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Tendances

Elizabeth Leriche, sentir l’air du temps.

par Danielle Birck

Article publié le 03/09/2008 Dernière mise à jour le 04/09/2008 à 10:50 TU

Crédit : Nicolas Matheus

Crédit : Nicolas Matheus

Elizabeth Leriche est ce qu’on appelle une « chasseuse de tendances », mais elle préfère se définir comme quelqu’un qui « sent l’air du temps ». Avec le bureau de style qu’elle a fondé sous son propre nom il y a 18 ans, elle travaille notamment pour le salon Maison & Objet et son Observatoire des Tendances, mais aussi dans le domaine du textile, des accessoires de mode et des bijoux. A l’occasion de la seconde session annuelle du salon Maison & Objet, qui se tient du 5 au 8 septembre 2008 à Villepinte, au nord de Paris, RFI a rencontré Elizabeth Leriche.

Le bureau de style d’Elizabeth Leriche est installé dans une ancienne boutique du VIIe arrondissement de Paris. En ces derniers jours d’été, la porte sur la rue est ouverte. Le seuil franchi, il faut zigzaguer entre les bijoux étalés sur le sol en prenant garde à ne pas faire tomber au passage les verres multicolores alignés au ras des tables bureaux. Un désordre organisé et une certaine fébrilité au diapason des activités mode et maison d’Elizabeth Leriche à quelques jours de l’ouverture des salons Maison & Objet et Eclat de Mode/Bijorhca. « Je trouve intéressant de travailler dans ces deux secteurs qui se nourrissent l’un l’autre, avec une interaction de plus en plus grande entre la mode et la maison », souligne Elisabeth Leriche, qui ajoute : « Je travaille beaucoup à l’instinct, avec mes sensations, mes émotions, j’ai envie de faire passer des choses que je ressens très fort ». Des sensations, des émotions qui se nourrissent des voyages et de « l’écoute de tout ce qui passe dans le monde, dans tous les domaines : l’art contemporain, la mode, la cuisine »…

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Plutôt bien inspirée

Mais il ne s’agit pas seulement de ressentir, découvrir, recenser mais aussi d’innover, de faire de la prospective en proposant des tendances susceptibles de s’imposer. Ce qui est plus délicat, sinon risqué. « Effectivement, parfois on peut se tromper, mais en général, je suis plutôt bien inspirée… c’est vrai qu’on se projette dans les années à venir, en proposant des thématiques  novatrices, ou tout simplement une couleur. Par exemple, pendant longtemps on a préconisé le vert, qui a mis longtemps à devenir une couleur commerciale. Il a donc fallu insister pendant quelques années, et maintenant c’est une couleur qui se vend très bien ». Alors, bien inspirée Elizabeth Leriche ? la preuve : « Il y a quelques saisons j’avais proposé un espace consacré au motif, intitulé  ‘esprit’ et j’avais fait faire des stickers en adhésif pour décorer les murs parce que je n’en trouvais pas sur le marché. Et aujourd’hui, on a pléthore de stickers pour décorer ses murs » …

Pour en revenir aux couleurs - très importantes pour Elizabeth Leriche, dans quelque domaine que ce soit - pourquoi, effectivement, trouve-t-on tout à coup dans les magasins telle ou telle couleur ? Réponse : parce que les bureaux de style ont eu une concertation au cours du salon Première Vision, le salon mondial des tissus d’habillement. En ce qui concerne le salon Maison & Objet, trois bureaux de style y sont associés qui travaillent ensemble. Stimulant, mais pas forcément évident : « En fait, ça dépend beaucoup des personnalités. C’est vrai que nous avons des visions, des formations, des sensibilités différentes. Je ne vous cache pas que ces réunions, ces concertations sont parfois houleuses parce qu’on n’est pas toujours d’accord, mais en même temps c’est très dynamique et très motivant. Personnellement, je pense avoir suffisamment d’idées pour les partager. Et c’est cela qui est intéressant : mettre en partage les idées et aller de l’avant ».

Retour à la simplicité

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Parmi les bureaux de style associés au salon Maison & Objet, il y a celui de Nelly Rodi, où Elizabeth Leriche a travaillé pendant plusieurs années. « C’est vrai que Nelly Rodi m’a tout appris. Je suis restée cinq ans chez elle où j’ai commencé comme stagiaire. J’ai ensuite suivi mon propre chemin et cela fait 18 ans maintenant que j’ai mon propre bureau. Et puis, il y a l’agenceCroisements’ de François Bernard, lui aussi un ancien de Nelly Rodi… On reste en famille ! »  Un travail ensemble, qui va du choix d’une thématique à l’établissement d’une gamme et à la préconisation de matières, de formes,  « assez concrètes, de façon à ce que nos clients puissent les réinterpréter et les vendre (…) Cette saison, pour le salon Maison & Objet, nous avons décidé de travailler sur le thème du ‘simple’. Parce qu’on estime qu’après toute une période de surconsommation, de très décoratif , on va revenir à des choses plus simples. On va donc proposer des formes très pures, des matériaux très simples, un retour à l’essentiel ». Un retour à la nature, en quelque sorte ? « La nature a toujours été source d’inspiration pour les créateurs. Mais c’est vrai qu’en ce moment avec la conscience de l’écologie, de la sauvegarde de la planète,  tout le monde est demandeur d’un ‘plus’ sur les produits. Ce qui n’est pas si facile à mettre au point pour des industriels car il y a beaucoup de contraintes. Et là, sur le salon on va trouver beaucoup d’objets qui tournent autour de cette nature, avec des  matériaux ‘naturels’ –  bois, tissages,  peaux de bêtes – retravaillés par des designers qui apportent une écriture contemporaine ».

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Pour sa part, sur le salon, Elizabeth Leriche va décliner ce thème de la simplicité avec une présentation intitulée Farm life : « j’ai voulu travailler sur l’idée de la ‘ ferme’, le retour à la vie  à la campagne. C’est peut-être une utopie de citadins, mais j’ai voulu montrer cette simplicité du retour aux origines. Cela va se traduire avec des meubles en bois, en planches brutes ou de récupération, avec des formes très simples, des meubles utilitaires, fonctionnels ».  Sans oublier une référence aussi à l’enfance : « moi, la ferme, ça m’a toujours fait rêver », avoue-t-elle.

Elizabeth Leriche

"Un salon référent depuis plusieurs années avec sa spécificité et une offre internationale importante..."

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04/09/2008 par Danielle Birck

Permanence et renouvellement

L’écologie est  une tendance lourde, pas une mode. Certes, mais dans six mois – les salons se tiennent deux fois par an, en septembre et en janvier –  il faudra se renouveler,  trouver un nouvel éclairage. « il faut aussi que face à ces courants lourds on soit très réactifs, qu’on propose des ‘one shot’ c'est-à-dire un coup sur une thématique. Comme, par exemple, mettre en avant le bleu turquoise, un thème aquatique pour l’été et puis la saison suivante passer sur un thème africain ». Car comme l’Histoire, certains  thèmes ont tendance à se répéter, à être récurrents -  comme l’ailleurs, le voyage, l’exotisme – mais en se modifiant,  avec un nouveau regard.  « En fait, c’est cyclique. Si on prend l’exemple de la couleur, pendant des années on a eu la ‘ non couleur’, cet esprit un peu élégant, avec des coloris neutres, naturels, du noir et du blanc. Et puis, il y a eu une invasion de la couleur parce que les gens se sont lassés de cette rigueur…  Mais maintenant, même s’il y a des courants forts sociologiques, je dirais qu’il y a moins de diktats, je sens qu’il y a plus de liberté ».

Une liberté, un renouvellement, qu’Elizabeth Leriche trouve à l’écoute des jeunes designers : « Mon rôle c’est d’avoir un regard sur tout ce qui est émergent, d’aller chercher dans les écoles de jeunes créateurs qui demain seront des créateurs reconnus, de trouver des objets qui surprennent et annoncent ceux de demain… Je n’ai pas de revendication créatrice… je mets en scène, en lumière, des gens qui sont des  créateurs et apportent des choses nouvelles ».  

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Avec au départ une formation textile, Elizabeth Leriche travaille pour des lignes de linge de maison,  réalise des collections de textiles, de coussins. Avec là aussi un suivi qui va de l’élaboration de la tendance à ses applications concrètes, de la définition de la thématique à la recherche de la dessinatrice qui va l’illustrer, « on aide l’industriel jusqu’au produit finalisé  - une parure de lit, un peignoir, etc. » Elle travaille aussi dans le mobilier, pour des grandes sociétés qui fabriquent du meuble, dans la décoration intérieure pour des restaurants et est de plus en plus sollicitée par l’hôtellerie, « avec notre collaboration au salon Maison & Objet on a une vision du marché, et on peut se livrer à un exercice de style en assemblant tous ces objets, c’est très intéressant ». Sans oublier la scénographie, « un autre aspect du travail [qu’elle] aime beaucoup également » et qui consiste à mettre en scène des collections lors de journées presse où les journalistes font leur shopping pour des parutions dans les magazines.  

Mais comment tout cela a-t-il commencé ?  « J’ai su très jeune  ce que je voulais faire. A neuf ans j’ai dit ‘je veux être décoratrice’. Je ne savais pas exactement ce que cela voulait dire, mais j’ai eu la chance d’avoir une grand-mère qui vivait au Maroc et qui m’a beaucoup inspirée car elle aimait les belles choses. Elle avait le plus beau jardin de Rabat et faisait des bouquets de fleurs. C’est quelque chose que je porte toujours en moi et je la remercie car elle m’a donné le goût pour les belles choses ».

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portrait

Post mortem

© Masson

Gérald Reisberg, thanatopracteur

C’est une pratique très ancienne que celle qui consiste à effectuer des soins sur le corps après la mort pour le conserver. En France, la profession a été organisée et réglementée en 1994 avec une formation et un diplôme en thanatopraxie.   

27/10/2009 à 14:11 TU

Architecture

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

Luc Weizmann, ou la dimension spirituelle

Introduire une dimension culturelle et artistique dans des ouvrages a priori techniques comme un barrage ou une station d’épuration des eaux, c’est la conception de l’architecture que s’est forgée Luc Weizmann et qu’illustre sa dernière réalisation, le nouveau barrage sur le Couesnon, dans la baie du Mont-Saint-Michel. RFI l'a rencontré.  

12/10/2009 à 14:21 TU

Design

(Photo : Romain Sellier)

La cabane de pêcheur de Kristian Gavoille

Lieu de rendez-vous des touristes ou résidents à Saint-Tropez, le quai Jean Jaurès aligne ses terrasses. Comme celle du Girelier, établissement cinquantenaire qui vient de se refaire un look.C’est dans une cabane de pêcheur que l’architecte et designer Kristian Gavoille a puisé son inspiration pour redessiner le lieu…

04/08/2009 à 15:51 TU

Gastronomie

(Photo : Danielle Birck/ RFI)

François-Xavier Bogard, assiettes de couleur

Faire une cuisine « en symbiose avec le travail des jardins, en fonction du thème choisi chaque année par le Festival pour exprimer le paysage, l’art paysager contemporain », c’est le défi auquel est confronté depuis une dizaine d’années le chef du Grand Velum, le restaurant gastronomique du Festival international des Jardins de Chaumont-sur-Loire, dans le centre de la France

30/06/2009 à 16:08 TU

Botaniste urbain

Patrick Blanc(Photo : DR)

Patrick Blanc, inventeur des murs végétaux

En 1994, ce passionné de la végétation tropicale réalise son premier mur végétal pérenne au Domaine de Chaumont-sur-Loire, à l’occasion du Festival international des jardins. Quinze ans plus tard, il est de retour sur les lieux avec une œuvre inédite. Entre temps l’homme aux cheveux verts a fait fleurir ses murs à Paris et un peu partout dans le monde et poursuivi ses recherches sur l’adaptation des plantes tropicales en milieu urbain. RFI l’a rencontré à Chaumont-sur-Loire, au pied du mur…

30/06/2009 à 17:03 TU

Tandem

Bruno Domeau et Philippe Pérès.(Photo : Domeau et Pérès)

Domeau & Pérès, éditeurs de mobilier contemporain

En un peu plus de dix ans Bruno Domeau et Philippe Pérès ont fait de leur société un label synonyme de qualité et de confort. Le sellier et le tapissier ont uni leurs talents et mis au service de designers leurs compétences, leur savoir-faire, leur goût du « métier » et leur insatiable curiosité. Ils créent des pièces de mobilier contemporain, notamment des sièges destinés à l’habitat, mais aussi à l’aéronautique et l’automobile. Sans oublier le cinéma : c’est à Domeau & Pérès qu’on doit « l’interprétation » de trois sièges pour la reconstitution du décor de Mon Oncle, le film de Jacques Tati.

07/05/2009 à 16:30 TU

Politiquement correct

(Photo : Reuters)

Mon Oncle privé de sa pipe


Au nom de la loi "anti-tabac", un moulin à vent remplace la pipe de Jacques Tati / Mon Oncle sur les affiches du métro parisien…

22/04/2009 à 09:39 TU

Arts et métiers

(Photo : Caroline Lafargue/ RFI)

Christophe Le Tahitien, Compagnon menuisier

Directeur général de L’Atelier78, une entreprise de menuiserie d’art et d’agencement, Christophe Le Tahitien porte haut la couleur bleue de ses Compagnons menuisiers. Après 20 années de bonheur à l’établi, il a pris du galon et coordonne des chantiers de luxe à travers le monde, tout en transmettant les valeurs du compagnonnage : fraternité, équité et goût de l’effort pour le bien commun.

01/04/2009 à 14:09 TU

Gastronomie

Mathieu Viannay.(Photo : M. Davals)

Mathieu Viannay, ou comment faire évoluer la tradition

A 41 ans, le chef lyonnais (d’adoption) a repris le restaurant mythique de la Mère Brazier, créé en 1921 et qui a conservé pendant une trentaine d’années les trois étoiles acquises en 1933. Une véritable institution que Mathieu Viannay a entièrement rénovée et entend faire revivre entre tradition et modernité, en toute liberté mais avec rigueur.

Un pari réussi, puisque le guide Michelin vient de rendre à la Mère Brazier deux de ses trois étoiles...

09/03/2009 à 15:38 TU

Paris-Rome

(Photo : Pascal Gautrand)

Pascal Gautrand : pensionnaire «mode» de la Villa Médicis

Il est le premier « designer mode » à avoir été admis en résidence à la prestigieuse Villa Médicis, siège de l’Académie de France à Rome. Un séjour que Pascal Gautrand souhaite mettre à profit pour poursuivre la réflexion qu’il mène depuis une dizaine d’années sur le vêtement et le système de la mode. Une réflexion qu’il met en scène avec une exposition de chemises, présentée à Rome dans une galerie d’art contemporain du 1er au 20 février 2009.

02/02/2009 à 09:22 TU