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Chronique des matières premières

Le riz, une future denrée de luxe ?

Dominique Baillard 

		(Photo : RFI)
Dominique Baillard
(Photo : RFI)

Comme chaque année à cette période, producteurs de riz et négociants scrutent les cieux avec attention : la mousson, qui a commencé avec quelques jours d'avance en Inde joue toujours un rôle déterminant dans cette culture dominée par l'Asie. C'est, à première vue, la seule inconnue capable de perturber l'optimisme des intervenants du marché réunis en ce moment à Marseille pour leur rendez-vous annuel. Les prix, la production, la demande : tous les indicateurs sont au beau fixe. Après une récolte particulièrement abondante en 2005, on s'attend aujourd'hui à une croissance plus modeste, mais toutefois suffisante pour satisfaire l'offre.

Ce qui n'est pas rien après trois ans de déséquilibre. Cette année confirme l'essor de ce commerce en expansion depuis 15 ans. Depuis 1990, le volume disponible sur le marché mondial a triplé, passant de 11 à 30 millions de tonnes, destinées en grande partie au continent africain et aux pays asiatiques. Hormis l'Iran qui a créé la surprise cette année en achetant des quantités massives de riz, on s'attend à des achats du Brésil dont la production est en baisse et surtout de l'Indonésie qui pourrait procéder à des appels d'offres conséquents dans les semaines qui viennent pour calmer son marché intérieur. Quant aux prix, ils sont repartis à la hausse après le plus bas enregistré en 2002. Une tendance qui a encore de belles années devant elle pour la plupart des acteurs.

A moins que la cherté de la céréale ne décourage les consommateurs. C'est la crainte exprimée par le négociant Conrad Creffield, de Novel Commodities. Les Malgaches, fait-il remarquer, ont moins consommé de riz il y a deux ans quand leur revenu s'est creusé. Cela pourrait bien se reproduire sur l'ensemble du continent africain, où la hausse du pétrole rogne sérieusement le pouvoir d'achat des ménages. La croissance de la population mondiale couplée à la diminution des surfaces plantées, la rareté de l'eau, cruciale pour cette culture d'irrigation ou encore la hausse des coûts de production sont les autres sources d'inquiétudes pour l'avenir. Mais surtout ce qui fait enrager le négociant, c'est l'attitude d'un gros pays exportateur, en l'occurrence la Thaïlande : pour soutenir les riziculteurs le gouvernement leur achète massivement leur production, les stocks actuels de l'ordre de 5 millions de tonnes faisant monter les cours sur le marché mondial. Une politique dont le consommateur du sud paie, in fine la facture.


par Dominique  Baillard

[21/06/2006]

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