par Danielle Birck
Article publié le 03/09/2008 Dernière mise à jour le 04/09/2008 à 10:50 TU
Le bureau de style d’Elizabeth Leriche est installé dans une ancienne boutique du VIIe arrondissement de Paris. En ces derniers jours d’été, la porte sur la rue est ouverte. Le seuil franchi, il faut zigzaguer entre les bijoux étalés sur le sol en prenant garde à ne pas faire tomber au passage les verres multicolores alignés au ras des tables bureaux. Un désordre organisé et une certaine fébrilité au diapason des activités mode et maison d’Elizabeth Leriche à quelques jours de l’ouverture des salons Maison & Objet et Eclat de Mode/Bijorhca. « Je trouve intéressant de travailler dans ces deux secteurs qui se nourrissent l’un l’autre, avec une interaction de plus en plus grande entre la mode et la maison », souligne Elisabeth Leriche, qui ajoute : « Je travaille beaucoup à l’instinct, avec mes sensations, mes émotions, j’ai envie de faire passer des choses que je ressens très fort ». Des sensations, des émotions qui se nourrissent des voyages et de « l’écoute de tout ce qui passe dans le monde, dans tous les domaines : l’art contemporain, la mode, la cuisine »…
Plutôt bien inspirée
Mais il ne s’agit pas seulement de ressentir, découvrir, recenser mais aussi d’innover, de faire de la prospective en proposant des tendances susceptibles de s’imposer. Ce qui est plus délicat, sinon risqué. « Effectivement, parfois on peut se tromper, mais en général, je suis plutôt bien inspirée… c’est vrai qu’on se projette dans les années à venir, en proposant des thématiques novatrices, ou tout simplement une couleur. Par exemple, pendant longtemps on a préconisé le vert, qui a mis longtemps à devenir une couleur commerciale. Il a donc fallu insister pendant quelques années, et maintenant c’est une couleur qui se vend très bien ». Alors, bien inspirée Elizabeth Leriche ? la preuve : « Il y a quelques saisons j’avais proposé un espace consacré au motif, intitulé ‘esprit’ et j’avais fait faire des stickers en adhésif pour décorer les murs parce que je n’en trouvais pas sur le marché. Et aujourd’hui, on a pléthore de stickers pour décorer ses murs » …
Pour en revenir aux couleurs - très importantes pour Elizabeth Leriche, dans quelque domaine que ce soit - pourquoi, effectivement, trouve-t-on tout à coup dans les magasins telle ou telle couleur ? Réponse : parce que les bureaux de style ont eu une concertation au cours du salon Première Vision, le salon mondial des tissus d’habillement. En ce qui concerne le salon Maison & Objet, trois bureaux de style y sont associés qui travaillent ensemble. Stimulant, mais pas forcément évident : « En fait, ça dépend beaucoup des personnalités. C’est vrai que nous avons des visions, des formations, des sensibilités différentes. Je ne vous cache pas que ces réunions, ces concertations sont parfois houleuses parce qu’on n’est pas toujours d’accord, mais en même temps c’est très dynamique et très motivant. Personnellement, je pense avoir suffisamment d’idées pour les partager. Et c’est cela qui est intéressant : mettre en partage les idées et aller de l’avant ».
Retour à la simplicité
Parmi les bureaux de style associés au salon Maison & Objet, il y a celui de Nelly Rodi, où Elizabeth Leriche a travaillé pendant plusieurs années. « C’est vrai que Nelly Rodi m’a tout appris. Je suis restée cinq ans chez elle où j’ai commencé comme stagiaire. J’ai ensuite suivi mon propre chemin et cela fait 18 ans maintenant que j’ai mon propre bureau. Et puis, il y a l’agence ‘Croisements’ de François Bernard, lui aussi un ancien de Nelly Rodi… On reste en famille ! » Un travail ensemble, qui va du choix d’une thématique à l’établissement d’une gamme et à la préconisation de matières, de formes, « assez concrètes, de façon à ce que nos clients puissent les réinterpréter et les vendre (…) Cette saison, pour le salon Maison & Objet, nous avons décidé de travailler sur le thème du ‘simple’. Parce qu’on estime qu’après toute une période de surconsommation, de très décoratif , on va revenir à des choses plus simples. On va donc proposer des formes très pures, des matériaux très simples, un retour à l’essentiel ». Un retour à la nature, en quelque sorte ? « La nature a toujours été source d’inspiration pour les créateurs. Mais c’est vrai qu’en ce moment avec la conscience de l’écologie, de la sauvegarde de la planète, tout le monde est demandeur d’un ‘plus’ sur les produits. Ce qui n’est pas si facile à mettre au point pour des industriels car il y a beaucoup de contraintes. Et là, sur le salon on va trouver beaucoup d’objets qui tournent autour de cette nature, avec des matériaux ‘naturels’ – bois, tissages, peaux de bêtes – retravaillés par des designers qui apportent une écriture contemporaine ».
Pour sa part, sur le salon, Elizabeth Leriche va décliner ce thème de la simplicité avec une présentation intitulée Farm life : « j’ai voulu travailler sur l’idée de la ‘ ferme’, le retour à la vie à la campagne. C’est peut-être une utopie de citadins, mais j’ai voulu montrer cette simplicité du retour aux origines. Cela va se traduire avec des meubles en bois, en planches brutes ou de récupération, avec des formes très simples, des meubles utilitaires, fonctionnels ». Sans oublier une référence aussi à l’enfance : « moi, la ferme, ça m’a toujours fait rêver », avoue-t-elle.
"Un salon référent depuis plusieurs années avec sa spécificité et une offre internationale importante..."
Permanence et renouvellement
L’écologie est une tendance lourde, pas une mode. Certes, mais dans six mois – les salons se tiennent deux fois par an, en septembre et en janvier – il faudra se renouveler, trouver un nouvel éclairage. « il faut aussi que face à ces courants lourds on soit très réactifs, qu’on propose des ‘one shot’ c'est-à-dire un coup sur une thématique. Comme, par exemple, mettre en avant le bleu turquoise, un thème aquatique pour l’été et puis la saison suivante passer sur un thème africain ». Car comme l’Histoire, certains thèmes ont tendance à se répéter, à être récurrents - comme l’ailleurs, le voyage, l’exotisme – mais en se modifiant, avec un nouveau regard. « En fait, c’est cyclique. Si on prend l’exemple de la couleur, pendant des années on a eu la ‘ non couleur’, cet esprit un peu élégant, avec des coloris neutres, naturels, du noir et du blanc. Et puis, il y a eu une invasion de la couleur parce que les gens se sont lassés de cette rigueur… Mais maintenant, même s’il y a des courants forts sociologiques, je dirais qu’il y a moins de diktats, je sens qu’il y a plus de liberté ».
Une liberté, un renouvellement, qu’Elizabeth Leriche trouve à l’écoute des jeunes designers : « Mon rôle c’est d’avoir un regard sur tout ce qui est émergent, d’aller chercher dans les écoles de jeunes créateurs qui demain seront des créateurs reconnus, de trouver des objets qui surprennent et annoncent ceux de demain… Je n’ai pas de revendication créatrice… je mets en scène, en lumière, des gens qui sont des créateurs et apportent des choses nouvelles ».
Avec au départ une formation textile, Elizabeth Leriche travaille pour des lignes de linge de maison, réalise des collections de textiles, de coussins. Avec là aussi un suivi qui va de l’élaboration de la tendance à ses applications concrètes, de la définition de la thématique à la recherche de la dessinatrice qui va l’illustrer, « on aide l’industriel jusqu’au produit finalisé - une parure de lit, un peignoir, etc. » Elle travaille aussi dans le mobilier, pour des grandes sociétés qui fabriquent du meuble, dans la décoration intérieure pour des restaurants et est de plus en plus sollicitée par l’hôtellerie, « avec notre collaboration au salon Maison & Objet on a une vision du marché, et on peut se livrer à un exercice de style en assemblant tous ces objets, c’est très intéressant ». Sans oublier la scénographie, « un autre aspect du travail [qu’elle] aime beaucoup également » et qui consiste à mettre en scène des collections lors de journées presse où les journalistes font leur shopping pour des parutions dans les magazines.
Mais comment tout cela a-t-il commencé ? « J’ai su très jeune ce que je voulais faire. A neuf ans j’ai dit ‘je veux être décoratrice’. Je ne savais pas exactement ce que cela voulait dire, mais j’ai eu la chance d’avoir une grand-mère qui vivait au Maroc et qui m’a beaucoup inspirée car elle aimait les belles choses. Elle avait le plus beau jardin de Rabat et faisait des bouquets de fleurs. C’est quelque chose que je porte toujours en moi et je la remercie car elle m’a donné le goût pour les belles choses ».
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A 41 ans, le chef lyonnais (d’adoption) a repris le restaurant mythique de la Mère Brazier, créé en 1921 et qui a conservé pendant une trentaine d’années les trois étoiles acquises en 1933. Une véritable institution que Mathieu Viannay a entièrement rénovée et entend faire revivre entre tradition et modernité, en toute liberté mais avec rigueur.
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