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Chronique des matières premières

Les ambitions énergétiques du Brésil

Dominique Baillard(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

« Le Brésil sera la plus grande puissance énergétique du monde ». Cette prophétie du président Lula dans l’interview qu’il a accordée au journal Le Monde (à l’occasion de la visite du président français Jacques Chirac) peut sembler bien présomptueuse. Cette puissance agricole qui nourrit la planète avec sa viande, son sucre ou son café est pour le moment quasi-inexistante sur le marché mondial des énergies fossiles. Le pays est autosuffisant en pétrole depuis la mi-avril seulement. Avec une production qui approchera les deux millions de barils par jour en moyenne cette année, le Brésil va dégager ses premiers excédents dans les échanges pétroliers. Evo Morales, le président de la Bolivie, en annonçant la nationalisation des hydrocarbures, a rappelé aux Brésiliens leur fragilité sur le plan énergétique car pour le moment la moitié de leurs besoins en gaz dépendent des importations en provenance du voisin bolivien.

Pour rivaliser avec l’Arabie Saoudite, ou le Venezuela, le pays ne compte donc pas sur la richesse de son sous-sol mais surtout sur le développement de l’éthanol, le biocarburant à base de canne à sucre. Les producteurs locaux desservent les stations-service du pays et les exportateurs, et ils fournissent aussi de l’électricité aux villages où ils sont implantés. Ses terres sans fin qui donnent un avantage décisif au Brésil sur les marchés agricoles lui ont déjà permis de se hisser à la première place des pays exportateurs d’éthanol. « C’est sa carte majeure pour accéder à ce statut de super puissance énergétique estime le courtier en sucre Denis Goncalves. Les surfaces plantées en canne peuvent aisément doubler », précise-t-il. L’éthanol est d’ailleurs devenu un instrument de premier plan dans la diplomatie de Lula. Le pays est prêt à livrer du biocarburant mais aussi à transmettre son savoir-faire en la matière. Après tout, l’élargissement de ce marché n’est-il pas la meilleure garantie de sa longévité ?

Un accord en ce sens a été passé avec le Japon, grand importateur de pétrole, mais aussi avec le Nigeria, pays producteur de pétrole. Mais attention, si l’éthanol brésilien est aujourd’hui le plus compétitif, la concurrence n’est pas en reste. La Chine a récemment livré de l’éthanol dans les Caraïbes pour pallier une insuffisance du Brésil qui a du mal à répondre à la demande interne. Et l’année prochaine, l’Inde, qui attend une récolte de canne pléthorique, pourrait grignoter les positions du producteur historique d’éthanol. Mais le véritable talon d’Achille du Brésil en matière de biocarburant réside surtout dans son manque de financement. La plupart des fabriques d’éthanol appartiennent à des familles ou des groupes qui n’ont pas les moyens de financer leur développement. Sans capitaux étrangers, de la part des banques ou des groupes énergétiques, le pays aura du mal à réaliser ses ambitions.



par Dominique  Baillard

[25/05/2006]

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