par Danielle Birck
Article publié le 27/05/2008 Dernière mise à jour le 29/05/2008 à 13:52 TU
Une herbe folle, une fleur qui poussent au bord d’un trottoir, une friche qui s’épanouit au pied d’un platane : en ville, les signes ne manquent pas d’une nature dont l’énergie se joue de la pierre et du bitume … Quelque chose qui réjouit le citadin (quand il prend le temps de le remarquer) et… Pascal Cribier.
Cet architecte est devenu paysagiste avec la découverte de l’univers des pépinières, où il a travaillé pendant deux ans après son diplôme. Et s’il a un atelier parisien, il est plus souvent sur le terrain ou dans son jardin-laboratoire, en Seine-maritime, dans cette Normandie où il est né, en 1953. Un jardin qui « plonge vers la mer », une précision qui s’impose car « même si le jardin n’est pas toujours ouvert sur le paysage, il doit tenir compte des alentours ».
le Jardin des énergies
C’est ainsi que, « autour de la centrale nucléaire de Cattenom, sur le lac qui sert à refroidir la centrale, au lieu de travailler sur les berges qui n’étaient pas très bien exposées, j’ai proposé qu’on fasse une île artificielle sur le lac, explique Pascal Cribier. Un lac chaud en permanence, une réserve d’eau chaude extraordinaire. Il ne s’agit pas seulement de stratégie adaptative en fonction de formes d’eau différentes, mais de l’énergie des plantes et la façon dont elles savent capter les différentes énergies ». Le projet, auquel est associé entre autres le botaniste Francis Hallé, a remporté le concours. « Mon rêve, c’est de réaliser le jardin des énergies », conclut Pascal Cribier, devant la maquette du projet, dans le sous-sol de l’exposition.
Un sous-sol dans la pénombre duquel on peut voir une autre énergie à l’œuvre, celle des champignons qui émergent des blocs de terre enfermés dans du plastique. De la terre que Pascal Cribier a apportée de son « sous-bois en Normandie » et qu’il remportera une fois l’exposition terminée…
En attendant, « puisqu’il y a une cuisine ici, ils ont commencé à manger les pleurotes et les shiitakes. C’est presque un lieu de production », note-t-il avec humour, ajoutant « et je suis enchanté des spores qui sont en train de boucher la clim’… Benoit, qui gère magnifiquement l’espace Electra, a dit hier très astucieusement qu’il pensait à débrancher l’alarme incendie avant qu’elle ne se déclenche… »
Les racines ont des feuilles
Paradoxalement, le lieu le plus lumineux de la fondation, à l’étage, abrite la partie la plus souterraine de l’exposition, les racines. Même si le blanc aux murs et au sol est là pour rappeler le calcaire du sol d’origine de ces racines issues du marais de Larchant, en Ile de France. Des racines qui se distinguent par leurs disques, phénomène assez unique d’indication « d’une eau qui monte et descend indépendamment des phénomènes climatiques ». Les orchidées et leurs racines chlorophylliennes sont là pour témoigner d’autres systèmes racinaires. Un système sur lequel Pascal Cribier, a beaucoup réfléchi, « une obsession depuis 25 ans », avoue-t-il.
Et c’est à sa demande que le botaniste Francis Hallé s’est penché sur les dernières études concernant les systèmes racinaires des arbres où il a appris que « certaines racines, à l’instar des feuilles ‘tombent’ à l’automne et poussent au printemps ». D’où le titre de l’exposition, Les racines ont des feuilles, qu’on serait presque tenté de prendre au pied de la lettre, car les racines « qui naissent et meurent avec les feuilles » ne nous amènent-elles pas à les considérer comme des « arbres en miroir ?», suggère Pascal Cribier. Quoiqu’il en soit, ces souches avec leurs racines, sont une manière délibérée d’attirer l’attention des visiteurs sur le sous sol car « un jardin ne se limite pas au visible. L’essentiel est caché ».
A l'épreuve du temps
Le commissaire de l’exposition, Laurent Le Bon, renchérit : « Si le jardin est par nature artifice, on a voulu montrer la nature pour ce qu’elle est … bien distinguer le jardin et le paysage, deux notions complémentaires, mais bien différentes » pour Pascal Cribier. D’où, souligne-t-il, son attachement à montrer aussi les étapes qui mènent à la réalisation d’un jardin, « depuis les premières décisions, le chantier, jusqu’au passage des saisons ». Avec des photographies – il y en aura 1400 dans le livre qui va paraître le 24 juin (1) –, comme celles qui dans l’exposition accompagnent la création du « jardin expérimental » de Méry-sur-oise, un projet visant à mettre en évidence la sensibilité du végétal aux qualités de l’eau. Ce jardin influencera la création de jardins à thèmes en Moselle, sous le label « Jardins sans frontières ». Mais le projet sera finalement abandonné.
Il y a aussi les concours perdus comme celui de la Cour du Maroc, dans l’est parisien. Le projet présenté par Pascal Cribier et son équipe et qui n’a pas été retenu, était le seul à préconiser la conservation partielle d’un mur pour protéger le parc du bruit de l’avenue. Résultat : « le bruit des voitures entre dans tout le jardin ». Il juge « consternant » qu’en dépit de leurs demandes, il n’ait pas été réalisé « une étude acoustique sur la qualité sonore du jardin , avec ou sans le mur, pendant la phase du concours ». Concours qui sera remporté par Michel Corajoud (grand prix d’urbanisme 2003). Cet exemple reflète bien pour Pascal Cribier la difficulté des études en milieu urbain, « une grosse préoccupation pour les paysagistes », souligne-t-il.
Mais il arrive que ça marche. Que le projet soit retenu, qu’il aboutisse, soit pérenne et constitue un moment important du parcours de son auteur : c’est ce qui s’est passé en 1990 avec la rénovation du jardin des Tuileries à Paris, dans le prolongement des travaux du grand Louvre. Il a fallu concilier une certaine « déférence » à l’histoire du lieu - un jardin dessiné au XVIIe siècle par le Nôtre puis revu et corrigé au XIXe - avec la réalité contemporaine d’ un lieu cerné par les voitures et envahi d’activités commerciales… le résultat du travail accompli avec le paysagiste Louis Benech et l’architecte François Roubaud sera unanimement salué.
Une atmosphère particulière
Que ce soit à Antibes où il travaille actuellement, ou à Bora Bora où il a réhabilité l’île de Paul-Emile Victor, ravagée par un cyclone en 1991, qu’il participe au projet de requalification des zones industrielles du grand Lyon ou au réaménagement d’un domaine dans le pays cauchois, Pascal Cribier est à l’écoute du lieu, du paysage, des gens qui vont y vivre et de ceux qui vont l’entretenir. « Et lorsqu’une atmosphère particulière vient surprendre quelques amis réunis au jardin, et qu’ils restent là à profiter de l’instant, on touche à l’essence du jardin. Il n’y a pas mieux que ces moments de poésie et d’émotion ». A noter que cet ancien passionné de Kart (il a même appartenu à l’équipe de France) qui est entré aux Beaux-Arts sur présentation de ses dessins de voitures, n’a ni ordinateur, ni téléphone portable…portrait
27/10/2009 à 14:11 TU
12/10/2009 à 14:21 TU
04/08/2009 à 15:51 TU
30/06/2009 à 16:08 TU
30/06/2009 à 17:03 TU
07/05/2009 à 16:30 TU
22/04/2009 à 09:39 TU
01/04/2009 à 14:09 TU
A 41 ans, le chef lyonnais (d’adoption) a repris le restaurant mythique de la Mère Brazier, créé en 1921 et qui a conservé pendant une trentaine d’années les trois étoiles acquises en 1933. Une véritable institution que Mathieu Viannay a entièrement rénovée et entend faire revivre entre tradition et modernité, en toute liberté mais avec rigueur.
Un pari réussi, puisque le guide Michelin vient de rendre à la Mère Brazier deux de ses trois étoiles...09/03/2009 à 15:38 TU
02/02/2009 à 09:22 TU