France qui avait alors une certaine idée de la culture au point d’en faire pour la première fois un ministère à part entière inauguré par André Malraux, l’architecte brésilien a pu exercer librement sa profession, grâce à un décret présidentiel.
Courbes et engagement
Communiste, Niemeyer n’en fera pas moins sienne la conception de l’existence du philosophe Jean-Paul Sartre, qu’il côtoie, ainsi que Simone de Beauvoir, pendant son séjour parisien. Ce qui créera parfois des frictions avec les « camarades du Parti ». Le PCF dont il va réaliser le siège national, place du colonel fabien, dans le XIXe arrondissement de Paris. Imaginé très rapidement (en trois jours, parait-il), sa réalisation se révèlera nettement plus tardive et ardue : les travaux proprement dits dureront sept ans, en raison notamment de l’espace limité sur lequel le bâtiment devait être édifié, et de la difficulté à composer avec les constructions environnantes. Il faudra attendre 1980 pour que l’immeuble soit enfin achevé.
Quoiqu’il en soit, le résultat est là : un édifice assez étonnant dans le paysage parisien, immédiatement identifiable avec, en face d’un imposant bâtiment légèrement incurvé à la façade de verre, un dôme blanc translucide émergeant du sol, qui est en fait celui de la vaste salle de congrès, située, comme l’entrée du bâtiment, en profondeur, de manière à inscrire le hall d’entrée dans un large espace, sans pour autant occuper trop de terrain. Ce hall, rebaptisé « espace Niemeyer » et devenu un lieu d’expositions temporaires, est lui aussi placé sous le signe de la courbe, des murs, mais aussi du sol, dont le relief doucement « bosselé », renvoie à la nature et donne vie et espace au lieu. Certes, « la maison du travailleur » n’est pas vraiment devenu dans la ville « un point d’attraction et de tourisme » comme le souhaitait son architecte, mais il reste un lieu emblématique de cette architecture toute en courbe de son auteur, comme de l’engagement.
D’ailleurs les deux autres édifices construits dans la région parisienne ont eu aussi à voir avec le monde du travail et de l’engagement politique, la Bourse départementale du travail à Bobigny (1980) et le bâtiment du journal L’Humanité, à Saint-Denis (1989). Là encore on retrouve un bâtiment de verre et de béton, avec une façade en courbe qui imprime élégance et mouvement à l’édifice. Lequel, dans le cas du siège de L’Humanité, réussit le pari de côtoyer la basilique multicentenaire en s’intégrant dans le centre ville rénové. Le Conseil général du département de la Seine Saint-Denis, où se trouvent les deux édifices, organise d’ailleurs ce samedi 15 décembre, à la Bourse du travail de Bobigny, une table ronde consacrée à la diversité et à la richesse de l’œuvre de Niemeyer à l’occasion de son 100ème anniversaire.
Toujours dans la région parisienne, on doit également à Niemeyer deux ensembles de bureaux à Fontenay-sous-bois.
Le « Volcan »
C’est au Havre que s’est ouverte en 1961 la première « Maison de la Culture ». Une quinzaine d’années plus tard, Niemeyer conçoit un nouvel ensemble pour ce lieu destiné à faire de la culture « un bien commun ». Après de multiples rebondissements et de conflits entre la mairie communiste et le ministère de la Culture, il sera achevé en 1982. L’œuvre, à laquelle on accède par un jeu de rampes se compose de deux volumes, le Grand et le Petit Volcans, le premier abritant un théâtre et un cinéma, le second plusieurs salles (de réunion, de répétition, etc.) ainsi qu’un auditorium. Les espaces intermédiaires comprenant hall d’exposition, ateliers et bureaux. Le tout autour d’une piazza encaissée.
L’espace Niemeyer est situé sur une vaste place au centre de l’ensemble formé par les immeubles construits après la Seconde guerre mondiale par le célèbre architecte Auguste Perret. Un ensemble, classé en 2005 au patrimoine mondial de l’Unesco, et dans lequel s’inscrit parfaitement l’œuvre de Niemeyer qui a « voulu, une fois encore, faire quelque chose d’inédit qui tienne compte de l’environnement, des vents de la mer, de l’harmonie des bâtiments aux alentours », déclarait-il en 1993 dans son « autobiographie » recueillie par Edouard Bailby (Niemeyer par lui-même, éditions Balland)
La main ouverte
Au pied du Grand Volcan, le visiteur est accueilli par une imposante sculpture fontaine en forme de main ouverte. Un thème également cher à Niemeyer et que l’on retrouve dans sa dernière œuvre en France : une sculpture monumentale (six mètres de hauteur et une douzaine d’amplitude) en acier peint et figurant une main ouverte offrant une fleur. En créant cette œuvre et en l’offrant à la ville de Paris, Oscar Niemeyer souhaitait célébrer la paix et l’amitié entre les deux pays : « J’ai fait un croquis qui surgit dans l’espace. J’ai fait une main ouverte avec une fleur, quelque chose qui transmette la solidarité, une chose vague, comme un rêve ». le président brésilien, Luiz Ignacio Lula da Silva, en avait remis officiellement la maquette au maire de Paris, Bertrand Delanoë, le 14 juillet 2005, dans le cadre de l’année du Brésil en France.
Installée dans le Parc de Bercy, dans le XIIe arrondissement de Paris, l’œuvre a été officiellement inaugurée en janvier 2007.
Au cours de ses années passées en France, Oscar Niemeyer avait dessinés des projets qui n’ont pas été réalisés, « malheureusement », confiait-il dans Niemeyer par lui-même, en évoquant plus particulièrement celui du couvent des Dominicains de la Sainte-Baume en Provence. « Le sujet et le lieu m’avaient tellement séduit que deux jours plus tard, de retour à paris, j’avais une idée claire du projet ». Si le projet en question avait également suscité l’enthousiasme des Dominicains, il n’a pas pu voir le jour, faute de moyens financiers.
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