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Patrimoine

Réouverture de la Galerie des Gobelins

par Claire Vuillemin

Article publié le 11/05/2007 Dernière mise à jour le 11/05/2007 à 15:52 TU

La façade de la Galerie des Gobelins (après travaux), à Paris.(Photo : André Morain)

La façade de la Galerie des Gobelins (après travaux), à Paris.
(Photo : André Morain)

Pour marquer la réouverture de la Galerie des Gobelins et pour commémorer le 400ème anniversaire de la fondation par Henri IV des ateliers de tissage de Saint-Marcel, devenus plus tard la Manufacture des Gobelins, l’exposition «Les Gobelins 1607-2007, Trésors dévoilés, quatre siècles de création» présente une sélection de chefs d’œuvre issus de ses collections anciennes ainsi que des créations contemporaines des dix dernières années.

Une étonnante vitrine de chef-d’œuvres, dont la «tenture d’Artémise»

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Le parcours de l’exposition est représentatif de l’évolution de l’institution et de son histoire. La première partie présente l’origine des trois manufactures (Gobelins, Beauvais et Savonnerie) à travers diverses commandes royales, dont la «tenture d’Artémise». Tissée à la demande d’Henri IV pour son épouse Marie de Médicis, cette tapisserie du début du 17ème siècle reste le clou de l’exposition. C’est en effet la première fois qu’est présentée à Paris la totalité de ce chef d’œuvre : quinze pièces relatant le mythe d’Artémise. Autant dire que les spécialistes chargés de restaurer les vastes pans de la tapisserie faite de fils d’or et d’argent sont intervenus avec une précision chirurgicale pour lui rendre toute sa splendeur.

La seconde partie de l’exposition est consacrée aux dernières créations. Des oeuvres tissées d’après les cartons de grands artistes contemporains comme Pierre Alechinsky ou  Raymond Hains. 

Le parcours se termine par la présentation d’une sélection de pièces d’exception conçues dans les Manufactures nationales. Soieries, porcelaines, bronzes, meubles et cristaux ont été fabriqués pour le pouvoir, entre 1780 et 1870. Du baromètre livré à Louis XVI en juillet 1789, au bénitier de cristal haut de 2,70 mètres de l’impératrice Eugénie, en passant par une évocation de la salle du trône des Tuileries sous Napoléon et la Restauration, on trouve ici tout le savoir-faire des plus prestigieux créateurs.

Un lieu de mémoire et de création, établi par Henri IV

La Manufacture des Gobelins, dont on attribue généralement la création à Louis XIV et Colbert, est en fait une initiative d’Henri IV. C’est lui qui, en 1607, fait édifier une manufacture de tapisseries qui s’installe au faubourg Saint-Marcel (sur le site actuel des Gobelins, dans le 13ème arrondissement de Paris). Le nom «Gobelin» évoque le souvenir du teinturier Jehan Gobelin qui avait installé, dès 1447, un atelier de teinture sur les bords de la Bièvre, dont les eaux étaient réputées pour leurs qualités tinctoriales. Classé monument historique, l’enclos des Gobelins est un site exceptionnel par son architecture préservée, comme par son caractère de lieu de mémoire et de création.

Le colosse de Rhodes, un des panneaux de la fameuse série des tentures d’Artémise. DR
Le colosse de Rhodes, un des panneaux de la fameuse série des tentures d’Artémise.
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Louis XIV et Colbert, toujours attentifs à ce qui pouvait contribuer à la gloire du royaume, ont tout de suite voulu donner une forte impulsion à l’industrie et développer la production artistique française pour éviter les achats à l’étranger. Des ateliers de tapisserie dispersés dans Paris sont alors regroupés le long de la Bièvre sur le site des Gobelins qui accueille quelques années plus tard la Manufacture royale des meubles de la couronne. Aujourd'hui sont réunis sur ce site les ateliers de tapisserie de haute lisse des Gobelins, une partie de ceux de la Manufacture de basse lisse de Beauvais rapatriés sur Paris en 1940 et la Manufacture de tapis de haute lisse de la Savonnerie, réunie aux Gobelins en 1825. 

(Photo : Sophie Zenon)
(Photo : Sophie Zenon)

La technique de tissage a peu changé à travers les siècles. Tapisserie ou tapis sont exécutés sur un métier d’après le carton d’un artiste, par un lissier. Entre haute et basse lisse, la différence tient essentiellement au métier : en hauteur pour la technique de haute lisse et horizontal pour la basse lisse. Les matériaux utilisés sont la laine (souvent originaire d’Australie ou de Nouvelle-Zélande), la soie ou le coton, les fils d’or ou d’argent. Quant aux fibres, elles sont soigneusement teintées pour obtenir la couleur souhaitée à partir d’un échantillonnage choisi par l’artiste.

Métier de haute lisse à la manufacture des Gobelins par Stephen Craig. (Photo : Danielle Birck/ RFI)
Métier de haute lisse à la manufacture des Gobelins (Photo : Danielle Birck/ RFI)

 

L’Atelier de Recherche et de Création (ARC) : une place essentielle au sein du Mobilier National.

Une fois achevée, la production des Manufactures est versée depuis toujours au Mobilier national et inscrite à ses inventaires. C’est un organisme héritier du Garde-meuble de la Couronne créé également au 17ème siècle. Sa première mission est de fournir l’ameublement des lieux officiels de la République. Les tapis et les tapisseries sont réservés en priorité à l’État pour répondre à ses propres besoins et servir sa politique culturelle lors d’expositions en France ou à l’étranger. La production est également destinée à essaimer dans le monde sous forme de cadeaux diplomatiques ou des ventes exceptionnelles.

Le Mobilier national est aussi chargé de conserver, réparer, entretenir les objets, mobiliers, tapis et tapisseries du palais de l’Élysée, des résidences présidentielles, des ministères, des ambassades et des grandes administrations. Sept ateliers assurent la restauration des éléments les plus prestigieux des collections. Depuis 1964, à l’initiative d’André Malraux, un Atelier de recherche et de création (ARC) est chargé d’étudier et de réaliser des meubles et objets mobiliers à partir d’idées proposées par des designers contemporains. Ainsi, Paulin, Starck, Wilmotte ont soumis quelques projets. L’idée étant de promouvoir l’esthétique et les techniques modernes dans la création de nouveaux meubles. Les objets conçus sont réalisés en pièce unique ou en prototype au sein du Mobilier national. En plus de quarante ans, plus de 500 prototypes ont ainsi vu le jour, parmi lesquels des mobiliers pour les appartements du président de la République ou pour les ambassades de France.

Fauteuils réalisés par le designer Christophe Pillet pour la tribune officielle du défilé du 14 juillet en 2000. (Photo : Danielle Birck/ RFI)
Fauteuil et chaise conçus par le designer Christophe Pillet pour la tribune officielle du défilé du 14 juillet 2000. (Photo : Danielle Birck/ RFI)

«La tradition des Manufactures et du Mobilier national, c’est tout à la fois de créer le patrimoine de demain avec des œuvres contemporaines, mais aussi de recréer des pièces, aujourd’hui disparues dont on a gardé les cartons et qui rentrent dans des ensembles de collection, comme ceux de l’Élysée, du château de Versailles ou d’autres lieux prestigieux » explique Bernard Schotter, administrateur général du Mobilier national et des manufactures nationales des Gobelins, de Beauvais et de la Savonnerie. On l’aura compris, le but est de laisser un patrimoine digne de ce nom aux futures générations. «Il faut également faire connaître au public national et international, les richesses dont nous sommes dépositaires» souligne Bernard Schotter. La réouverture au public de la Galerie des Gobelins après plus de trente ans de fermeture va dans ce sens. 

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