par Danielle Birck
Article publié le 07/08/2007 Dernière mise à jour le 06/01/2009 à 11:52 TU
Quand on demande à Kyle Jarrard, comment il en est venu à s’intéresser d’aussi près au cognac, la réponse est simple et directe : « J’ai épousé une Charentaise dont la famille est enracinée très profondément dans la région, avec beaucoup d’amateurs de cognac… Et quand je suis arrivé en France au début des années 80, on m’a fait rencontrer beaucoup de personnes liées au cognac. C’est une histoire d’amour non seulement avec ma femme, mais avec la région et le terroir ».
Texas et Charente
Le terroir,c’est avant tout un sol, sur l’histoire duquel Kyle Jarrard s’attarde au début de son livre, en remontant aux origines, il y a une centaine de millions d’années… « C’est passionnant parce que la première chose qu’on voit en arrivant en Charente ce sont les églises, les maisons construites dans cette pierre blanche, la craie. Les chais, toute l’architecture de la région repose sur cette pierre, et quand vous allez dans les grandes terres de cognac, de grande et petite champagne, cette craie est omni présente. La plante peut la traverser et y puiser toutes ses ressources. Alors j’ai eu envie de savoir comment tout cela s’était formé, à quelle époque »… Un sol qui est similaire à celui du Texas, à cinq millions d’années près : « Moi,Texan, la première fois que j’ai marché dans les plans de vigne en Charente, j’ai regardé par terre, une vieille habitude de chercher des fossiles, et j’ai trouvé les mêmes qu’au Texas »…
Une particularité qui a permis de sauver le vignoble du Cognac, lors de l’épidémie de phylloxéra, dans la seconde moitié du XIXe siècle. Après un premier essai infructueux de porte-greffe américain, on a procédé à une étude plus poussée afin de trouver un sol crayeux exactement semblable à celui de la Charente et des vignes résistant au phylloxera et à la chlorose (déficit en fer). La mission dont a été chargé Pierre Viala, jeune professeur de viticulture à l’école d’agriculture de Montpellier, va durer 6 mois, de juin à décembre 1887. C’est du Texas, en passant par la ville de Denison, que vont être acheminés les sarments de vigne sauvage qui permettront de sauver la vigne de cognac. « La seule raison pour laquelle ça a marché, c’est parce que les sols étaient exactement identiques, souligne Kyle Jarrard. Et, ironie de l’histoire, j’ai vécu une partie de mon enfance à proximité de Denison »… Denison qui est jumelée avec la ville de Cognac.
Une histoire épique
Un moment parmi d’autres de cette histoire riche, mais mouvementée, «épique » même, écrit Kyle Jarrard. Car le cognac est « le fruit d’un incroyable concours de circonstances ». Des conditions géologiques, géographiques, climatiques idéales, d’abord, mais aussi d’une histoire « qui a toujours été du côté du cognac, le soutenant dans sa progression ou le sauvant de l’abîme ». Un abîme côtoyé à plusieurs reprises, à cause des caprices de la nature ou de ceux des hommes : épidémies, guerres, aléas du commerce international… Un exemple de cette « chance » du cognac pendant la Seconde guerre mondiale : ce lieutenant allemand qui saura se souvenir que lui et son frère sont nés à Cognac et, «en y revenant quarante ans plus tard, c’était avec la volonté de sauver le cognac. Il a fait un inventaire des stocks qui a permis de les protéger (contrairement à son frère en Champagne, qui a procédé au pillage). J’ai rencontré des gens qui l’avaient connu et m’en ont parlé en bien »…
Boire un cognac, c’est donc participer à une vieille et riche histoire. « Là où il y a du cognac, il y a de la culture » : c’est une phrase que Kyle Jarrard a souvent entendue lors de ses rencontres avec les acteurs du cognac. «Ils sont tellement fiers de l’histoire qui est derrière le produit, du fait que, malgré les problèmes, chaque fois le cognac a survécu. Avec cette idée profonde de culture, de région et de quelque chose de très raffiné qui se perfectionne avec le temps. C’est ça le secret du Cognac… C’est différent de la vodka et d’autres spiritueux dans le sens où l’on peut faire de la vodka pratiquement n’importe où… et d’ailleurs, une des meilleures vodkas, en termes de vente, est fabriquée à Cognac ! ».
La part des anges
Mais le fait est là : en France on consomme beaucoup de whisky (193 millions de bouteilles par an) et très peu de cognac. La production nationale (quelque 152 millions de bouteilles) est exportée à 95% à l’étranger dont une bonne moitié aux Etats-Unis. Les Etats-Unis où depuis le début des années 2000 le cognac est devenu une des boissons alcoolisées préférées de la communauté afro-américaine, notamment dans le milieu du hip-hop. Le rappeur Busta Rhymes a même écrit une chanson titrée « Pass the Courvoisier » (Passe le Courvoisier)…
Le paradoxe est total. Et du côté du Bureau National interprofessionnel du Cognac on aimerait bien faire changer les habitudes et inciter les consommateurs à boire le cognac en apéritif. « La France, sur ce plan, est en retard par rapport aux Américains, constate Kyle Jarrard. Ils boivent les premières qualités du cognac (VS ou VSOP) dont le prix est équivalent à celui du whisky en France, en long drink mélangé à toutes sortes de choses dans les clubs, les bars, les discothèques…Tandis qu’en France le cognac reste quelque chose qu’on boit après le dîner, en regardant très profondément dans son verre, un truc de papa ». Remarquons au passage que jusqu’à la Première guerre mondiale, en France, on buvait le cognac à l’eau. Kyle Jarrard, pour sa part n’hésite pas à mettre deux glaçons dans son cognac, « même pour les anciens de 25 à 30 ans d’âge ».
Busta Ryhmes «Pass the Courvoisier»
En ce début du XXIe siècle, de nouveaux marchés s’ouvrent pour le cognac français, en Europe et en Asie. Le cognac « a l’air robuste, écrit Kyle Jarrard. Voici une boisson qui a adopté beaucoup de styles au fil des siècles, et sans changer d’habit en chemin (…) Il a évolué sans perdre son esprit ». Sans oublier « La part des anges », celle qui s’évapore pendant le vieillissement du cognac en fût…
label france
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